Trois nouvelles centrales photovoltaïques seront prochainement mises en service au Tadjiksitan, dans la région de Mourgab, une zone reculée du Haut-Badakhchan. Ces projets, qui s’inscrivent dans le cadre de la stratégie nationale d’électrification rurale, visent à apporter une alimentation fiable et durable aux villages perchés à des altitudes extrêmes. Un enjeu énergétique et géopolitique de taille pour le Tadjikistan.
Photovoltaïque en haute altitude : un pari technologique ambitieux dans le Tadjikistan oriental
Trois sites, trois puissances, une seule promesse : celle de la lumière. À Alichour, une installation de 2,8 mégawatts (MW) est sur le point d’être achevée. Elle sera accompagnée d’un système de stockage de 1,4 mégawattheure (MWh), destiné à compenser l’intermittence solaire. Non loin de là, les villages de Gulzor et Bulunkul accueilleront respectivement des infrastructures de 450 kilowatts (kW) et 565 kW, dotées de batteries de 220 et 360 kilowattheures (kWh).
Selon le ministère de l’Énergie, « les objets à Alichour et Gulzor devraient entrer en service d’ici la fin juin, tandis que la centrale de Bulunkul est prévue pour fin juillet [2025] » Un calendrier serré, sur lequel le ministre Daler Djouma n’a laissé aucune ambiguïté lors de sa visite sur le terrain.
Des photovoltaïques dans le cadre du programme « Électrification des villages » : solution durable ou vitrine politique ?
Présenté comme un volet de la stratégie nationale d’électrification rurale baptisée « Électrification des villages », le projet vise, d’après les autorités, à fournir « une électricité écologiquement propre aux localités isolées et en haute montagne ». Le message est clair : le gouvernement cherche à concilier souveraineté énergétique, réduction de la pauvreté énergétique et transition environnementale.
Mais au-delà des intentions, ces centrales illustrent surtout la nécessité pour le Tadjikistan de diversifier un mix encore largement dominé par l’hydroélectricité. En saison sèche ou en période de gel, les barrages peinent à répondre à la demande. Le solaire, avec ses atouts de modularité et de déploiement rapide, apparaît comme une alternative idéale dans les zones difficiles d’accès.
Le Tadjikistan mise sur les photovoltaïques pour sécuriser son avenir énergétique
Cette offensive solaire s’inscrit dans un mouvement régional plus large. En mai 2025, ACWA Power a confirmé un projet de 200 MW dans la vallée de Sughd. En parallèle, la Banque mondiale soutient le programme TREP (Tajikistan Rural Electrification Project), qui appuie de nombreuses initiatives photovoltaïques dans le sud et l’est du pays.
Dans ce contexte, les trois unités de Mourgab font figure de projet pilote. Ce sont « des équipements modernes, dotés de batteries de dernière génération » a insisté le ministère (Asia-Plus, 20 juin 2025), qui exige l’application stricte des technologies les plus avancées pour garantir la robustesse des infrastructures.
En coulisses, ces projets sont aussi un levier d’influence : démonstration technologique, vitrine de la coopération internationale (avec USAID et GIZ en soutien indirect), et atout pour la stabilité sociale dans les régions frontalières à forte sensibilité politique.
La lumière va donc arriver, peut-être pour la première fois, dans ces hameaux perchés au sommet du Pamir. Mais la transition énergétique au Tadjikistan ne sera pas seulement une affaire de panneaux. C’est un test grandeur nature : pour la fiabilité des technologies solaires, pour la compétence de l’État à gérer un réseau éclaté, et pour l’avenir d’une région trop longtemps restée dans l’ombre. Les kilowatts solaires sont en chemin. Reste à savoir s’ils suffiront à éclairer un modèle.