« En tant que Nation progressiste, nous ne devons nous tourner que vers l’avenir » interview du chef d’État kazakhstanais Kassym-Jomart Tokaïev
État

Egemen Qazaqstan a publié une grande interview du chef de l’État Kassym-Jomart Tokaïev. Elle revient sur des questions liées à la politique intérieure et étrangère du pays, à son développement socio-économique, aux événements tragiques de janvier, aux violences domestiques, au projet de construction d’une centrale nucléaire ainsi que sur d’autres sujets majeurs.

Monsieur le Président, je tiens à vous remercier d’avoir pris le temps, malgré votre emploi du temps chargé, d’accorder une interview au journal Egemen Qazaqstan. La presse kazakhe était dans l’attente de vous entendre sur certains sujets d’intérêt public. C’est pourquoi, j’aimerais profiter de cette occasion pour avoir une conversation franche avec vous.

– Tout d’abord, quels sont vos principaux souvenirs de l’année écoulée ?

Je profite de ce moment qui m’ait donné pour présenter une nouvelle fois mes meilleurs vœux à tous nos compatriotes à l’occasion de la nouvelle année !

L’année 2023 a été riche en événements importants pour notre pays. Des réformes politiques majeures ont été réalisées. La Cour constitutionnelle a commencé ses travaux. Les élections des députés du Mazhilis (chambre basse du Parlement) et des maslikhats de tous niveaux ont été organisées, selon de nouvelles règles. Pour la première fois, des élections des akims des districts et des villes d’importance régionale ont été organisées. Les élections des chefs de villages et de villes d’importance régionale ont suivi, ce qui a permis d’élire environ 700 akims ruraux l’an passé.

S’agissant des grands défis à relever dans la sphère sociale, ils ont été traités de manière déterminée et continue. La construction d’écoles, dont des « écoles confortables », a commencé dans tout le pays, et des installations médicales sont également en cours de construction dans les villages. Le Code Social, qui vise à apporter une protection aux citoyens vulnérables, a été introduit. Une rémunération spéciale a été approuvée pour les personnes employées dans des conditions de travail précaires. Une prime supplémentaire a été validée au profit des agents de la protection de l’environnement en cas de risques pour leur vie et leur santé. Les salaires du personnel médical, des enseignants des écoles, des collèges et des jardins d’enfants ont aussi été augmentés. Une loi réglementant les contributions au Fonds national pour les enfants a été adoptée. Une nouvelle méthodologie pour déterminer le salaire minimum a été adoptée. Elle prend en compte des indicateurs économiques clés, y compris le taux d’inflation.

Tous ces travaux se poursuivront et seront même amplifiés en 2024. Nous continuerons d’agir de manière méticuleuse et systématique, en progressant régulièrement vers les objectifs fixés. Cette année est particulièrement importante car elle jette les bases du prochain cycle quinquennal de développement du pays.

– Quelles sont vos attentes pour cette nouvelle année ? Quelles sont les principales tâches qui attendent le pays ?

Dans mon discours de septembre 2023, j’ai fixé comme but la transition vers un nouveau modèle économique. L’objectif est de doubler le PIB d’ici 2029. Une réunion élargie du gouvernement se tiendra bientôt à cet effet.  A cette occasion, nous dresserons le bilan du développement socio-économique et déterminerons la tactique à adopter pour poursuivre les actions dans cette direction.

Les « Kurultai » (rencontres à l’échelle nationale) sont devenues une plateforme utile pour discuter des sujets relevant de la sphère idéologique, de la formation d’une nouvelle qualité de la nation et du renouvellement du système de valeurs de la société. Traditionnellement, ces réunions se tenaient en été, mais cette année, il est probable qu’elles se tiendront au printemps.

C’est pourquoi, l’agenda principal du pays pour les sphères économiques, sociopolitiques et humanitaires sera établi au cours du premier trimestre 2024.

En plus des nombreux événements importants prévus, au quotidien, il y aura encore plus de travail à mener à bien. Ce sont les efforts de tous les citoyens qui détermineront la manière dont cette année restera dans l’histoire du pays. Dans mon discours du Nouvel An, j’ai dit que l’année prochaine, nous assisterons à un nouvel essor de notre Nation, mais que nous devrons tous travailler dur pour atteindre cet objectif.

– Deux ans exactement se sont écoulés depuis les événements tragiques de janvier. Ils ont marqué un tournant, ouvrant une nouvelle ère dans l’histoire du Kazakhstan. Dans vos discours et vos interviews, vous avez déjà évoqué cette séquence tragique. Cependant, des questions subsistent. Il existe différentes interprétations. Comment caractérisez-vous ces événements aujourd’hui, deux ans plus tard ? Quelles en sont, selon vous, les principales causes et les conditions préalables ?

J’ai beaucoup réfléchi à ces questions et je continue encore à le faire. À mon avis, les événements tragiques de janvier ont été causés par des années d’accumulation de problèmes socio-économiques non résolus et par la stagnation générale. Cette situation a mené à un affaiblissement des autorités et de la société. Cela était visible, comme on dit, à l’œil nu.

Après mon élection à la présidence en 2019, un cap a été fixé pour la démocratisation du système politique, la libéralisation de la vie publique et la démonopolisation de l’économie. Des membres variés de la société civile ainsi que des experts ont participé activement à l’élaboration et à la mise en œuvre des réformes. De nombreuses initiatives ont été élaborées dans le cadre de diverses plateformes de dialogue, y compris lors des réunions du Conseil national de la confiance publique, que j’ai spécialement créé.

Pour être franc, cette nouvelle orientation a suscité un rejet brutal de la part d’individus influents. Ces changements ont été perçus comme une menace pour leur statut. Ces progrès venaient remettre en cause un ordre établi dont ils tiraient des privilèges. Aussi, progressivement, leur résistance aux réformes s’est accrue, de manière secrète et souvent de manière ouverte. Finalement, ces individus ont décidé de prendre des mesures extrêmes pour inverser les changements et rétablir l’ordre antérieur.

Ce groupe de hauts fonctionnaires, disposant d’une forte influence auprès des forces de sécurité ainsi que sur la criminalité organisée, a opté pour une prise de pouvoir par la violence. Selon le travail d’enquête, les préparatifs ont commencé vers le milieu de l’année 2021. Par la suite, le gouvernement a pris la décision imprudente et illégale d’augmenter fortement le prix du gaz liquéfié, ce qui a provoqué des manifestations dans la région de Mangistau, à l’instigation de provocateurs.

Suivant mes instructions, le gouvernement a formé une commission spéciale qui s’est rendue dans la région pour y rencontrer les représentants du public et parvenir à un compromis. Cependant, les manifestations ont pris une tournure extrémiste que les conspirateurs ont exploitée.

L’enquête du bureau du procureur général a révélé que les événements de janvier se sont déroulés en plusieurs vagues. D’abord, des rassemblements ont eu lieu dans la région de Mangistau, avant de s’étendre à d’autres régions. Malgré les efforts des autorités centrales et des akimats, la situation dans le pays s’est dégradée. Les négociations et les efforts en faveur du dialogue visant à trouver des solutions de compromis n’ont pas été soutenus par les organisateurs des troubles.

