À partir du 5 janvier 2026, le Kazakhstan met en place un dispositif inédit de comptabilité gratuite destiné aux entrepreneurs, dans un contexte de complexification des règles fiscales et de numérisation accélérée des procédures. Baptisée « Comptable populaire », cette initiative publique entend rapprocher l’administration des acteurs économiques locaux, tout en répondant aux difficultés concrètes rencontrées par les petites structures face aux obligations de comptabilité, aux déclarations et aux impôts.
Une opération nationale de comptabilité pensée pour les petites entreprises
Le 5 janvier 2026 marquera le lancement, sur l’ensemble du territoire kazakhstanais, d’une vaste opération nationale consacrée à la comptabilité et à l’accompagnement fiscal. Portée par le ministère des Finances, cette opération vise à offrir des conseils gratuits aux auto-entrepreneurs et aux petites entreprises, alors que les règles de comptabilité et de impôts demeurent un frein important au développement de l’initiative privée au Kazakhstan.
Le dispositif « Comptable populaire » s’inscrit dans une stratégie plus large de soutien à l’entrepreneuriat local, alors que les autorités reconnaissent les difficultés persistantes liées à la comptabilité et à la fiscalité. L’opération débutera officiellement le 5 janvier 2026 et se poursuivra jusqu’au 30 juin 2026. Ainsi, pendant près de six mois, les entrepreneurs pourront accéder à des consultations gratuites, sans condition de chiffre d’affaires, afin de mieux comprendre leurs obligations en matière de comptabilité, de impôts et de reporting financier.
Dans ce cadre, le ministère des Finances mise sur un format souple et décentralisé. Les consultations en présentiel seront organisées dans les directions territoriales des revenus de l’État, structures clés de l’administration fiscale. D’après les précisions communiquées par le Comité des revenus d’État, ces consultations auront lieu trois fois par semaine, de 10 heures à 13 heures, durant les mois de janvier et février. Ensuite, à partir du mois de mars, la fréquence passera à deux jours par semaine, afin d’adapter le dispositif aux besoins constatés sur le terrain. Cette organisation vise à rendre la comptabilité plus accessible, tout en tenant compte des contraintes administratives et humaines.
Au-delà du calendrier, les autorités insistent sur l’objectif fondamental de l’opération. « L’objectif de l’opération est d’apporter une aide consultative gratuite aux entrepreneurs individuels et aux sujets de la petite entreprise lors de la préparation et du dépôt des rapports comptables et fiscaux », a déclaré le ministre des Finances, Madi Taïkiev. Cette déclaration souligne la volonté de répondre à un besoin concret, souvent exprimé par les comptables et les dirigeants de petites structures, confrontés à des normes parfois perçues comme instables ou complexes.
Comptabilité, impôts et numérique : des consultations multiformes
Le contenu des consultations proposées dans le cadre de « Comptable populaire » dépasse largement la simple explication théorique des règles de comptabilité. Le dispositif prévoit une combinaison de formats en présentiel et à distance. En effet, outre les rendez-vous physiques dans les administrations fiscales, les entrepreneurs pourront bénéficier de consultations en ligne via des appels téléphoniques, des visioconférences, ainsi que des webinaires thématiques, organisés aussi bien en ligne qu’en présentiel.
Cette diversité de formats répond à plusieurs enjeux. D’une part, elle permet d’élargir l’accès à l’information en matière de comptabilité, notamment pour les entrepreneurs situés dans des zones éloignées des grands centres urbains. D’autre part, elle accompagne la transition numérique de l’administration fiscale, qui encourage depuis plusieurs années l’utilisation de services électroniques pour la déclaration des impôts et la transmission des documents comptables. Des sessions thématiques spécifiques seront consacrées à l’utilisation des plateformes numériques officielles, afin de réduire les erreurs et les retards dans les déclarations.
Les autorités reconnaissent que la maîtrise des outils numériques reste inégale parmi les entrepreneurs. C’est pourquoi le rôle des comptables intervenant dans le cadre de l’opération est central. Ils ne se contenteront pas de répondre aux questions ponctuelles, mais expliqueront également les mécanismes de base de la comptabilité moderne, en lien avec les exigences fiscales. Ainsi, le dispositif entend renforcer les compétences des acteurs économiques, plutôt que de se limiter à une assistance ponctuelle.
Par ailleurs, l’accent mis sur les impôts reflète une préoccupation récurrente des petites entreprises. Les erreurs de déclaration ou les retards peuvent entraîner des pénalités financières, parfois lourdes pour des structures fragiles. En offrant un accompagnement gratuit, l’État cherche à prévenir ces situations, tout en améliorant la conformité fiscale globale. Selon les autorités, cette approche pédagogique devrait également contribuer à renforcer la confiance entre l’administration et les contribuables.
Une implantation territoriale adaptée aux réalités locales
La dimension territoriale de l’opération constitue un autre pilier du dispositif. Des lieux spécifiques de consultation seront identifiés dans les grandes villes du pays, notamment à Astana, Almaty et Shymkent. Dans ces métropoles, les consultations pourraient être organisées dans plusieurs districts, afin de limiter les déplacements des entrepreneurs et de fluidifier l’accueil du public.
Dans les régions, l’organisation se veut tout aussi flexible. Selon les précisions fournies par le Comité des revenus d’État, les consultations pourront se tenir au niveau des districts, avec, si nécessaire, des déplacements de spécialistes vers les zones moins accessibles. « À Astana, Almaty et Shymkent, il est prévu de déterminer des lieux distincts pour la tenue des consultations, et dans les régions, des sorties de spécialistes seront organisées si besoin », fait savoir cette administration.
Cette approche décentralisée vise à corriger les inégalités d’accès à l’information en matière de comptabilité et de impôts. En effet, les entrepreneurs des zones rurales ou périphériques disposent souvent de moins de ressources pour recourir à des comptables professionnels, en raison de coûts élevés ou d’un manque d’offre locale. En apportant un service gratuit et de proximité, l’État espère stimuler l’activité économique locale et encourager la formalisation des entreprises.
La durée de l’opération, fixée à près de six mois, traduit également une volonté d’inscrire cette opération dans le temps. Du 5 janvier au 30 juin 2026, les autorités disposeront d’une période suffisante pour évaluer les besoins, ajuster les formats et mesurer l’impact du dispositif. Cette phase pilote pourrait servir de base à des initiatives similaires à l’avenir, si les résultats sont jugés concluants.
Enfin, au-delà de l’aspect strictement technique, « Comptable populaire » revêt une dimension symbolique. En mettant en avant la comptabilité comme un outil d’accompagnement plutôt que de sanction, l’administration fiscale cherche à modifier son image auprès des entrepreneurs. Dans un pays où la simplification administrative est régulièrement évoquée comme un objectif stratégique, cette initiative constitue un signal fort en direction des petites entreprises, des comptables et de tous les acteurs concernés par les impôts.
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