Le Kazakhstan bat des records d’arrivées d’étrangers en 2025
des étrangers arrivent au Kazakhstan

Le Kazakhstan, vaste territoire d’Asie centrale, a enregistré un flux migratoire sans précédent au premier semestre 2025. Plus de 7,5 millions d’étrangers ont franchi ses frontières entre le 1ᵉʳ janvier et le 30 juin, annonce le ministère de l’Intérieur. Ce chiffre spectaculaire, en hausse de 600.000 par rapport à la même période en 2024, redessine les contours géopolitiques et économiques d’un pays désormais perçu comme un pôle d’attraction migratoire majeur. Mais qui sont ces nouveaux entrants, et pourquoi choisissent-ils le Kazakhstan ?

Un Kazakhstan devenu hub régional : les chiffres d’un tournant

Si le Kazakhstan fascine, c’est d’abord par ses volumes. Entre janvier et juin 2025, plus de 7,5 millions d’étrangers sont entrés sur son territoire, a fait savoir le premier vice-ministre de l’Intérieur, Bauyrzhan Alenov. Neuf visiteurs sur dix proviennent des États membres de la Communauté des États indépendants (CEI), cet espace post-soviétique où les migrations s’inscrivent dans des logiques historiques de proximité culturelle, linguistique et économique.

Dans le détail, environ 430.000 étrangers résident actuellement temporairement dans le pays. Parmi eux, 360.000 sont venus travailler, 17.000 ont rejoint leur famille, 8.000 sont inscrits dans des établissements d’enseignement, tandis que le reste a invoqué des motifs privés incluant le tourisme, segment en plein essor.

Mais l’attractivité ne se limite pas à la précarité des séjours. Le pays héberge désormais 212.000 résidents étrangers permanents, concentrés à Almaty (42.000), dans la région d’Almaty (32.000), à Astana (17.000) et dans celle de Karaganda (17.000). Le chiffre a bondi de 42% en seulement trois ans, une progression que peu d’États peuvent revendiquer dans cette partie du globe.

Du visa au casier : le Kazakhstan muscle sa politique migratoire

À l’heure où les flux s’intensifient, la République du Kazakhstan durcit le ton face aux abus. Depuis janvier 2025, plus de 200.000 étrangers ont été sanctionnés par les autorités pour diverses infractions administratives. Parmi eux, 46.000 ont enfreint les règles de séjour, et près de 10.000 ont été expulsés avec interdiction de retour pour une période de cinq ans. Pas de demi-mesure.

Pour autant, le tableau n’est pas noirci à outrance. Le même Alenov se veut rassurant : « 97% des entrants respectent la loi ». Une statistique qui conforte la posture de fermeté équilibrée défendue par le gouvernement : accueillir, oui — mais pas sans contrôle.

Quels visages derrière les chiffres ? Tourisme chinois, main-d’œuvre ouest-centrasiatique

Derrière ces millions de passages se cachent des réalités économiques contrastées. Du côté des séjours longs, la main-d’œuvre migrante prédomine : l’essentiel des 360.000 travailleurs provient de pays limitrophes en quête de débouchés plus stables, notamment le Kirghizistan, l’Ouzbékistan ou le Tadjikistan. L’existence d’accords bilatéraux facilite leur venue, souvent dans les secteurs de la construction, de l’agriculture ou du service.

Le tourisme s’affirme, lui aussi, comme un vecteur de mobilité stratégique. En 2024, 15,3 millions de visiteurs étrangers ont été enregistrés, dont 10,4 millions sont restés plus de 24 heures. Les Chinois en tête, avec 655.000 entrées sur une seule année. Une dynamique que soutient la politique gouvernementale en matière de visa électronique et d’amélioration des infrastructures.

Enfin, le regroupement familial et les étudiants étrangers contribuent à la diversification du profil migratoire. Si leurs chiffres restent modestes (respectivement 17.000 et 8.000 au premier semestre 2025), ils incarnent une tendance de fond : celle d’un Kazakhstan qui s’inscrit progressivement dans les réseaux d’éducation et de mobilité transnationale.

Le Kazakhstan, point d’ancrage d’un nouvel équilibre migratoire régional ?

Le Kazakhstan ne serait-il plus seulement une escale, mais une destination ? C’est bien ce que suggère l’ensemble des indicateurs : croissance continue des résidents étrangers, développement des politiques d’intégration, infrastructures modernisées et partenariat accru avec ses voisins de la CEI. La géographie migratoire d’Asie centrale semble se redessiner autour de ce pays autrefois perçu comme simple pays de transit.

Reste à voir si cette stabilité relative saura résister aux pressions économiques, aux tensions géopolitiques ou aux déséquilibres internes. En attendant, le Kazakhstan se dresse comme un cas d’école : celui d’un pays qui, sans renier sa souveraineté, tente d’orchestrer la mobilité à son avantage.

Par Païsiy Ukhanov
Le 07/22/2025

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