En 2026, le nouveau terminal multimodal de Budapest pourrait devenir le nouveau point d’ancrage logistique entre l’Asie centrale et l’Europe. Le projet, élaboré conjointement par le Kazakhstan et la Hongrie, vise à renforcer les échanges industriels et à fluidifier le transit continental.
Les échanges commerciaux entre la Hongrie et le Kazakhstan en forte hausse
Le 24 septembre 2025, le Premier ministre kazakhstanais, Oljas Bektenov, a rencontré à Astana le président de l’Assemblée nationale hongroise, László Kövér, pour entériner la construction d’un terminal multimodal à Budapest à l’horizon 2026. Cette infrastructure constitue le volet central d’une ambition logistique entre le Kazakhstan et la Hongrie.
Lors de leur rencontre, les deux délégations ont confirmé une série d’engagements liés à la coopération industrielle, commerciale et transport. Cette infrastructure sera en collaboration avec la société hongroise L.A.C. Holding. Le projet s’inscrit dans une continuité des accords issus de la visite officielle du président kazakhstanais en Hongrie en 2024.
Par ailleurs, durant la réunion, des discussions ont porté sur le fonctionnement de la Commission intergouvernementale de coopération économique, afin de garantir le suivi opérationnel du programme. Sur le plan commercial, le volume d’échanges entre le Kazakhstan et la Hongrie a atteint environ 200 millions de dollars en 2024, avec une progression sur les sept premiers mois de 2025 de +27% par rapport à la même période en 2024. Enfin, le Kazakhstan s’est engagé à diversifier son exportation vers la Hongrie via 95 produits.
Réduire les délais d’acheminement, optimiser les coûts de transport
Le terminal multimodal de Budapest prévu dans ce cadre ne relève pas d’un simple centre de transit : il est dimensionné pour répondre aux flux croissants entre l’Asie et l’Europe. Un mémorandum signé en novembre 2024 entre KTZ (Kazakhstan Temir Zholy), L.A.C. Holding (Hongrie) et Xi’an Free Trade Port Construction and Operation Co. (Chine) prévoit une capacité annuelle de 230.000 TEU (équivalent vingt pieds) pour ce terminal. Cette configuration permettrait d’accroître le nombre de trains conteneurs entre la Chine et l’Europe, notamment via le Trans-Caspien International Transport Route (TITR).
L’objet du terminal multimodal n’est pas uniquement le passage de conteneurs : il devra intégrer le transbordement entre voies ferroviaires de gabarits différents (1.520 mm vers 1.435 mm) et assurer la répartition des flux vers divers modes (fer, route). Le choix de Budapest a été guidé par la position centrale du réseau ferroviaire européen et la connectivité routière dense de la Hongrie.
Outre l’aspect logistique, ce terminal doit réduire les temps d’acheminement, optimiser les coûts de transport et limiter les délais de transbordement pour les marchandises kazakhstanaises entrant en Europe. Enfin, il s’inscrit dans la stratégie des Chemins de fer du Kazakhstan d’étendre son réseau terminal en Europe.
La Hongrie renforce son rôle de plaque tournante logistique en Europe centrale.
Pour la Hongrie, l’implantation d’un terminal multimodal à Budapest représente un atout majeur pour consolider son rôle de plaque tournante logistique en Europe centrale. Premièrement, cela pourrait dynamiser le trafic transfrontalier entre l’Asie, via le Kazakhstan, et l’UE en contournant certaines congestions des routes traditionnelles (Pologne, Biélorussie), renforçant ainsi la position géostratégique hongroise dans les corridors est-ouest.
Deuxièmement, pour les secteurs industriels hongrois, cela crée une opportunité d’accès plus fluide aux matières premières ou composants venant d’Asie centrale et de développement des chaînes de valeur logistiques localisées autour du terminal.
Troisièmement, ce terminal multimodal favorisera des synergies entre transport ferroviaire, routier et éventuellement fluvial, en renforçant les capacités de redistribution à l’intérieur de l’Europe.
Enfin, du point de vue de la Hongrie, le projet s’inscrit dans une vision plus large d’amélioration des infrastructures ferroviaires et logistiques urbaines d’ici 2030, ce qui pourrait stimuler des investissements supplémentaires autour de Budapest.