Puis, les premiers affrontements ont commencé dans de nombreuses régions du pays. Cet embrasement est passé sous le contrôle des conspirateurs qui, par l’intermédiaire de personnes spécialement formées, ont encouragé l’escalade de la violence par tous les moyens possibles. Mais, même dans ce contexte très délicat, les forces de l’ordre sont parvenues à ne pas recourir à la force. C’était la deuxième vague.

La troisième vague a débuté lorsque des bandes criminelles, dont les chefs étaient contrôlés par les conspirateurs et avaient des contacts avec des terroristes, y compris venant de l’étranger, ont été impliquées. À l’aide de méthodes spéciales, des provocateurs et des bandits ont transformé des manifestations pacifiques en émeutes de masse, accompagnées de violences à grande échelle, de pogroms, d’incendies criminels et de destructions de biens. Au milieu du chaos, des bandits armés et des terroristes, obéissant à un même commandement, ont attaqué simultanément les bâtiments des autorités, les forces de l’ordre, les armureries, les arsenaux des forces de l’ordre et les unités militaires. Cela s’est produit non seulement à Almaty, mais aussi dans un certain nombre de centres régionaux. Permettez-moi de vous rappeler que lors des événements de janvier, plus de trois mille armes ont été volées dont des fusils automatiques, des mitrailleuses et même des lance-grenades. En outre, des infrastructures de transport et des installations de télécommunications ont été attaquées. Il est absolument crucial de noter que les bandits et les terroristes ont agi de manière organisée et en étroite coordination.

Des extrémistes, des criminels ainsi que des radicaux religieux ont collaboré dans cette tentative de coup d’État. Leur objectif était de semer la peur parmi les citoyens, de désorganiser les institutions de l’État, de saper l’ordre constitutionnel et, finalement, de s’emparer du pouvoir.

La situation était alors extrêmement fragile et tendue – le pays était sur le point de sombrer dans le chaos. Pour éviter cela, j’ai personnellement contrôlé toutes les mesures, heure par heure et 24 heures sur 24. Le ministère de l’Intérieur a reçu des informations concernant la préparation de diverses attaques sur Akorda, y compris des attaques de camions. On m’a alors conseillé à plusieurs reprises de quitter la résidence, voire d’évacuer à l’étranger, mais j’ai toujours refusé cela. Dans l’une de mes interventions télévisées, j’ai déclaré que je resterai sur mon lieu de travail en toutes circonstances. Pendant deux semaines, je suis resté à la résidence officielle d’Akorda. Les réunions opérationnelles se tenaient aussi bien tard le soir que tôt le matin. À cette époque, la tâche la plus importante était de préserver notre État, de rétablir l’État de droit et l’ordre dans le pays.

– Dans quelle mesure la décision d’inviter des militaires russes au Kazakhstan était-elle justifiée ? Dans le pays, on discute beaucoup du rôle qu’ils ont joué pour sauver des vies lors des troubles qui ont secoué le Kazakhstan.

Face au chaos et à l’impuissance de fait dans les régions, le Conseil de sécurité a décidé de faire appel à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) pour l’envoi d’un contingent de maintien de la paix dans notre pays, cela, pendant la période nécessaire et pour assurer la stabilité et la sécurité. J’insiste : l’appel n’a pas été lancé à la Russie, mais à l’OTSC, dont le Kazakhstan est membre.

Au moment de l’appel, l’Arménie présidait l’Organisation, et cette année, le Kazakhstan en assure la présidence. Le contingent de l’OTSC a servi de force de maintien de la paix et a joué un rôle dissuasif dans la tourmente des événements de ces jours tragiques. En accord avec les pays participants, le contingent de l’Organisation a quitté notre pays sans aucune condition préalable et, qui plus est, avant la date prévue.

Les forces de l’OTSC n’ont pas participé à l’opération antiterroriste et n’ont pas tiré un seul coup de feu. Le contingent arménien a été affecté à la garde de la station d’épuration et de la boulangerie municipales d’Aksai, tandis que le contingent biélorusse était chargé de sécuriser l’aérodrome de Zhetygen. Les contingents tadjik et kirghize ont été chargés de surveiller respectivement les centrales nucléaires 1 et 2 à Almaty, et le contingent russe a été chargé de surveiller la centrale nucléaire 3 ainsi que les installations de télécommunications. En raison des menaces d’attaques terroristes sur ces lieux critiques, le contingent a été stratégiquement déployé sur ces sites. Mais surtout, cela a permis de libérer nos propres forces pour mener à bien l’opération antiterroriste.

– Il s’agit donc d’une tentative de coup d’État qui a échoué. Que répondez-vous à ceux qui prétendent qu’il s’agissait d’un soulèvement populaire et presque d’une révolution ?

Le monde entier a été témoin de ces événements tragiques au cours desquels des manifestations pacifiques se sont transformées en émeutes de masse et en pogroms. Les gens viennent-ils à des manifestations pacifiques armés de mitraillettes, de pistolets et d’armes blanches ? Frappent-ils et tuent-ils des soldats, les maltraitent-ils et les utilisent-ils comme boucliers humains lors d’attaques contre des bâtiments administratifs ? Les manifestations pacifiques débouchent-elles sur le pillage de magasins, de banques et sur l’incendie de voitures ? Sans parler des attaques contre les bâtiments gouvernementaux et les postes de police. Le montant total des dommages causés par ces violences inadmissibles est de l’ordre de trois milliards de dollars.

Les spéculations ne doivent pas obscurcir notre compréhension des causes et des conséquences des événements de janvier. Je le dis sans détour : les positions en faveur d’un prétendu soulèvement populaire contribuent à justifier et à blanchir des actes criminels. Ces propos irresponsables, voire provocateurs, conduisent à la glorification de véritables bandits et à l’enracinement d’une psychologie criminelle pernicieuse dans la société. Ils appellent aussi à de nouveaux troubles, au détriment de la sécurité nationale et du bien-être de la population. Il s’agit d’une menace très sérieuse. C’est pourquoi, l’État et la société doivent s’unir pour condamner l’anarchie, j’en suis convaincu.

– Dans ce cas, comment les citoyens du pays peuvent-ils exprimer leurs critiques éventuelles à l’égard de l’action des autorités ?

Nous avons créé toutes les conditions nécessaires à l’expression publique d’un désaccord avec l’action des autorités. Les citoyens peuvent parler ouvertement des problèmes existants. Conformément au concept d’ « État à l’écoute », j’exige que les organes de l’État tiennent compte de l’opinion publique. Nous avons adopté une loi démocratique sur les rassemblements pacifiques. En outre, une loi régissant la procédure de soumission et d’examen des pétitions a été adoptée récemment.

Il nous faut donc être très clair : les manifestations pacifiques sont acceptables, mais les émeutes de masse sont inadmissibles et seront punies. La loi doit régner dans le pays – c’est ma position de principe. Par exemple, dans les pays occidentaux, souvent considérés comme des citadelles de la démocratie, les autorités ne traitent pas avec indulgence les organisateurs d’émeutes et d’attaques contre des bâtiments gouvernementaux.

La police a identifié les organisateurs des émeutes de janvier, c’est-à-dire tous ceux qui ont appelé à la désobéissance face aux exigences légales des autorités, qui ont livré et distribué des armes, qui ont favorisé un climat de violence et qui ont entraîné les foules dans des pogroms, des incendies criminels et des actes de violence. Les émeutiers « ordinaires » ou les « simples suiveurs » ont aussi été identifiés. J’ai décidé d’amnistier ces citoyens qui étaient tombés sous l’influence des provocateurs. Cette amnistie a été appliquée à 1 095 personnes sur les 1 205 condamnés. S’agissant des organisateurs des émeutes et de ceux qui ont été condamnés pour actes terroristes, trahison, tentative de prise de pouvoir par la force et autres crimes graves, ils purgeront l’intégralité de leur peine.

