Il est venu le temps des puissances moyennes, estime Kassym-Jomart Tokaïev
Kassym-Jomart Tokaïev au Forum Astana Think Tank © Akorda

Lors du Forum Astana Think Tank, le 17 octobre 2024, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a exposé sa vision de la position et du rôle de son pays sur la scène internationale, en tant que puissance moyenne. Le Kazakhstan, fort de son influence, s’engage à jouer un rôle crucial dans la médiation des conflits et la promotion de la stabilité régionale et mondiale, tout en renforçant son engagement envers les réformes économiques et politiques internes.

Les puissances moyennes peuvent peser face à la polarisation croissante des grandes puissances

Dès le début de son discours, Kassym-Jomart Tokaïev a souligné les défis globaux auxquels le monde est confronté aujourd’hui, notamment les conflits régionaux, l’instabilité économique, les crises climatiques, alimentaires et migratoires. Pour le président du Kazakhstan, ces problèmes ne peuvent être résolus que par une coopération internationale renforcée, basée sur des efforts collectifs. Il a affirmé que le Kazakhstan est honoré de participer à la recherche de solutions communes à ces enjeux pressants.

Le rôle des puissances moyennes, telles que le Kazakhstan, devient de plus en plus important dans ce contexte de polarisation croissante des grandes puissances. Selon Kassym-Jomart Tokaïev, alors que les grandes nations se retrouvent souvent paralysées par des rivalités ou des désaccords, les puissances moyennes sont plus aptes à jouer les rôles de médiateurs dans les conflits internationaux. Ces pays, à l’instar du Kazakhstan, sont ainsi essentiels au maintien des fondements de la coopération mondiale.

Investissements étrangers : le Kazakhstan maintient le cap

En ce qui concerne la situation interne du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev a évoqué les réformes politiques et économiques en cours, qui visent à soutenir la stabilité du pays tout en favorisant son développement économique. Il a rappelé que le Kazakhstan avait attiré 400 milliards de dollars d’investissements directs étrangers et prévoit d’en attirer 150 milliards supplémentaires d’ici 2029. Un nouvel investissement stratégique, soutenu par la création d’un Conseil de l’investissement doté de larges pouvoirs, est en cours pour renforcer ces efforts.

En matière de politique étrangère, Kassym-Jomart Tokaïev a réaffirmé l’engagement de son pays envers les principes d’indépendance, de multilatéralisme et de stabilité régionale. Le Kazakhstan soutient fermement le rôle des Nations unies en tant que principal organe de coopération mondiale. Kassym-Jomart Tokaïev également mis en avant l’importance d’un dialogue constructif avec tous les partenaires clés pour garantir une paix durable et une prospérité partagée dans la région et au-delà. En ce sens, il a rappelé le rôle du Kazakhstan dans la facilitation de négociations internationales, notamment sur le nucléaire iranien et les conflits en Syrie, ainsi que la récente rencontre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Le Kazakhstan assume son choix du désarmement nucléaire

Le président du Kazakhstan a aussi souligné l’engagement de son pays dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires et le soutien aux efforts mondiaux en faveur du désarmement. Le Kazakhstan, ayant volontairement renoncé à son arsenal nucléaire, poursuit ses initiatives pour promouvoir la sécurité mondiale, notamment avec son projet de créer une Agence internationale de sécurité biologique. De plus, le pays reste fermement engagé dans l’agenda climatique mondial, en soutenant des initiatives telles que l’Accord de Paris sur le climat.

Rendre la voix des puissances moyennes plus audibles au sein de l’ONU

Dans sa vision pour l’avenir, Kassym-Jomart Tokaïev a affirmé que le Kazakhstan continuera de défendre les intérêts des puissances moyennes sur les forums internationaux, y compris au Conseil de sécurité des Nations Unies. Il a d’ailleurs plaidé pour une réforme de ce dernier afin de le rendre plus inclusif et efficace. Pour lui, la voix des puissances régionales et moyennes doit être mieux entendue dans les affaires mondiales, et les Nations unies, malgré ses défauts, restent un acteur indispensable à la paix mondiale.
Lors de son intervention, Kassym-Jomart Tokaïev a abordé la question du conflit russo-ukrainien, appelant à une résolution pacifique. Selon lui, une victoire militaire sur la Russie est irréaliste, étant donné sa force militaire et le soutien interne à la politique du président Poutine. Il a donc plaidé pour des négociations constructives et pragmatiques, estimant que la paix est le seul chemin viable, car l’alternative ne serait qu’un conflit destructeur sans fin.

Enfin, Kassym-Jomart Tokaïev a réaffirmé la position du Kazakhstan sur le multilatéralisme. Selon le chef de l’État du Kazakhstan, l’ordre mondial doit reposer sur les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies. Il a appelé à une consolidation des efforts pour mettre fin aux conflits mondiaux par le dialogue et le compromis, tout en soulignant que le Kazakhstan, tout en poursuivant ses réformes internes, resterait ouvert au commerce et aux investissements internationaux.

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