Au 1er juillet 2025, ce sont 5,9 milliards de tenges (environ 11 millions d’euros) d’actifs mal acquis cachés à l’étranger qui ont pu être restitués au Kazakhstan et alloués à la construction de 51 infrastructures médicales dans la région de Karaganda. L’enjeu ? Transformer, à partir d’avoirs mal acquis, l’accès aux soins dans les zones isolées.
De nouveaux établissements de santé dans des « déserts médicaux »
Le gouvernement du Kazakhstan a affecté 5,9 milliards de tenges à la construction de 51 établissements médicaux dans sept districts (Shet, Aktogay, Abay, Boukhar-Zhyraou, Karkaraly, Nura, Osakarov). Une décision confirmée par le site officiel du Premier ministre, qui souligne que ces actifs sont versés dans un fonds spécial combiné au budget républicain. Une démarche stratégique, visant à financer efficacement la construction de postes de soins essentiels : cabinets, centres d’accouchement et postes de secours urbains, pour renforcer le diagnostic précoce et l’action en cas d’urgence.
En bénéficieront des zones marginalisées, éloignées des grands centres hospitaliers : Arnasai (region d’Akmola) et les villages d’Altyndy, Zhanayessil etShalkar, où quatre centres médicaux ont d’ores et déjà été inaugurés, marquant l’aboutissement concret de ce programme. Ce choix témoigne d’une volonté de garantir l’accès aux soins là où l’offre était quasiment inexistante.
La restitution d’actifs mal acquis, une procédure bien établie dans le droit international
Cette restitution d’actifs mal acquis (et, au Kazakhstan, lorsqu’on parle de restitution d’actifs mal acquis, on parle surtout de ceux de l’ancien président Noursoultan Nazarbaïev et de sa famille) s’inscrit dans le Chapitre V de la Convention des Nations unies contre la corruption (UNCAC), que le Kazakhstan a ratifiée. Ce cadre impose la collaboration judiciaire internationale pour geler, confisquer et restituer les produits de la corruption. L’UNCAC prévoit des outils comme les Asset Recovery Offices (AROs), les saisies sans condamnation préalable et les réseaux tels que CARIN, malgré des limites liées à la disparité des systèmes juridiques et politiques en jeu.
Au Kazakhstan, c’est la Commission de recouvrement des actifs, rattachée au bureau du procureur général, qui pilote ces opérations. Cette structure est accompagnée par des mesures de lutte AML/CFT (anti-blanchiment d’argent, financement du terrorisme), un cadre législatif renforcé (stratégies 2015‑2025, évaluations FATF) et des coopérations étrangères (UNODC, formation des enquêteurs).
Cette stratégie de saisie-restitution ne se limite pas à Karaganda. À Jambyl, des fonds saisis pour corruption d’oligarques servent à construire de cliniques de consultation rurales. En février 2025, 2,6 milliards de tenges (soit environ 5 millions de dollars) ont été alloués à un centre médico-social dans la région d’Abay. Au total, 406 projets sociaux (162 médicaux, 159 d’eau potable, 9 éducatifs, 3 sportifs) sont en cours de construction ou de mise en oeuvre, financés exclusivement par des actifs restitués.