– Je ne sais si la prochaine question sera déplaisante, mais je ne peux m’empêcher de la poser. Après votre accession à la présidence en 2019, on a parlé d’un système de double pouvoir dans le pays. Certains ont comparé notre modèle politique à celui de l’Iran, d’autres à celui de Singapour. En effet, il semblait y avoir deux centres de pouvoir dans le pays. Cette perception d’un double pouvoir est-elle exacte?

Puisque vous m’avez posé une question aussi directe, je me dois d’être très franc. Conformément à la Constitution, le Président détermine les grandes orientations de la politique intérieure et extérieure du pays, nomme et révoque les plus hauts fonctionnaires de l’État et le commandement suprême des forces armées. Le chef de l’État est le commandant en chef suprême.

Cependant, oui, il y a bien eu des tentatives pour imposer un modèle de double pouvoir, qui étaient particulièrement ciblées et bien organisées. Dans la situation politique de « transition du pouvoir », des manipulateurs politiques ont formé un centre de pouvoir parallèle. Dans notre pays, les rôles de Président et de commandant en chef suprême, ainsi que de président du Conseil de sécurité, représenté par l’ex-président, étaient tous deux actifs. Cela a inévitablement conduit à une collision des pouvoirs.

Je dirai même que cette situation est devenue l’une des conditions préalables à la crise de janvier. Les conspirateurs ont tenté d’exploiter le modèle inventé du double pouvoir, ou « tandem », pour leurs propres intérêts. Vous vous souvenez probablement des déclarations d’un certain nombre de fonctionnaires, y compris l’ancien ministre de la Justice, selon lesquelles Yelbasy (le chef de la Nation) était au-dessus du Président en termes de statut. Certains fonctionnaires ont été vus en train de faire la navette entre les bureaux. Ils ont joué sur ce point et ont fini par se laisser emporter par cette situation. Plus tard, j’ai directement informé Noursoultan Nazarbaïev que les jeux politiques, principalement de ses plus proches collaborateurs, avaient failli fracturer le pays.

Je pense qu’il ne devrait pas y avoir de « Président senior » et de « Président junior ». « Quand on part, on part » : c’est là une leçon importante pour la future génération de dirigeants. Elle devra se méfier de ce genre de choses et toujours penser uniquement aux intérêts de l’État et au bien-être de la société.

Malheureusement, à des moments cruciaux de la crise politique interne, les chefs des principales agences chargées de l’application de la loi ont fait preuve de manque de professionnalisme, voire de trahison.

Cette crise a montré la nécessité de construire un système durable et efficace d’institutions publiques fonctionnant conformément à la loi fondamentale. Nous avons surmonté cette crise avec tout le peuple. Nous avons résisté et nous sommes devenus encore plus forts. Nous avons évité une catastrophe et stabilisé la situation dans le pays, uniquement grâce à l’unité de nos citoyens et aux actions décisives de l’ensemble de la structure du pouvoir. Plus tard, au cours de l’enquête, certains des conspirateurs ont avoué qu’ils ne s’attendaient pas à voir un tel patriotisme du peuple et une telle détermination politique des autorités.

– Après les événements de janvier, vous avez commencé à mettre en œuvre des réformes politiques profondes, qui ont également été reconnues par les pays occidentaux. Peut-on dire que nous avons franchi le point de non-retour ? Avons-nous franchi la ligne critique qui nous sépare de notre passé récent ? Existe-t-il des garanties concrètes assurant l’irréversibilité de ces changements ?

Comme je l’ai dit, les réformes politiques ont commencé en 2019. Le Conseil national de la confiance publique a été créé et a élaboré et mis en œuvre d’importantes initiatives législatives. Des changements significatifs ont été apportés à la législation sur les élections, les partis politiques et le Parlement. Pour la première fois, le pays a parlé ouvertement de la dictature de l’oligopole.

Ces innovations constituaient une menace pour ceux qui se sentaient à l’aise dans les conditions du monopole politique et économique. En conséquence, ils ont tenté en vain de conserver le statu quo.

Après les événements de janvier, certains craignaient que les autorités ne « serrent la vis » et ne commencent à renforcer le régime. Mais, nous avons fait le contraire, en suivant une voie plus compliquée mais correcte.

Le processus de modernisation politique s’est accéléré en 2022. L’une des tâches principales des réformes était de créer un système politique plus juste et plus équilibré. En outre, il était important de créer les conditions nécessaires pour garantir l’irréversibilité des réformes politiques et en faire un facteur permanent de la vie publique.

Dans cet esprit, la réforme constitutionnelle a introduit un certain nombre de barrières. Tout d’abord, nous avons rétabli la Cour constitutionnelle, qui est en fait l’organe suprême de contrôle constitutionnel qui assure la suprématie de la Constitution. S’il peut sembler à certains que l’ancien Conseil constitutionnel a simplement changé de nom, il en va tout autrement. Les décisions de la Cour constitutionnelle sont définitives et même le Président ne peut pas réviser ses décisions, y compris celles concernant les droits constitutionnels des citoyens.

Toute modification ou ajout à la Constitution ne peut être soumis à un référendum ou au Parlement qu’avec l’avis correspondant de la Cour constitutionnelle.

Et je voudrais vous le rappeler ici : sur les onze juges de la Cour constitutionnelle, six, soit la majorité, sont nommés par les chambres du Parlement. En outre, le président de la Cour, bien que nommé par le Président de la République, ne l’est qu’avec l’accord du Sénat.

Deuxièmement, les positions de principe sont clairement énoncées dans la Constitution elle-même. Par exemple, l’article 91 de la Constitution stipule que l’indépendance de l’État, l’unité et l’intégrité territoriale de la République, la forme de son gouvernement et, j’insiste, la disposition prévoyant un mandat unique de sept ans pour le président restent inchangées.

Troisièmement, à la suite des réformes, les pouvoirs du Mazhilis ont été considérablement étendus et il a été formé selon un nouveau modèle électoral – listes de partis et circonscriptions à mandat unique.

De fait, le retour à l’ancien système est impossible. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer avec confiance que les réformes politiques au Kazakhstan sont non seulement systémiques, mais surtout irréversibles. La mentalité politique de la Nation a subi un changement radical. Le principal garant de la transformation démocratique est devenu la culture juridique et l’activité des citoyens. Le peuple ne permettra pas un recul et, j’en suis convaincu, défendra les changements qui ont eu lieu.

 

– Cependant, certains détracteurs du gouvernement, y compris dans les pays occidentaux, affirment qu’il y a encore des prisonniers politiques dans notre pays. Est-ce vrai ?

La censure, les lois spéciales et les institutions pénales sont les principaux signes de persécution politique. Il n’existe rien de tel dans le Kazakhstan moderne. Il n’y a pas un seul décret, une seule loi ou un seul autre document normatif dans notre législation en vertu duquel les citoyens pourraient être persécutés pour leurs opinions politiques.

