Kazakhstan : les allocations sont actuellement réservées aux ménages très, très pauvres
Un décret présidentiel qui entre en vigueur ce 1er juillet 2023 au Kazakhstan fait évoluer la définition du seuil de pauvreté (utilisée notamment pour l’attribution d’allocations sociales ciblées) à compter du 1er janvier 2025. Pour commencer, expliquons qu’actuellement, sont considérés comme pauvres les familles dont le revenu par personne est inférieur à 70% du « minimum vital ». Ce dernier désigne un montant (qui est différent du salaire minimum) censé correspondre à la somme des dépenses contraintes d’un ménage type sur un mois. Il est révisé tous les trimestres pour tenir compte des prix à la consommation. En plus, il varie selon la région. Par exemple, au moment de l’écriture de cet article, il va de 44.766 tenge (91,10 euros) dans la région de Kyzylorda à 55.465 tenge (113 euros) à Astana. Les Kazakhs ont donc droit à des allocations si leur revenu mensuel est inférieur à 31.336 tenge (63,70 euros) dans la région de Kyzylorda et à 38.825 tenge (79 euros) à Astana.
Précisons par ailleurs que le « minimum vital » a toujours été très inférieur aux salaires réels. Pour s’en rendre compte, il suffit de dire que le salaire minimum au Kazakhstan est fixé à 70.000 tenge (142,50 euros) depuis le 1er janvier 2023, et qu’au quatrième trimestre 2022, le salaire médian était de 204.168 tenge (415,50 euros). Autant dire qu’avec l’actuelle définition du seuil de pauvreté, il faut vraiment être très, très pauvre pour bénéficier d’allocations au Kazakhstan.
Avec cette réforme, le nombre de bénéficiaires d’allocations doublera
À compter du 1er juillet 2025, aux fins de détermination de l’éligibilité aux allocations, le Kazakhstan cesse de prendre en compte la pauvreté absolue et bouscule vers la prise en compte de la pauvreté relative, comme cela se fait dans la majorité des pays développés. (Sont considérés comme pauvres les personnes dont le revenu ne dépasse pas 40% du revenu médian aux États-Unis, 50% au Canada et 60% en Suède, en Norvège, au Danemark, en Autriche, en Allemagne et en France). Le gouvernement kazakh calculera donc tous les trimestres le revenu médian. Ensuite, toutes les personnes gagnant moins de 50% du revenu médian seront considérées comme pauvres et bénéficieront d’allocations. Si cette méthode de calcul était appliquée aujourd’hui, toutes les personnes gagnant moins de 102.000 tenge par mois (208 euros) auraient donc droit à des allocations.
Pour se rendre compte du caractère révolutionnaire de cette réforme, un simple calcul suffit : il se trouve que le nombre de bénéficiaires d’allocations sera multiplié par 1,83 à Astana et par 2,2 dans la région de Kyzylorda, la plus pauvre du Kazakhstan.
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