Asman : Pékin s’invite dans le grand projet urbain de Sadyr Japarov
Asman

Le projet de ville nouvelle Asman, au cœur de l’ambition urbaine du Kirghizstan, semble connaître un regain d’intérêt avec la signature récente d’un mémorandum entre les autorités kirghizes et le groupe chinois China Construction Company le 20 octobre 2025.

Asman : un beau projet resté pour le moment sur le papier

Située en bordure du lac Issyk‑Kul, la ville-projet Asman, imaginée depuis plusieurs années par le président Sadyr Japarov, est désormais relancée avec l’entrée en scène de l’investisseur chinois. La genèse du projet Asman remonte à un lancement symbolique : le 30 juin 2023, le président Japarov a posé une capsule sous la future éco-ville, conçue pour accueillir 500.000 à 700.000 habitants. Le coût estimé de l’ensemble du projet est d’environ 20 milliards de dollars. Le site choisi se situe à environ 15 km à l’est de la ville de Balykchy, dans la région d’Issyk-Kul.

Le caractère urbain de la ville est structuré autour d’un concept écologique : l’ensemble doit intégrer des transports doux, des matériaux à faible impact, des technologies « intelligentes », et se développer selon une « feuille de route » triennale définie par le gouvernement. Ainsi, le projet d’urbanisme est clairement affiché comme un « pilote » pour une nouvelle forme d’aménagement territorial au Kirghizstan.

Asman : sur le terrain, la construction a à peine avancé

Le chemin vers la réalisation de cette ville-projet a cependant été semé d’embûches. En avril 2025, le gouvernement kirghize a officiellement résilié un accord d’investissement avec la chinoise CITIC Merchant et sa filiale kirghize Module House, qui prévoyait un engagement de 480 millions de dollars sur une parcelle de 4.015 ha à Tamchin. Le courrier officiel ne mentionnait pas les raisons de cette rupture.

Par ailleurs, certaines critiques portent sur la faisabilité : par exemple, déjà en juillet 2023, des observateurs relevaient qu’il manquait un chiffrage fiable, un schéma de financement solide et que les aspects environnementaux n’étaient pas encore sécurisés. De surcroît, l’ancien gouvernement avait affirmé que « le premier bâtiment sera achevé en un an à un an et demi ». Mais au moment de ce pronostic, seuls des travaux préparatoires étaient constatés (voirie, terrain, fondations). Ce cumul de retards et d’incertitudes avait conduit certains médias à parler d’un projet « qui reste dans les nuages ».

Le nouveau virage avec l’investisseur chinois

Le 20 octobre 2025 marque un tournant : l’Agence nationale kirghize des investissements, la Direction d’État pour la construction de la ville écologiquement propre Asman et la China Construction Company ont signé un mémorandum à Pékin en vue d’un « développement d’interactions dans les domaines : investissements, infrastructures et construction », avec une orientation vers l’importation de technologies et capitaux étrangers.

Ce partenariat peut être analysé comme :

  • un rafraîchissement du projet «ville Asman»,
  • une opportunité pour le Kirghizstan de relancer l’appel à l’investissement extérieur,
  • un axe stratégique pour la Chine d’étendre ses opérations d’infrastructure en Asie centrale.

Cependant, plusieurs inconnues subsistent : le montant exact de l’investissement chinois n’a pas été rendu public, le calendrier opérationnel demeure flou, et la nature des technologies importées n’est pas encore précisée. Du point de vue de l’urbanisme, cela implique que la ville Asman pourrait devenir un laboratoire de villes écologiques en Asie centrale — ou rester un projet hors-sol si les capitaux et la gouvernance ne suivent pas.

Par Païsiy Ukhanov
Le 10/20/2025

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