Au contraire, les réformes ont renforcé le système de protection des droits de l’homme. Des amendements législatifs ont été adoptés pour renforcer l’indépendance des tribunaux. Les catégories d’affaires susceptibles d’être jugées par un jury ont été élargies. L’institution du médiateur des droits de l’homme, qui a reçu un statut constitutionnel, est pleinement opérationnelle dans le pays. La cohérence et la profondeur des réformes sont démontrées par le fait qu’en décembre dernier, j’ai signé un deuxième décret sur les droits de l’homme.

La tâche principale des autorités est de maintenir strictement la loi et l’ordre. Par conséquent, toute violation de la loi est punissable. Les opinions politiques et les préférences idéologiques des gens n’ont rien à voir avec l’ordre public.

Malgré les avertissements du bureau du procureur, certains individus continuent à violer la loi avec une persistance inexplicable, apparemment dans le but de se faire de la publicité. En d’autres termes, ils se placent au-dessus de la loi.

Comment peut-on parler de persécution politique dans un pays où il existe de nombreux médias indépendants et où il n’y a pas de censure politique ?

En outre, après l’adoption de la nouvelle loi sur les rassemblements, qui a introduit une procédure de notification au lieu d’une procédure permissive, le nombre de rassemblements pacifiques au Kazakhstan s’est multiplié.

Dans mes discours, j’ai répété à maintes reprises que tous les problèmes devraient être résolus de manière civilisée et constructive – non pas en criant et en provoquant sur les places, mais dans le cadre de plateformes et de mécanismes de dialogue spécialement créés à cet effet, et surtout, dans l’enceinte du Parlement.

Aujourd’hui, le Parlement accueille un large spectre politique d’acteurs, reflétant les opinions de toutes les principales composantes de notre société. L’institution de l’opposition parlementaire est inscrite dans la loi.

Je voudrais vous rappeler qu’à la suite des résultats des dernières élections, six partis ont été élus au Mazhilis, dont trois pour la première fois. L’un des partis parlementaires est même fondamentalement un parti d’opposition.

De nombreux politiciens et experts étrangers, y compris des pays occidentaux, ont exprimé leur soutien à nos réformes démocratiques et ont noté leur caractère progressiste. En effet, dans notre environnement géopolitique, nous sommes le seul pays à avoir mis en œuvre une transformation démocratique d’une telle ampleur et à avoir réalisé de grands progrès en matière de protection des droits de l’homme.

– Des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux selon lesquelles vous envisagez d’organiser un référendum sur la Constitution et que vous avez l’intention de vous présenter à nouveau aux élections présidentielles de 2026. Est-ce vrai ?

C’est de la désinformation. Je suis convaincu qu’il n’est plus possible d’apporter des modifications arbitraires à la Constitution, en particulier sur une question aussi fondamentale. La réforme constitutionnelle n’a pas été menée pour faciliter des modifications arbitraires de la loi fondamentale.

La disposition de la Constitution relative à la présidence à mandat unique est immuable. Cette disposition est aussi inviolable que celles concernant l’indépendance, l’unité, l’intégrité territoriale et la forme de gouvernement de notre État.

Puisque nous abordons ce sujet précis, je profite de l’occasion pour vous donner quelques détails. Il y a 15 ans, j’ai proposé l’idée d’un mandat unique de sept ans lors d’une discussion à huis clos. À l’époque, cette proposition n’a pas été soutenue. Après mon élection à la présidence, j’ai soigneusement pesé le pour et le contre et j’ai longuement réfléchi à la manière de mettre en œuvre cette idée.

En 2022, plusieurs changements constitutionnels importants ont été apportés pour abolir les pouvoirs super-présidentiels. C’est à ce moment-là que j’ai proposé l’idée d’un mandat unique de sept ans. Cette initiative a reçu un soutien national. Tout est dit.

– Parlons d’économie. Dans votre discours de 2023, vous avez annoncé une nouvelle orientation économique pour le Kazakhstan et fixé l’objectif de doubler la taille de l’économie nationale pour atteindre 450 milliards de dollars d’ici 2029. Or, selon les prévisions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, la croissance économique du Kazakhstan ne devrait pas dépasser 3 à 4 % en 2023-2024. Compte tenu de ces projections, dans quelle mesure est-il réaliste d’atteindre cet objectif économique ambitieux ?

C’est un objectif tout à fait réalisable. Selon les analystes du Fonds monétaire international, à la fin de l’année 2023, le PIB du Kazakhstan en prix courants devrait dépasser 259 milliards de dollars, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2022. Il s’agit de la plus forte croissance nominale en Asie centrale.

Cette dynamique positive est également évidente dans le PIB par habitant, qui devrait atteindre près de 13 000 dollars en 2023, avec une croissance annuelle estimée à 1 600 dollars. Selon les prévisions du FMI, ce chiffre devrait augmenter d’un tiers d’ici 2028, pour atteindre 16 800 dollars.

Toutefois, je tiens à souligner que pour moi, ce ne sont pas les indicateurs macroéconomiques qui sont les plus importants, mais le bien-être réel des citoyens.

Ces prévisions favorables deviendront réalité si le gouvernement adopte de nouvelles approches en matière de gestion économique. Je vois deux directions principales.

La première consiste à résoudre un certain nombre de problèmes susceptibles de stimuler le développement du pays. Il s’agit notamment de la mise en œuvre de grands projets industriels. Dans mon discours de septembre, j’ai chargé le gouvernement d’identifier une liste de grands projets possibles et de préparer un plan de développement des infrastructures. Ces projets sont en cours de préparation et des consultations sont organisées avec les grandes entreprises, les investisseurs institutionnels et la communauté des experts.

Il faut également s’atteler à la tâche cruciale d’attirer les investissements, notamment par le biais de la privatisation et de la récupération des actifs. Les investissements à grande échelle ont le potentiel d' »alimenter » l’économie et de créer de nouveaux points de croissance. C’est la raison pour laquelle mon décret a récemment établi un siège de l’Investissement doté de pouvoirs étendus pour améliorer le climat d’investissement et la mise en œuvre qualitative des projets d’investissement.

La deuxième orientation comprend des mesures visant à mettre en œuvre des réformes systémiques qui établiront de nouvelles « règles du jeu » pour l’ensemble de l’économie.

Suivant mes instructions, le gouvernement rédige un nouveau code fiscal visant à redéfinir les relations entre l’État et les entreprises. En améliorant le système fiscal, il est très important de s’éloigner d’une approche uniquement fiscale. Nous devons trouver un équilibre entre la création de conditions favorables aux investisseurs et le maintien du niveau nécessaire de recettes budgétaires.

Le nouveau code budgétaire est très important. Nous devons changer fondamentalement l’attitude à l’égard des fonds budgétaires, en nous concentrant sur la rationalité, l’économie et la pertinence de leur utilisation.

A cet égard, les nouvelles lois sur les marchés publics et les partenariats public-privé joueront un rôle important. Ces textes garantiront la transparence des marchés publics et créeront une base financière pour le développement économique.

Une attention particulière devrait également être accordée à l’amélioration de l’efficacité du secteur parapublic. Des mesures de modernisation ont déjà été identifiées et sont en cours de mise en œuvre.

Toujours pour répondre à votre question, je voudrais également dire que la situation économique dans le monde affecte évidement notre pays. Cependant, chaque difficulté nous ouvre également de nouvelles opportunités. Le gouvernement devra disposer d’un plan d’action détaillé qui tienne compte de tous les scénarios possibles. Il est important que toutes les mesures visant à stimuler la croissance économique soient accompagnées de réformes structurelles destinées à développer l’esprit d’entreprise et la concurrence, à protéger la propriété privée et à garantir une justice équitable. Avec une telle approche, nous atteindrons tous nos objectifs, y compris le doublement de la taille de l’économie nationale dans les délais prévus.

