Le gouvernement du Kirghizstan annonce son intention de construire deux à trois nouvelles centrales hydroélectriques par an sur les cinq prochaines années, une initiative majeure pour renforcer l’indépendance énergétique. Dans un contexte de crise énergétique aggravée par la baisse des niveaux d’eau, ce programme vise à répondre à la demande croissante et réduire la dépendance aux importations d’électricité.
Objectif : lancer 15 nouvelles centrales hydroélectriques d’ici 2029
Depuis trois décennies, peu de centrales hydroélectriques ont été construites au Kirghizstan, ce qui a contribué à aggraver la crise énergétique actuelle. Alibek Matiev, du ministère de l’Économie, a annoncé que le pays compte accélérer ce rythme avec l’ambition de lancer 15 nouvelles centrales hydroélectriques d’ici 2029. La première de ces installations, la centrale d’Orto-Tokoy, est actuellement en construction. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large d’augmenter la capacité énergétique en investissant également dans l’énergie solaire et éolienne. Des panneaux solaires sont d’ores et déjà installés dans les régions de Talas, Batken et Naryn, tandis que des projets éoliens sont prévus à Issyk-Koul.
Cette annonce se produit alors que le pays traverse une période compliquée en raison de la diminution des niveaux d’eau dans les réservoirs, notamment celui de Toktogoul, qui alimente l’essentiel des centrales hydroélectriques kirghizes. Le gouvernement tente de rassurer les citoyens sur la disponibilité de l’électricité, mais la situation reste délicate, avec des risques d’interruptions temporaires si la demande s’intensifie en hiver. Les autorités recommandent aux citoyens de modérer leur consommation et d’être prêts à d’éventuelles coupures de courant en cas de surcharge sur les infrastructures électriques.
Bientôt une nouvelle centrale hydroélectrique près de Jalal-Abad
En parallèle, le projet de la centrale Chandalash, en cours de construction par l’agence russe Rosatom en partenariat avec une entreprise kirghize et le Fonds de développement russo-kirghize, devrait renforcer la production d’énergie locale. Prévue pour générer jusqu’à 30 MW d’électricité dans la région de Jalal-Abad, cette centrale hydroélectrique devrait voir le jour d’ici trois ans. L’arrivée de cette infrastructure vise non seulement à stabiliser l’approvisionnement électrique local, mais également à soutenir le développement industriel de la région.
Pourtant, cette intensification des projets ne résout pas immédiatement les pénuries actuelles. Le Premier ministre, Akylbek Japarov, conscient des tensions générées par le manque d’énergie, a exhorté la population à faire preuve de patience et à consommer l’électricité de manière responsable. Il rappelle que le secteur souffre de la vétusté de ses équipements, et que de nouvelles constructions nécessitent plusieurs années. Afin d’alléger la demande locale, le pays importe de l’électricité de Russie et du Turkménistan, malgré les difficultés logistiques liées aux infrastructures de transit au Kazakhstan et en Ouzbékistan.
Un approvisionnement adéquat en électricité, une condition sine qua none pour le développement économique
Le déficit énergétique de 6 milliards de kWh, dont 3 milliards sont couverts par des importations, constitue un frein au développement économique. La relance des centrales hydroélectriques fait partie d’un ensemble d’initiatives visant à rendre le pays plus autonome, notamment par l’introduction de nouvelles sources d’énergie renouvelable. Les projets de petites centrales hydroélectriques comme « Baly-Saruu » à Talas (25 MW) et « Karakol » dans la région de Jalal-Abad (18 MW) devraient contribuer à cet objectif. Afin de faciliter le développement de l’énergie durable, le gouvernement a également allégé les restrictions fiscales pour les infrastructures énergétiques et levé les contraintes de quotas pour les installations de production renouvelable.
Malgré ces progrès, les défis persistent. La production locale reste insuffisante pour répondre aux besoins croissants de la population, et le gouvernement doit équilibrer les attentes de la population face aux coupures de courant possibles et aux appels à économiser l’énergie. Le faible niveau d’eau dans le réservoir de Toktogoul limite également la production et oblige le Kirghizstan à importer davantage d’électricité. Face à ces contraintes, la diversification des sources d’énergie devient cruciale, bien que des mesures immédiates, comme l’importation, demeurent nécessaires.
Les experts du secteur critiquent également les choix passés des autorités, qui auraient, selon eux, contribué au manque d’autonomie du secteur énergétique. Des décisions comme l’ouverture des fermes de minage et l’augmentation de la consommation d’électricité pour le chauffage contribuent à la crise actuelle. La situation met en évidence l’urgence d’une politique énergétique durable et structurée, ainsi que d’une gestion rigoureuse des ressources en eau.