L’Ouzbékistan vient de franchir une nouvelle étape dans sa lutte contre la pauvreté en annonçant une série de mesures sociales et économiques destinées à réduire le taux de pauvreté à 6% d’ici fin 2025, contre près de 9% fin 2024. Ce plan, présenté par le gouvernement, mêle réformes législatives, programmes d’emploi et soutien ciblé aux familles vulnérables.
Des réformes sociales au bénéfice des plus vulnérables
Le 17 septembre 2025, les autorités ouzbèkes ont dévoilé un ensemble d’actions coordonnées pour intensifier la lutte contre la pauvreté. Alors que ce fléau touchait encore 8,9% de la population en 2024, le pays vise désormais à ramener ce taux autour de 6% avant fin 2025. Selon les données officielles, le niveau de pauvreté est déjà descendu à 6,8% au 1er juillet 2025, ce qui témoigne de l’efficacité progressive des politiques mises en place ces dernières années.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, le gouvernement ouzbek mise d’abord sur un renforcement de la protection sociale. Les autorités ont ainsi introduit dans la Constitution une nouvelle exigence : les pensions, allocations et autres aides sociales ne pourront plus être inférieures au « minimum vital ». Cette mesure vise à garantir un socle de revenus aux foyers les plus précaires et à limiter les effets de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
Dans le même esprit, un registre national des familles à faibles revenus est en cours de développement. Il permettra d’évaluer précisément les besoins de chaque ménage afin d’adapter les aides sociales. Le ministère du Travail prévoit que ce registre servira aussi de base à un dispositif innovant de « contrat social ». Concrètement, les familles identifiées comme pauvres pourront recevoir un soutien financier et technique à condition de s’engager dans un parcours d’insertion, incluant emploi, formation ou utilisation productive de leurs terres. Ce mécanisme doit créer une dynamique vertueuse de sortie durable de la pauvreté.
Miser sur l’emploi et l’économie locale pour faire reculer la pauvreté
Au-delà du filet de sécurité, l’Ouzbékistan mise sur la création d’emplois pour réduire structurellement la pauvreté. Les membres valides de familles pauvres sont incités à intégrer le marché du travail, avec à la clé des allègements de charges sociales si leur salaire atteint au moins 1,5 fois le minimum légal. En parallèle, des programmes de formation professionnelle sont renforcés, notamment pour les jeunes, afin de les orienter vers les métiers les plus recherchés sur le marché du travail national.
Le gouvernement entend également dynamiser les économies locales. Dans plusieurs régions rurales, des parcelles de terre sont attribuées à des familles défavorisées pour des activités agricoles, tandis que les petites entreprises bénéficient d’incitations fiscales et de crédits bonifiés. Cette approche vise à réduire les écarts régionaux et à éviter que les inégalités ne freinent la baisse du taux de pauvreté. Cette stratégie s’appuie fortement sur les mahallas, les structures locales de quartier, désormais chargées de suivre la situation des familles et de favoriser leur insertion économique.
Un programme salué mais confronté à de nombreux défis
Si cette nouvelle offensive sociale est saluée pour son ambition, elle soulève aussi plusieurs défis. Dans certaines régions reculées, le taux de pauvreté reste élevé et les progrès sont beaucoup plus lents qu’au niveau national. Les inégalités de revenus risquent par ailleurs d’entraver les effets de ces mesures : comme l’ont souligné des experts de la Banque mondiale, les gains économiques des dernières années ont surtout profité aux classes moyennes et supérieures, laissant de côté les plus pauvres.
Autre enjeu : la capacité des autorités locales à appliquer ces politiques. Le suivi des contrats sociaux, le profilage précis des familles ou encore l’organisation de formations nécessitent des ressources humaines et logistiques importantes, qui manquent encore dans plusieurs districts. Pour surmonter ces obstacles, l’Ouzbékistan coopère avec des institutions internationales, notamment la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement, afin de renforcer ses outils de mesure et de pilotage de la lutte contre la pauvreté.