 

– Notre journal reçoit souvent des appels et des lettres de citoyens qui ne parviennent pas à rembourser leurs dettes issues de crédits à la consommation. Dans ce contexte, je voudrais demander quelles sont les mesures prises pour résoudre ce problème.

Je suis très préoccupé par la solvabilité des citoyens, car ce problème affecte directement le bien-être social des personnes et la stabilité du système financier. En tant que Président, l’une de mes premières décisions a été de promulguer le décret de 2019 visant à réduire le fardeau de la dette des citoyens en situation difficile. Par la suite, à titre de mesure exceptionnelle, les prêts non garantis de 500 000 personnes ont été annulés. Puis, en 2023, la loi sur la faillite personnelle est entrée en vigueur. Ces mesures importantes ont permis de réduire la gravité du problème.

Dans mon discours de l’année dernière, j’ai demandé au gouvernement de prendre de nouvelles mesures systémiques pour corriger radicalement la situation, qui est principalement due au faible niveau de connaissances financières des citoyens. Par ailleurs, il est clair qu’il est nécessaire de renforcer la réglementation sur le crédit à la consommation et les activités des sociétés de recouvrement de créances.

Sur ces points, certaines mesures ont déjà été prises. Par exemple, au cours des dernières années, les exigences en matière de fonds propres pour les banques et les organisations de microfinance qui accordent des prêts à la consommation ont été multipliées par cinq. Il est interdit d’accorder de nouveaux prêts en cas d’impayés et de percevoir des intérêts sur tous les prêts après 90 jours. Les agences de recouvrement de créances font l’objet d’une surveillance permanente.

Afin de protéger les droits des emprunteurs, des amendements à la loi sur le crédit ont été rédigés. Ils renforceront les exigences imposées aux organisations de microfinance, aux agences de recouvrement de créances et aux banques. Il est proposé de restreindre la vente de prêts aux sociétés de recouvrement. En vertu de ces modifications, le processus de règlement des dettes acquises relèvera de la seule responsabilité des agences de recouvrement. Les pouvoirs du médiateur bancaire seront également étendus. Le document est actuellement examiné par le Mazhilis, notre Parlement. Je suis prêt à soutenir ces initiatives.

– Aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes sont préoccupés par la hausse des prix, l’augmentation des tarifs, les problèmes d’emploi et la situation générale dans les régions. Le gouvernement actuel, préoccupé par une multitude de questions opérationnelles, est-il capable de résoudre des problèmes stratégiques ? Comment évaluez-vous l’efficacité du travail du gouvernement en général ?

Dans tous les pays du monde, les gouvernements sont confrontés à des tâches à la fois opérationnelles et stratégiques, et le Kazakhstan ne fait pas exception à la règle. Ici, l’enjeu principal est l’allocation optimale des ressources et une planification efficace.

Le gouvernement actuel a été formé au printemps de l’année dernière. La réforme constitutionnelle et les élections législatives ont « annulé » les mandats du Parlement et du gouvernement. Conformément à la Constitution, le gouvernement a démissionné devant les Mazhilis nouvellement élus. La candidature du nouveau chef du cabinet ministériel a été présentée par le parti Amanat, qui détenait la majorité des sièges au sein du Mazhilis. Je ne cacherai pas que le parti l’a fait après avoir consulté le Président. Le bloc économique de son programme électoral a été formé sur la base du programme du gouvernement actuel.

En conséquence, les pouvoirs du gouvernement ont été considérablement élargis. Après le remaniement de septembre, l’administration présidentielle s’est concentrée sur les orientations stratégiques du développement socio-économique du pays, plutôt que sur la supervision du gouvernement, des ministères et des agences. L’administration fonctionne désormais comme un quartier général politique, s’abstenant de toute ingérence dans le travail de la branche exécutive. Les fonctions qui faisaient auparavant double emploi ont été transférées au gouvernement. La prérogative de prendre des décisions sectorielles a également été transférée au niveau du gouvernement et des organismes spécialisés. L’indépendance budgétaire des régions a été renforcée.

En résumé, le gouvernement dispose de suffisamment d’instruments. Ce qu’il faut, c’est une stratégie bien pensée et, bien sûr, la volonté de réussir dans les tâches fixées. Le gouvernement a demandé de l’autonomie et des pouvoirs supplémentaires, il les a reçus. Mais il faut bien comprendre qu’on va maintenant lui en demander davantage.

– Le gouvernement s’efforce de faire face à la tâche consistant à assurer le fonctionnement ininterrompu du complexe énergétique et pétrolier du pays et des services publics. Mais en cas d’urgence, nous devons faire en sorte d’éliminer les accidents et de maintenir l’approvisionnement en chaleur, en électricité et en eau des localités du Kazakhstan. Comment en est-on arrivé à cette situation?

L’état déplorable des centrales électriques et du secteur du logement et des services publics est le résultat de nombreuses années d’inaction. Tout le monde comprend que les problèmes actuels dans ce secteur ne sont pas apparus du jour au lendemain, mais qu’ils se sont accumulés pendant des années. L’usure des systèmes de chauffage et autres équipements dans les régions atteint 80 %. Dans le même temps, les investissements dans le secteur des services publics n’ont pas suivi le rythme de la demande au fil des ans.

En outre, la situation est exacerbée par certains « réseauteurs » d’information qui aggravent délibérément la situation normale dans les installations de l’industrie énergétique, qualifiant la situation de l’approvisionnement en chaleur de « tragédie ».

La modernisation en profondeur de l’infrastructure technique du pays est une tâche très vaste et complexe, mais elle est progressivement traitée.

Au cours du printemps et de l’été, le gouvernement et les Akims (maires) ont mis en œuvre des mesures pour assurer une préparation de qualité à la saison de chauffage. Des travaux ont été effectués sur des installations dont l’état était critique et jugé problématique.

Actuellement, la tâche immédiate consiste à prévenir les accidents graves et les interruptions dans l’approvisionnement en chaleur des ménages. L’objectif final est d’introduire de nouvelles capacités, de renouveler systématiquement les réseaux et de moderniser l’ensemble de la sphère municipale.

Dans les conditions actuelles, les réseaux de chauffage peuvent supporter les charges, mais de nouvelles mesures décisives de la part du gouvernement et des Akims sont indispensables.

– La situation critique de l’approvisionnement en chaleur soulève des inquiétudes quant à l’état de la sécurité énergétique du pays. Dans votre discours, vous avez déclaré que la question de la construction d’une centrale nucléaire dans notre pays serait soumise à un référendum national. Bien que la centrale nucléaire fasse partie des technologies de production « vertes », la société n’a pas de consensus clair sur sa construction. En outre, les projets de centrales nucléaires ont des implications géopolitiques importantes. Quelle est votre position sur cette question ?

L’énergie nucléaire propre est très importante pour le Kazakhstan. C’est une question fondamentale pour l’avenir de notre économie. Nous sommes le premier producteur mondial d’uranium naturel et nous avons notre propre production de composants de combustible nucléaire. C’est pourquoi, j’accorde une attention particulière à la question de la construction de centrales nucléaires dans notre pays. Après tout, la question de la sécurité énergétique devrait être résolue en fonction des besoins réels, des possibilités et de la recherche scientifique, et non en fonction de considérations géopolitiques.

