Au Kazakhstan, les violences intra-familiales sont désormais signalées dans la « Carte numérique de la famille »
violences intra-familiales

Au Kazakhstan, la lutte contre les violences intra-familiales franchit un cap décisif avec l’intégration systématique des signalements dans la Carte numérique de la famille. Ce virage technologique, présenté comme un outil de sécurité et d’ordre public, organise pour la première fois un suivi centralisé, coordonné et permanent des situations à risque sur l’ensemble du territoire.

Violences intra-familiales et Carte numérique de la famille : un contrôle centralisé au service de l’ordre

Annoncée le 7 octobre 2025, la nouvelle procédure impose désormais l’enregistrement automatique des violences intra-familiales dans la Carte numérique de la famille, un dispositif national de suivi social. Cette évolution marque un tournant pour la politique de protection des victimes, en plaçant la numérisation au cœur de la réponse institutionnelle.
Désormais, chaque cas de violences intra-familiales signalé aux autorités est intégré dans une plateforme numérique unique, accessible aux différents services de l’État. Ce système permet de savoir précisément dans quelles familles une aide est nécessaire et quelles mesures de soutien ont déjà été accordées. Cette centralisation, tout en assurant une traçabilité complète, instaure une coordination inédite entre les services sociaux, la police, l’éducation et la santé. Ainsi, au lieu de dossiers éparpillés, les autorités disposent d’un tableau de bord commun.

Cependant, cette évolution ne se limite pas à la seule collecte d’informations. Depuis mars 2025, tous les centres de soutien familial utilisent un outil numérique baptisé « FSM Social », connecté à un logiciel d’analyse de données. Cette plateforme permet d’élaborer des plans d’aide individuels et de suivre leur exécution. Autrement dit, chaque situation de violences intra-familiales est désormais intégrée dans un cycle de suivi continu, avec des indicateurs mesurables et un contrôle renforcé de l’action publique.

Violences intra-familiales : une montée en puissance opérationnelle grâce à la numérisation

Les premiers chiffres illustrent l’ampleur de cette transformation. Ainsi, 131 centres de soutien familial sont aujourd’hui connectés à ce dispositif. Sur la dernière année observée, plus de 44.000 demandes ont été enregistrées dans ces structures. Dans le même temps, 19.600 familles ont bénéficié d’une consultation, tandis que 8.700 ont été officiellement inscrites dans un programme de soutien. En parallèle, plus de 15.000 familles font désormais l’objet d’un suivi permanent.

En outre, les brigades mobiles d’intervention, chargées de réagir aux signalements urgents, ont enregistré 5.600 cas de violences domestiques sur la période de référence. Fait significatif, environ deux tiers de ces alertes proviennent du service de probation, chargé du suivi d’auteurs déjà condamnés. Ainsi, au-delà de la simple assistance sociale, le dispositif agit également comme un instrument de prévention de la récidive, renforçant l’ordre public par un contrôle accru des situations sensibles.

Violences intra-familiales, sécurité sociale et efficacité administrative

Au-delà de l’aspect sécuritaire, la Carte numérique de la famille s’impose aussi comme un levier de modernisation administrative. Selon le ministère kazakhstanais du Travail et de la Protection sociale, plus de 246.400 citoyens ont pu percevoir des aides sociales sans avoir à déposer de demande formelle grâce à ce système automatisé. Par ailleurs, 463.300 notifications par message ont été envoyées pour informer les bénéficiaires potentiels des dispositifs existants. Ces mécanismes réduisent non seulement les délais, mais améliorent aussi l’accès effectif aux droits.

En parallèle, l’État a consenti un effort budgétaire conséquent. Pour l’année 2025, les centres de soutien familial bénéficient d’un financement global de 8,3 milliards de tenges, soit environ 16,9 millions d’euros après conversion. Cet investissement public soutient directement la montée en puissance des dispositifs de prévention des violences intra-familiales, mais également l’extension des infrastructures numériques qui garantissent leur fonctionnement.

Par Païsiy Ukhanov
Le 10/09/2025

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