L’industrie kazakhstanaise face au défi de la transformation : Kassym-Jomart Tokaïev a fixé un cap
Discours sur l'État de la nation 2025 - Kassym-Jomart Tokaïev

Au Kazakhstan, l’industrie devient le pivot de la stratégie présidentielle. Dans son grand discours devant les deux chambres du parlement le 8 septembre 2025, le président Kassym-Jomart Tokaïev a longuement évoqué la transformation industrielle, en insistant sur la nécessité d’une diversification accélérée, d’investissements massifs et d’une meilleure coordination institutionnelle pour donner au pays une position compétitive sur les marchés internationaux.

L’industrie manufacturière : un moteur encore sous tension

Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a présenté le 8 septembre 2025 son adresse annuelle à la nation, largement centrée sur l’adaptation du Kazakhstan à « l’époque de l’intelligence artificielle ». Mais c’est bien son point consacré à l’industrie, qui retient l’attention. Ce segment, qui représente déjà 12,4% du produit intérieur brut, doit, selon le chef de l’État, franchir un cap décisif : passer de la dépendance aux matières premières à la production de biens à haute valeur ajoutée.

Au cours des cinq dernières années, l’industrie manufacturière a doublé sa valeur ajoutée brute pour atteindre près de 17 trillions de tenges, selon les chiffres communiqués lors du discours présidentiel. Ce bond témoigne d’un dynamisme certain. Le secteur contribue désormais à 12,4% du PIB, consolidant ainsi son rôle de pilier économique du pays. Toutefois, cette progression reste jugée insuffisante face aux ambitions affichées.

« En cinq ans, la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière a doublé pour atteindre près de 17 trillions de tenges », a rappelé Kassym-Jomart Tokaïev dans son allocution. Mais le président a immédiatement ajouté qu’il fallait accélérer la diversification de l’économie.

Cette dynamique se traduit déjà par des chiffres concrets : 163 nouvelles unités de production ont vu le jour en 2024, générant 12. 500 emplois permanents. Des projets emblématiques marquent le territoire, comme le lancement de grandes industries mécaniques et sidérurgiques à Almaty, Kostanaï, Karaganda et Atyrau, ou encore l’ouverture prochaine à Almaty de la plus grande usine automobile multimarques.

Discours sur l'État de la nation 2025 - Kassym-Jomart Tokaïev

© Akorda

Une diversification industrielle à structurer

Pour Kassym-Jomart Tokaïev, l’enjeu ne réside plus seulement dans la croissance quantitative, mais dans la montée en gamme qualitative de l’industrie. La priorité est donnée à la production de biens issus de la transformation profonde, capables de rivaliser sur les marchés domestiques et internationaux. « La priorité va à la production de biens à transformation profonde, compétitifs sur les marchés national et international », a-t-il déclaré.

Cependant, le président a reconnu que « le soutien public reste désorganisé, fragmenté entre plusieurs institutions aux approches disparates ». Il a donc appelé à « mettre de l’ordre et coordonner les efforts ».

Le complexe minier-métallurgique, qui pèse déjà 8% de l’économie nationale, illustre à la fois la force et les limites du modèle actuel. S’il dispose d’importantes réserves de croissance, c’est surtout dans la filière de transformation avancée que réside le potentiel. Les prochaines années doivent donc servir à dépasser la simple extraction pour créer de la valeur ajoutée sur place.

Gaz, géologie et haute technologie : les chantiers stratégiques

L’industrialisation du Kazakhstan repose aussi sur l’exploitation et la transformation de ses ressources énergétiques. Des projets structurants sont programmés : construction d’un complexe gazochimique à Atyrau et d’une usine de transformation du gaz liquéfié à Pavlodar, dans l’objectif de maximiser la valeur issue des hydrocarbures. Ces infrastructures doivent être accompagnées par un mécanisme garantissant des approvisionnements stables en gaz et en électricité, condition indispensable à la transformation numérique de l’économie.

Le président a également fixé l’objectif de créer trois entreprises de haute technologie dans les trois prochaines années, véritable signal d’une volonté de transition vers une industrie innovante. Ce pari technologique s’accompagne d’une réforme en profondeur de la géologie nationale. Les levés aérophysiques hérités de l’époque soviétique seront remplacés par des cartes numériques des ressources, intégrant intelligence artificielle et expertise internationale. Un laboratoire géologique certifié aux standards mondiaux doit par ailleurs ouvrir ses portes d’ici mi-2026.

Ces mesures s’inscrivent dans une vision d’ensemble : transformer le sous-sol en richesse industrielle, diversifier l’appareil productif et hisser le Kazakhstan parmi les acteurs compétitifs de l’économie mondiale.

Par Païsiy Ukhanov
Le 09/08/2025

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