Certains citoyens critiquent le projet de construction d’une centrale nucléaire. C’est compréhensible, car beaucoup se souviennent encore des conséquences tragiques des essais nucléaires sur le site de Semipalatinsk. D’autres questions complexes doivent également être prises en compte, telles que les coûts du projet et les aspects environnementaux.

Par conséquent, reconnaissant l’importance de la question, j’ai proposé de soumettre la question de la construction de la centrale nucléaire à un référendum national. Mon programme électoral de 2019 prévoyait que les décisions sur les questions les plus cruciales seraient prises par voie de référendum. Il s’agit de la mise en œuvre pratique du concept d' »État à l’écoute » et des principes du Kazakhstan équitable.

Nous sommes sur le point d’organiser de vastes auditions publiques. Les citoyens devraient examiner et discuter tous les arguments des experts « pour » et « contre » afin de prendre une décision équilibrée et mûrement réfléchie de leur plein gré. Ce sera la décision du peuple.

– L’année dernière a été marquée par des événements importants en matière de politique étrangère. Vous avez participé à de nombreuses discussions importantes avec des dirigeants du monde entier. Le format régional, le C5+, a pris une importance considérable, en grande partie grâce à votre autorité en matière de diplomatie mondiale. Quels événements importants en matière de politique étrangère pouvons-nous prévoir dans un avenir proche ?

En menant une politique étrangère équilibrée et pragmatique, le Kazakhstan s’engage à protéger ses intérêts nationaux et à relever les défis stratégiques. Nos priorités, qui restent inchangées, consistent à assurer la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays, à sauvegarder les droits et les intérêts des citoyens kazakhs et à créer des conditions extérieures favorables à une croissance économique durable. Par le passé, en qualité de ministre des Affaires étrangères pendant dix ans, j’ai été étroitement impliqué dans l’élaboration de ces priorités.

Compte tenu de la complexité du paysage géopolitique actuel, il est essentiel pour le Kazakhstan de favoriser une coopération pragmatique et mutuellement bénéfique avec tous les partenaires étrangers, en particulier les pays voisins.

Vous évoquez à juste titre l’intérêt du format C5+. L’Asie centrale est une région qui se développe de manière dynamique, avec sa propre perspective sur les réalités géopolitiques. Dans cette zone, il existe de nombreuses opportunités en matière de commerce, d’investissement, d’affaires et d’innovation. Par conséquent, l’intérêt pour l’Asie centrale augmente considérablement dans le monde entier, ce qui entraîne une demande accrue pour la plateforme de dialogue du C5+.

Sans un dialogue régulier et basé sur la confiance au plus haut niveau, le développement actif des relations entre les pays de la région et les acteurs extérieurs influents serait impossible. À cet égard, des progrès significatifs ont été réalisés ces dernières années. Les réunions consultatives annuelles des chefs d’État d’Asie centrale se sont révélées fructueuses. Il convient de noter que le Kazakhstan accueillera cette année la prochaine réunion consultative des chefs d’État d’Asie centrale.

Comme indiqué précédemment, le Kazakhstan devrait assumer la présidence de plusieurs organisations et associations régionales et internationales influentes en 2024.

En juin, le Forum international d’Astana réunira des chefs d’État et des entreprises mondiales. Cette plateforme facilitera les discussions sur des questions mondiales telles que le changement climatique, les pénuries alimentaires et la sécurité énergétique.

L’accord entre le Kazakhstan et la France pour organiser un sommet sur l’eau en marge de la session de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, visant à contribuer à l’agenda mondial sur le climat, est d’une grande importance.

– Les élections présidentielles en Russie se tiendront en mars de cette année. Comment ces élections influenceront-elles l’agenda mondial et régional ?

En ce qui concerne les élections, 2024 sera une année charnière pour de nombreux pays. Plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Azerbaïdjan, le Royaume-Uni et l’Inde, organiseront également des élections, de même que le Parlement européen. Il est important pour nous de suivre de près ces processus électoraux.

Les élections présidentielles en Russie présentent un intérêt particulier pour le Kazakhstan, en raison du partenariat solide et stratégique entre Astana et Moscou. La Russie est un allié clé et un partenaire stratégique pour le Kazakhstan ; au cours des 30 dernières années, nous avons construit une base solide de relations interétatiques, comme en témoignent plus de 300 accords dans divers domaines. Des mécanismes de coopération bilatérale sont en place dans de nombreux secteurs.

Le dialogue politique de haut niveau entre nos pays se développe de manière intensive. Nous collaborons également dans des cadres multilatéraux pour garantir la stabilité régionale et la sécurité internationale.

L’un des événements marquants de l’agenda bilatéral pour 2023 a été la visite officielle de Vladimir Poutine au Kazakhstan, au cours de laquelle nous avons réaffirmé les relations amicales et le partenariat stratégique entre nos nations.

La Russie est l’un des principaux partenaires commerciaux et économiques du Kazakhstan, comme en témoigne un chiffre d’affaires commercial bilatéral de 21,4 milliards de tenges au cours des dix premiers mois de 2023. Cela n’est pas surprenant, étant donné que nos pays partagent la plus longue frontière terrestre ininterrompue au monde.

En outre, nous accordons une grande importance au développement des liens culturels, humanitaires, scientifiques et éducatifs. Cette année, nous commémorons le 225e anniversaire du grand poète russe Alexandre Pouchkine, un événement d’une grande importance non seulement pour la Russie, mais aussi pour le Kazakhstan. Pouchkine, tout comme notre estimé Abai, symbolise l’amitié et la coopération culturelle entre nos deux Nations.

Il est essentiel de reconnaître que la Russie joue un rôle vital dans la politique mondiale, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Le président Vladimir Poutine, par ses paroles et ses actions, est un leader qui façonne l’agenda mondial.

Par conséquent, les élections présidentielles dans un pays aussi influent que la Russie auront une portée internationale significative et attireront l’attention de la plupart des pays du monde.

– Les relations entre le Kazakhstan et la Chine occupent une place importante dans la politique étrangère du Kazakhstan. Ces dernières années, des changements positifs sont intervenus dans la manière dont la société kazakhe perçoit son voisin oriental. Quelles sont les perspectives de développement des relations avec la Chine ?

Aujourd’hui, le Kazakhstan et la Chine entretiennent des relations actives fondées sur l’amitié, le bon voisinage et un partenariat stratégique de longue date.

Avec le président Xi Jinping, nous avons entamé une nouvelle ère de relations « dorées » entre le Kazakhstan et la Chine, un partenariat qui s’étend sur 30 ans. L’année dernière, deux visites en Chine ont permis de consolider ce partenariat.

Au cours des entretiens avec le Président chinois à Xi’an et à Pékin, nous avons conclu des accords importants et défini des moyens spécifiques pour leur mise en œuvre.

Les contacts privés entre nos deux pays reflètent le niveau élevé des relations entre Astana et Pékin et ils illustrent la solidité des relations entre le Kazakhstan et la Chine.

Le chiffre d’affaires mutuel des marchandises entre le Kazakhstan et la Chine a connu une croissance sans précédent, atteignant un record de 24,3 milliards de dollars au cours des 10 premiers mois de 2023. Nous travaillons activement à l’élargissement de la liste des produits d’exportation et à l’augmentation des livraisons à la Chine.

