Le 23 mai 2025, le Tadjikistan a franchi un cap : le lancement de son premier point d’échange Internet local (IXP), baptisé TJ‑IX, a bouleversé la donne pour le pays et promet un Internet renouvelé. Mais au-delà de son aspect technologique, ce nœud marque une ambition : celle de moderniser et sécuriser son réseau dans un contexte géopolitique sensible.
L’IXP, un atout souverain pour le Tadjikistan
Un IXP – Internet Exchange Point – permet aux fournisseurs d’accès, data centers, administrations et universités d’échanger des données directement, sans transit via l’étranger. Cette architecture diminue la latence (les temps de réponse), réduit les coûts de transit et renforce la résilience du réseau. Avec une capacité jusqu’à 500 Gbps, une disponibilité garantie à 99,99% et la prise en charge d’IPv4 et IPv6, TJ‑IX s’inscrit comme une colonne vertébrale pour un Internet national plus robuste.
Accélération, économies et sécurisation de l’Internet au Tadjikistan
Le Service des communications du Tadjikistan indique que le lancement permettra une réduction sensible de la latence, une augmentation des débits et une baisse des coûts de transit international. En clair : un Internet plus rapide, moins cher, et surtout plus sécurisé, notamment face aux vulnérabilités liées au transit via des infrastructures étrangères.
Avant 2025, des tentatives d’IXP existaient au Tadjikistan, dès 2005 via l’Association des ISP, mais elles furent abandonnées. Un rapport de l’Internet Society (2017) soulignait justement les freins techniques, institutionnels et politiques, appelant à une vision partagée et une gouvernance neutre. Aujourd’hui, avec TJ‑IX, le Tadjikistan concrétise une idée portée depuis plus de vingt ans. Le gouvernement, dominé par Tojiktelecom, opte pour une structure centralisée – gage selon certains d’efficacité, selon d’autres d’un contrôle accru. Les rivalités entre opérateurs pourraient pourtant réapparaître.
Au-delà de Douchanbé, le plan prévoit d’étendre le système à l’échelle territoriale, vers les universités et les zones rurales, tout en s’interconnectant avec des plateformes internationales. Ajoutez à cela des projets de fibre optique vers le Pakistan, via le corridor Wakhan : le Tadjikistan pourrait devenir une plaque tournante régionale, redistribuant un accès à Internet plus souverain – loin de la domination russe ou ouzbèke.
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