Le 15 juillet 2025, des exercices militaires conjoints russo-ouzbeks baptisés « Khamkorlik‑2025 » ont débuté sur la base militaire de Termez, dans le sud‑ouest de l’Ouzbékistan. Ces manœuvres, d’une durée de dix jours, visent à renforcer la coopération tactique entre les deux armées, dans un environnement désertique et montagneux où se mêlent drones, avions, troupes spéciales et guerre électronique.
Un exercice militaire calibré dans la rigueur
Les relations militaires russo‑ouzbeks s’inscrivent dans un cadre clair : le plan stratégique 2025–2030, signé en janvier 2025, prévoyait 50 entraînements conjoints. Ici, près de 400 soldats – issus des forces spéciales ouzbèkes et russes – participent à des scénarios complexes : détection et destruction de groupes armés illégaux dans les zones frontalières, reprise de bâtiments occupés, assauts urbains. Cette mécanique exige une coordination interarmes aiguë, orchestrée par les états‑majors des deux pays.
Drones et systèmes automatisés à l’épreuve du désert
Un axe de ces manœuvres reste la guerre robotisée. Des opérateurs ouzbeks et russes testent des drones FPV et Muravey, associés à un système robotisé de logistique KTZ pour l’évacuation des blessés simulés. Les frappes simulées sur blindés fictifs confirment la montée en puissance ouzbèke en matière de drones, après avoir inauguré des centres de formation dès 2023. L’expérience acquise alimente la réflexion sur une production locale.
L’armée ouzbèke renforce ses compétences tout en évitant un rattachement à l’OTSC
Le contingent russe a été déployé depuis la base 201 au Tadjikistan, traversant 300 km de cols et de déserts via des BTR‑82A, camions URAL et KamAZ. Les manœuvres incluent aussi des unités de montagne, de guerre électronique, de reconnaissance et des hélicoptères Mi‑24. Ce déploiement massif symbolise un affichage de solidarité militaire dans la région et confirme la modernisation tactique de l’armée russe.
Outre l’aspect strictement militaire, le but est aussi politique : renforcer la « fraternité militaire », comme l’indiquent les communiqués des deux ministères de la Défense, tout en illustrant l’indépendance ouzbèke – non rattachée à l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Cerise sur le gâteau, des activités sportives et culturelles sont organisées, ouvrant une porte à la diplomatie non‑armée.
Ces exercices militaires ne sont pas un simple test de matériel : c’est un manifeste. L’Ouzbékistan affirme son autonomie stratégique en modernisant ses compétences, tandis que la Russie projette sa puissance dans un voisinage vital. Résultat ? Une coopération militaire étendue, tactiquement sophistiquée, entretenue par des échanges technologiques — et surtout, calibrée pour marquer les esprits par sa force, son modernisme… et sa cohérence. Un théâtre désertique, mais une partition soigneusement orchestrée.