En outre, la Chine est traditionnellement l’un des plus grands investisseurs au Kazakhstan, avec des investissements cumulés totalisant 24 milliards de dollars.

La position géographique stratégique du Kazakhstan, situé entre l’Est et l’Ouest et partageant une frontière avec la Chine, offre de vastes perspectives pour le transit des marchandises chinoises dans diverses directions. D’importants accords, tels que l’accord sur le développement conjoint de la route de transport internationale transcaspienne et le mémorandum sur la construction conjointe d’une ligne ferroviaire entre la ville kazakhe d’Ayagoz et la ville chinoise de Tacheng, ont été signés lors du troisième forum « Belt and Road » à Pékin. Ces accords stimuleront sans aucun doute le développement du secteur des transports et de la logistique du Kazakhstan. Le Kazakhstan soutient pleinement le mégaprojet chinois « la Ceinture et la Route », comme en témoigne mon discours prononcé lors du forum à Pékin en octobre dernier.

La mise en œuvre d’un régime d’exemption de visa entre le Kazakhstan et la Chine revêt aussi une importance vitale. Les citoyens du Kazakhstan sont désormais exemptés de l’obligation de visa lorsqu’ils se rendent en Chine, et j’espère qu’ils seront nombreux à saisir cette opportunité.

En ce qui concerne la Chine, nous ne devrions pas nourrir de craintes infondées, ni nous appuyer sur des notions dépassées. La Chine est un État très développé, y compris dans le domaine des hautes technologies, cela est reconnu dans le monde entier. Il est donc de la plus haute importance pour le Kazakhstan de coopérer avec notre voisin oriental et d’utiliser efficacement les avantages de nos relations amicales et de notre confiance mutuelle.

– Lors des récentes cérémonies de remise des prix Paryz et Altyn Sapa, vous avez appelé la population du Kazakhstan à se tourner vers l’avenir et à se concentrer sur des objectifs à long terme. Plus précisément, vous avez souligné l’importance d’éviter l’archaïsme et de rester sur la voie du progrès. Que vouliez-vous dire par là et sur quoi pensez-vous que notre société devrait se concentrer ?

Outre les tâches courantes, il est très important que nous nous concentrions sur des objectifs à long terme. Souvent, nous accordons trop d’importance à des questions non essentielles. Nous gaspillons notre énergie sur des problèmes insignifiants ou, pire encore, nous nous laissons égarer par les faux agendas de quelques-uns. Nous ne devons pas nous laisser distraire et perdre de vue nos orientations stratégiques nationales.

De plus, nous devons éviter de nous attarder sur la grandeur ou sur les griefs du passé et nous concentrer sur le présent et l’avenir. Si l’histoire fait partie intégrante de notre identité nationale, l’État s’emploie activement à la préserver et à l’étudier. Nous avons publié de nombreux ouvrages thématiques, créé des institutions scientifiques spécialisées et modernisé celles qui existaient déjà. En outre, nous avons mené des recherches approfondies sur la réhabilitation des victimes de la répression stalinienne. L’étude de notre histoire séculaire et le rétablissement de la justice historique seront toujours une priorité pour nous.

Ce qui importe le plus, ce n’est pas ce que nous étions dans le passé, mais ce que nous sommes aujourd’hui et ce que nous aspirons à devenir. Nous devons unir nos efforts non seulement pour reconnaître les défis que nous avons relevés, mais aussi pour œuvrer en faveur d’un avenir meilleur. Nous ne devons pas vivre dans les souvenirs du passé, mais dans les aspirations de l’avenir, en prouvant la grandeur de notre Nation par nos actions.

Pour garantir le progrès de notre Nation, nous devons adopter des idées progressistes et rejeter tout ce qui nous empêche d’avancer. Les valeurs du travail acharné et de la créativité productive doivent être profondément ancrées dans notre société. La connaissance et la pensée créative doivent être célébrées, et une approche pragmatique et réaliste de la vie doit prévaloir. Franchement, il est important de reconnaître que tous les membres de la communauté intellectuelle, qui prétendent être la « conscience de la Nation », ne remplissent pas cette noble mission avec dignité. Au lieu de fournir un véritable accompagnement spirituel, certains se concentrent sur des sujets étriqués, se livrent à l’autocongratulation et se plaignent de problèmes financiers. Cette mauvaise orientation entrave le développement de notre idéologie nationale.

En tant que Nation progressiste, nous devrions nous tourner vers l’avenir et nous concentrer sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous divise. Les valeurs nationales doivent être prioritaires. J’ai déjà souligné ces valeurs à maintes reprises et je vais les réitérer : l’unité, la solidarité, la diligence, la recherche de la connaissance, le professionnalisme, le soutien mutuel, l’industrie, la proactivité, l’honnêteté, la modestie et l’économie. Ces valeurs et ces qualités définissent les vrais citoyens et les vrais patriotes. En embrassant ces idéaux, nous ne renforcerons pas seulement notre Nation, mais nous connaîtrons aussi le succès. En cultivant ces valeurs, nous façonnerons une nouvelle qualité de notre Nation.

– Je ne peux pas passer sous silence un autre problème qui préoccupe toute la société : les cas de violence et de cruauté sont devenus plus fréquents ces derniers temps. Chaque jour, nous entendons parler de femmes et d’enfants battus, et les cas de viol ne sont pas rares. Quelles mesures l’État prend-il pour éradiquer ces crimes ?

Sous ma direction, des mesures systémiques sont mises en œuvre pour prévenir et éliminer ces crimes. Un poste de détective féminin a été créé pour enquêter spécifiquement sur les crimes violents contre les femmes et les enfants. Les effectifs des divisions de protection des femmes au sein des structures des affaires internes ont été renouvelés et leur efficacité opérationnelle a été améliorée.

L’année dernière, nous avons fait plus et révisé les approches de la réponse à la violence domestique. Depuis le 1er juillet 2023, la police est passée d’une méthode déclarative à une méthode de détection pour l’enregistrement des infractions. Désormais, la police n’a pas besoin d’une plainte d’une victime de violence domestique pour lancer une affaire. La responsabilité administrative et pénale en matière de violence domestique a été considérablement renforcée. Afin de réduire la pression sur les victimes, la possibilité de conciliation entre les parties dans de tels cas a été exclue.

Conformément à la mise en œuvre de mon discours sur l’état de la Nation, un groupe de membres de Mazhilis rédige un projet de loi qui comprend de nouvelles mesures efficaces pour lutter contre la violence domestique.

– Après le meurtre très médiatisé d’une femme par son mari en novembre dernier, une pétition non officielle a été lancée en ligne pour durcir les sanctions en cas de violence domestique à l’encontre des femmes et des enfants. Toutefois, des questions se sont ensuite posées quant à sa légitimité, étant donné que la loi sur les pétitions n’entrera en vigueur qu’en avril de cette année. Nombreux sont ceux qui craignent que le problème ne soit pas résolu. Êtes-vous pour ou contre le renforcement de la répression de la violence domestique ?

Je m’engage à renforcer le principe de l’ordre public. C’est pourquoi, je tiens à l’affirmer définitivement et sans ambiguïté : je suis en faveur d’un durcissement des sanctions en cas de violence domestique. Que la pétition mentionnée soit ou non conforme aux exigences légales, les opinions des citoyens qui y sont présentées seront sans aucun doute prises en compte.

