Le ministère des Affaires étrangères du Kazakhstan a confirmé l’intérêt stratégique porté aux infrastructures maritimes du Pakistan. L’objectif affiché ? Utiliser les ports de Karachi, Qasim et Gwadar comme relais pour le transit de marchandises kazakhstanaises à destination du Golfe Persique, de l’Afrique et de l’Asie du Sud-Est.
Le Kazakhstan mise sur les ports pour élargir son horizon
Lors de son entretien avec le ministre pakistanais des Affaires maritimes, Muhammad Junaid Anwar Chaudhry, Yerzhan Kistafin, l’ambassadeur du Kazakhstan au Pakistan, n’a pas traîné pour donner le ton : coopération, logistique, intégration. Un trio gagnant ? « Les ports du Pakistan peuvent devenir des hubs de transit pour toute l’Asie centrale », a-t-il déclaré.
Que représentent concrètement ces ports ? Karachi, mastodonte historique du commerce pakistanais, aligne plus de cinquante quais en service. Qasim, port industriel moderne, complète l’offre sur la côte sud. Et Gwadar ? Situé à l’extrême sud-ouest, il symbolise la nouvelle frontière de l’intégration sino-pakistanaise via le corridor CPEC. C’est précisément cette diversité d’accès, maritime et logistique, qui attire Astana.
Ports du Pakistan : un accès convoité par le Kazakhstan
Mais pourquoi maintenant ? Parce que l’Union européenne investit : dix millions d’euros sont annoncés pour renforcer le corridor transcaspien, cette voie stratégique entre la Chine et l’Europe qui traverse le Kazakhstan. Astucieusement, Astana anticipe l’extension de cette route vers le sud, en connectant le réseau kazakhstanais au Pakistan via l’Afghanistan.
Un corridor transafghan sous tension, mais qui reste stratégique
Reste un obstacle majeur : l’Afghanistan. Toute la viabilité du corridor repose sur la stabilité d’un territoire encore miné par des incertitudes sécuritaires. Pourtant, le projet avance. En février 2025, Damir Kozhakhmetov, le directeur des Chemins de fer kazakhstanais, a présenté à Islamabad les contours du corridor transafghan, évoquant un potentiel de vingt millions de tonnes de fret annuel. Une aubaine pour les exportateurs kazakhstanais privés de littoral.
À cela s’ajoute une dynamique régionale : Tachkent est aussi sur les rangs pour ce même accès au sud. Le Kazakhstan joue donc vite, avant que l’Asie centrale ne se bouscule au portillon pakistanais.
L’avenir du transit kazakhstanais passera-t-il par Karachi ?
Il ne s’agit plus d’un simple projet mais d’une projection géopolitique ambitieuse. Une délégation kazakhe doit se rendre prochainement sur les sites portuaires pour évaluer la faisabilité logistique. Le Kazakhstan, enclavé par nature, cherche une issue maritime par stratégie. Et cette issue pourrait bien se dessiner à Karachi, à Qasim et à Gwadar.