Face à une crise imminente de pénurie d’avions, la Russie envisage de demande de l’aide à des compagnies aériennes du Kazakhstan pour assurer certains vols intérieurs. Les sanctions internationales limitant l’importation d’avions occidentaux et de pièces détachées ont en effet mis en péril le parc aérien russe, incitant les autorités à se tourner vers des pays « amicaux » pour obtenir un soutien.
Vols de cabotage : la Russie mène des discussions avec le Kazakhstan notamment
Depuis le début de la guerre contre l’Ukraine, la flotte des compagnies aériennes russes a subi une réduction significative, passant de 850 appareils avant 2022 à 736 au début de 2023, selon le cabinet Oliver Wyman. En raison des sanctions qui interdisent l’achat de nouveaux avions et l’importation de pièces pour l’entretien, la situation devrait empirer dans les prochaines années. Il est prévu qu’à partir de 2025, de nombreux appareils devront subir des réparations majeures, pour lesquelles la Russie ne pourra compter sur les fournisseurs habituels.
Par conséquent, la Russie discute actuellement avec le Kazakhstan pour que des compagnies kazakhes puissent opérer des vols intérieurs en Russie : cela s’appelle le cabotage. Le ministre russe des Transports, Romain Starovoit, a déclaré que des discussions similaires sont en cours avec d’autres pays « amicaux » sans toutefois en préciser le nom, révèle The Moscow Times.
Russie : une vraie production nationale d’avions n’est pas encore au point
Cette situation s’ajoute aux retards dans la production des avions nationaux, que les autorités russes espéraient voir remplacer les appareils étrangers. En effet, une ambitieuse stratégie visant à produire localement 120 avions par an d’ici 2026, puis 200 en 2028, a été lancée pour atteindre une autosuffisance aérienne sans précédent depuis l’ère soviétique. Cependant, le projet a rencontré d’importants obstacles. Initialement, la production devait livrer cinq avions civils d’ici 2022, dont des Sukhoi Superjet et des Tupolev Tu-214, mais la production réelle a largement déçu les attentes avec seulement deux Tu-214 et un Il-96-300.
Devant ces difficultés de production, le gouvernement a revu ses objectifs à la baisse. Ainsi, en 2025, au lieu des 82 avions initialement prévus, seuls 20 sont désormais attendus. Cette révision à la baisse continue sur les années suivantes : pour 2026, le nombre prévu est passé de 120 à 97 appareils, et pour 2027, de 180 à 140. L’industrie aéronautique russe, en proie à des défis techniques et financiers, peine à compenser la perte des équipements étrangers, rendant la dépendance temporaire aux compagnies étrangères, notamment kazakhes, presque inévitable pour assurer la continuité des vols intérieurs.
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