Malgré les tensions internationales nombreuses, la santé financière du Kazakhstan reste très honorable. Certes, le pays a encore des défis à relever mais dans l’ensemble, sous l’impulsion du Président Kassym-Jomart Tokaïev, son avenir économique et financier s’éclaircit progressivement.
Le 17 mai 2024, l’agence de notation américaine Fitch Ratings a confirmé la note de défaut de l’émetteur (IDR – Issuer Default Ratings) à long terme du Kazakhstan en devises étrangères à « BBB » avec une perspective de notation stable. Cette bonne nouvelle confirme le statut de locomotive du pays en Asie centrale.
Les atouts du pays sont notamment :
Des réserves importantes à date. Les réserves internationales officielles du pays ont augmenté de 1,6 milliard de dollars (USD) au cours de l’année qui s’est achevée fin mars. Elles sont aujourd’hui de 37,8 milliards USD. Les actifs en devises étrangères du Fonds national pour la République du Kazakhstan (NFRK) ont progressé de 2,3 milliards USD pour atteindre 60,7 milliards USD (correspondant à 36% du PIB en valeur). S’agissant de la position souveraine nette en actifs étrangers du Kazakhstan, elle est la troisième plus élevée dans la catégorie « BBB » (correspondant à 30% du PIB en valeur). Enfin, le ratio de liquidité extérieure, qui est à 187%, se compare favorablement à la médiane du groupe de pairs, qui est de 128 %. Selon Fitch, les réserves devraient se renforcer encore à l’avenir. Cette bonne perspective s’entend par une augmentation de la production du pétrole.
Une dette relativement faible. Fitch envisage une augmentation modérée de l’émission de la dette publiqueen 2024. Toutefois, la grande majorité continuera d’être financée au niveau national, notamment grâce à une participation plus active des fonds de pension. Cette capacité du secteur bancaire du Kazakhstan à absorber la dette publique traduit l’abondance des liquidités. Celle-ci s’explique par une forte croissance des dépôts et une demande de prêts relativement faible. Elle est aussi le résultat des bénéfices records enregistrés par les banques. L’agence de notation envisage que la dette publique progressera, passant de 2,4 % à la fin de 2023 à 23,4% du PIB à la fin de 2025. Cette augmentation est en dessous de la médiane « BBB » de 56,9 %. Le ratio intérêts/recettes du pays, à 7,2 %, est davantage conforme à la médiane du groupe de référence (de 8,4 %).
Un risque géopolitique modéré. Les relations du Kazakhstan avec la Russie se sont améliorées même si Astana continue de marquer sa différence avec Moscou, au profit de son autonomie et de sa souveraineté. Aussi, Fitch avance qu’il ne devrait pas y avoir d’interruptions importantes des flux de l’oléoduc pour des raisons politiques. Suivant cette même logique, Fitch anticipe que le Kazakhstan présente un risque relativement faible de sanctions occidentales, compte tenu de la mise en œuvre de sanctions dans le secteur bancaire et de la coopération générale sur les mesures de réexportation, malgré ses liens avec la Russie. Sur le plan de la situation intérieure, le Président Kassym-Jomart Tokaïev a consolidé son pouvoir après les troubles publics de 2022. Son travail et sa détermination rencontrent l’adhésion de la population.
Les défis à relever du Kazakhstan incluent :
Une dépendance au pétrole. Le pays devrait demeurer dépendant de ses ressources pétrolières. Elles représentent 53% de ses exportations et comptent pour presque un tiers de ses recettes fiscales. Aujourd’hui, près de 80% du pétrole brut du Kazakhstan est exporté via la Russie par l’intermédiaire du Caspian Pipeline Consortium (CPC). Ceci constitue de facto un risque géopolitique à considérer. Par ailleurs, la concentration des exportations via le CPC devrait continuer à être élevée à moyen terme, en raison de ses avantages en termes de coûts. Astana tente une diversification des itinéraires, notamment vers Bakou (Azerbaïdjan) via la mer Caspienne. En 2023, cet essai a représenté 1,1 mt (soit 2% des volumes du CPC) alors que le début des exportations vers l’Allemagne hors CPC (mais toujours par la Russie) a représenté 1 mt.
En conclusion, les IDR « BBB » du Kazakhstan reflètent des bilans extérieurs et budgétaires souverains solides et une flexibilité de financements soutenue par les recettes pétrolières. En contrepartie, le Kazakhstan demeure dépendant de ses matières premières et son économie doit se diversifier davantage. Le pays présente un risque de concentration des exportations. Son inflation élevée est à surveiller. Cette situation s’entend en partie par un cadre de politique macroéconomique moins développé que celui de ses pairs « BBB » ainsi que des indicateurs de gouvernance à améliorer.