En outre, il est essentiel de comprendre que les amendements législatifs ne seront pas efficaces sans une approche de tolérance zéro à l’égard de toutes les formes d’agression et de violence dans la société. Il est paradoxal que des personnes réclament des sanctions plus sévères pour la violence, tout en romançant le monde criminel, en admirant des héros de cinéma qui violent les lois, ou même de vrais criminels.

Nous devons nous opposer à toute tentative de justifier les comportements destructeurs et anti-sociaux, et lutter collectivement contre le nihilisme juridique. Nous devons nous opposer résolument et unanimement à l’anarchie et à la cruauté. En tant que société, nous devons rejeter toute violation des normes et des règles, tout manque de respect des valeurs humaines universelles.

– Les personnes avec lesquelles vous travaillez vous décrivent comme un chef exigeant. Quels principes suivez-vous en matière de politique du personnel et comment établissez-vous des relations avec vos subordonnés?

Selon moi, il est fondamental que les fonctionnaires soient non seulement des professionnels qui accomplissent scrupuleusement leurs tâches, mais aussi ceux qui prennent l’initiative et démontrent par leur exemple personnel l’utilité et l’irréversibilité des changements. Ils doivent posséder les connaissances et les compétences appropriées, faire preuve de grandes qualités humaines, de concentration et de discipline.

La loyauté personnelle des subordonnés n’est pas aussi importante pour moi que leur engagement envers l’idée de construire un Kazakhstan juste.

La principale exigence pour les fonctionnaires et les gestionnaires à tous les niveaux est leur capacité à se tenir au courant de l’humeur et des événements publics, à écouter et à comprendre les aspirations des gens, à y répondre de manière opportune et efficace, et à prendre les bonnes décisions. Ils doivent adhérer au principe « pas une personne pour l’État, mais l’État pour la personne ».

– Une autre question relative au personnel : Grâce aux réformes, de nombreux jeunes ont eu la possibilité de réaliser leur potentiel dans la fonction publique. Les jeunes travaillent aujourd’hui à tous les niveaux, y compris au Parlement, dans les maslikhats et dans les ministères. Vous soutenez systématiquement les représentants de la nouvelle génération. Cependant, certains pensent que les jeunes cadres manquent d’expérience et de profondeur de vue. Qu’en pensez-vous ?

Je crois en notre jeunesse. C’est pourquoi, des mesures globales ont été prises pour ouvrir des portes aux jeunes dans les structures du pouvoir législatif et exécutif. La réserve présidentielle de personnels jeunes a été créée, offrant aux jeunes professionnels qui ont passé plusieurs étapes de sélection la possibilité d’occuper des postes de haut niveau dans la fonction publique.

Dans le cadre des réformes politiques, des quotas pour les femmes, les jeunes et les personnes ayant des besoins particuliers ont été introduits sur les bulletins de vote des partis et dans la répartition des mandats de députés. De nombreux jeunes patriotes ont obtenu des sièges de députés dans les Mazhilis et les maslikhats, amplifiant ainsi la voix des jeunes dans les instances représentatives. Ces mesures ont insufflé une nouvelle vitalité dans le renouvellement des autorités de l’État. Le monde change rapidement, non pas d’année en année, mais presque de jour en jour. De nouvelles technologies, professions et secteurs apparaissent, et les approches du travail et de la gestion évoluent constamment. Dans ce contexte, le rôle des jeunes, capables de maîtriser de nouvelles compétences et d’appliquer efficacement des connaissances avancées, s’accroît. Ils possèdent un état d’esprit progressiste, se concentrent sur l’avenir et plaident en faveur d’un développement durable. C’est pourquoi, je ne peux pas dire que nos jeunes manquent de profondeur de vue. Toutefois, étant donné que les autorités de l’État ont besoin d’un mélange d’expérience et d’idées nouvelles, les expériences hâtives ne conviennent pas ici. Je suis conscient que certains « experts » sans scrupules persistent à promouvoir l’idée que le Président Tokaïev a maintenu le système existant sans aucun changement positif et que l’ancien personnel est resté en place. Il s’agit là d’une grande tromperie dont le but ultime est de déstabiliser et d’affaiblir l’État. La précipitation peut avoir des conséquences irréversibles.

En effet, les jeunes cadres peuvent manquer d’expérience et sont parfois confrontés à des défis liés à l’ambition et à l’estime de soi. Néanmoins, nous offrons à la nouvelle génération des opportunités de démontrer leurs capacités. Cette politique se poursuivra.

– La publication des mémoires du premier Président a suscité de vives réactions dans la société. Vous avez probablement lu le livre. Quelles sont vos impressions en tant que témoin direct de nombreuses décisions et événements mentionnés dans le livre ? Avez-vous l’intention de rédiger des mémoires?

À mon avis, ce livre est intéressant en tant que chronique de la construction de l’indépendance du Kazakhstan. Comme le dit un adage, les mémoires sont précieuses car, même si elles ne contiennent que 50 % de la vérité, elles nous permettent de saisir l’ampleur des événements historiques.

Noursoultan Nazarbaïev est un personnage historique qui a été témoin de plusieurs époques. Il a commencé sa carrière en tant que militant du Komsomol sous le régime de Khrouchtchev et a démissionné plus de soixante ans plus tard. Sa contribution à la formation du Kazakhstan indépendant est évidente et mérite une évaluation historique juste.

J’aime lire des mémoires et des essais politiques. Toutefois, pour le moment, je n’ai pas le temps d’écrire mes propres mémoires.

– On dit que vous avez interdit aux gouverneurs des régions de vous saluer avec des fleurs à l’aéroport et, en outre, d’organiser des fêtes, des concerts pompeux et des spectacles. Est-ce vrai?

Lors de mes premiers voyages à travers le pays en tant que Président, les gouverneurs locaux ont essayé d’organiser des cérémonies magnifiques, des festins luxueux et d’installer des panneaux publicitaires. Cette pratique a été abandonnée. Je visite les régions pour le travail avec un programme officiel. Je suis sûr que cette pratique s’enracinera dans les régions et que nous nous éloignerons complètement des cérémonies impliquant la participation du public et les dépenses d’énormes ressources financières.

– Kassym-Jomart Tokaïev, je vous remercie pour cet entretien très instructif. Je suis convaincu que l’année à venir sera riche en événements. Pour conclure, je voudrais poser une autre question personnelle : comment avez-vous accueilli la nouvelle année ?

Le Nouvel An est certainement une étape importante associée au changement de date du calendrier. Il est devenu habituel de réfléchir aux réalisations passées et de faire des projets pour l’avenir pendant cette période. Cependant, le Nouvel An n’a pas de signification sacrée pour moi. Nous devons également nous souvenir de notre propre fête du Nouvel An, Nauryz, qui marque le début d’un nouveau cycle dans la vie de la nature.

Nauryz symbolise le renouveau et doit être célébré d’une manière fraîche et significative, en faisant preuve de créativité et en introduisant des éléments distinctifs. Je suis convaincu que cela contribuera à l’unité de notre société et au renforcement de notre identité nationale.

En conclusion, je voudrais adresser mes vœux les plus chaleureux de bonheur et de bien-être à tous nos compatriotes ! Que l’harmonie et la tranquillité règnent dans notre pays ! Que le Kazakhstan continue à prospérer !

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