Le Turkménistan dit adieu à sa dernière messagerie instantanée
IMO

L’arrêt de la messagerie instantanée IMO, une coupure totale avec le monde extérieur

Les habitants du Turkménistan se retrouvent désormais sans aucun service de messagerie instantanée après que l’application IMO est devenue inaccessible dans le pays. Toutes les autres messageries et réseaux sociaux avaient déjà été bloqués par le gouvernement autoritaire d’Ashgabat, isolant ainsi les citoyens du reste du monde. Des applications populaires telles que WhatsApp, Viber, Facebook, Twitter et YouTube sont inaccessibles depuis longtemps dans le pays. Même les médias indépendants en ligne et les médias étrangers consacrés au Turkménistan ne peuvent être consultés sans l’utilisation d’un VPN (l’installation de ce dernier étant éminemment compliquée).

Ce n’est pas la première fois que les autorités turkmènes s’en prennent à l’application IMO. De telles tentatives avaient été régulièrement entreprises depuis 2018 : tantôt c’étaient les appels qui ne fonctionnaient pas, tantôt l’envoi de photos et de messages audio… mais à chaque fois, après un certain temps, l’application revenait à fonctionner. Désormais, son inaccessibilité dans le pays semble être définitive.

Le Turkménistan est souvent cité par les experts internationaux comme le pays ayant les connexions Internet les plus lentes du monde. Selon un rapport de la société britannique Cable.co.uk, le Turkménistan avait débit moyen de 0,50 Mb/s en 2021, le plaçant au dernier rang parmi 224 pays et territoires analysés. Cette lenteur rend la navigation sur les sites web quasiment impossible.

Le Turkménistan souhaite arrêter le flux vers l’étranger d’informations négatives sur le pays

En 2022, le président de l’époque, Gurbanguly Berdymukhamedov, a ordonné au ministère de la sécurité nationale du pays d’introduire des contrôles supplémentaires sur Internet, déjà étroitement contrôlé. S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’État, M. Berdymukhamedov s’est plaint qu’« en 2021, le contrôle d’Internet n’a pas été correctement exercé ».

Les autorités turkmènes savent que certaines personnes accèdent aux réseaux sociaux par l’intermédiaire de VPN. En juin, la police a convoqué plusieurs blogueurs et influenceurs locaux bien connus et les a avertis de ne publier dorénavant que des contenus présentant le Turkménistan sous un jour positif. Les responsables de la police ont déclaré que critiquer le gouvernement sur les réseaux sociaux pouvait conduire à l’emprisonnement.

Au Turkménistan, les médias d’État promeuvent le récit gouvernemental d’une nation « heureuse et prospère », en ne publiant que des photos mises en scène et des événements et défilés organisés par l’État. Les médias et les fonctionnaires ne mentionnent pas la grave crise économique, la pauvreté et le chômage qui frappent ce pays riche en gaz.

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