Tadjikistan : les voitures électriques, un risque pour l’approvisionnement en énergie ?
voitures électriques

Avec près de 10.000 voitures électriques en circulation, les habitants du Tadjikistan s’inquiètent de la pression supplémentaire sur le réseau électrique, surtout durant l’hiver, où le déficit énergétique est courant. Cette situation soulève la question de savoir si l’augmentation du nombre de véhicules électriques pourrait aggraver les pénuries saisonnières d’électricité, un problème chronique pour les zones rurales du pays.

Tadjikistan : le manque d’électricité, conséquence directe de la pénurie d’eau

La pénurie d’électricité en hiver est un phénomène bien connu au Tadjikistan. Alors que les grandes villes bénéficient d’un approvisionnement relativement stable, les zones rurales, où vit plus de 70% de la population, subissent des coupures régulières. Ces régions ne reçoivent généralement de l’électricité qu’environ 8 à 9 heures par jour durant l’hiver. Cette limitation énergétique, mise en place dès la fin septembre jusqu’à avril, dépend principalement de la disponibilité en eau du barrage de Nurek, qui alimente les principales centrales hydroélectriques du pays. L’ampleur des restrictions dépend de la rigueur de l’hiver et du niveau d’eau dans la rivière Vakhch, une source cruciale pour la production d’électricité.

Selon les autorités tadjikes, les besoins en électricité augmentent de 9% chaque année, en raison de la croissance démographique et du développement des industries. Face à cela, tout comme au Kazakhstan, il existe au Tadjikistan des craintes quant à l’impact des véhicules électriques sur le réseau. Toutefois, le réservoir de Nurek avait atteint sa capacité maximale en août 2024, ce qui devrait permettre une gestion plus souple des besoins. Néanmoins, en cas de froid intense, les restrictions énergétiques sont inévitables.

Les véhicules électriques : une demande croissante en énergie

L’accélération de l’électrification du parc automobile a été facilitée par des mesures incitatives, telles que l’exonération des taxes à l’importation des voitures électriques pour une durée de 10 ans, introduite en 2022. De plus, la capitale, Douchanbé, a pris des initiatives audacieuses en obligeant les compagnies de taxi à adopter exclusivement des véhicules électriques d’ici septembre 2025. Une stratégie qui s’inscrit dans une série de réformes visant à promouvoir un transport écologique, avec l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de diminuer la dépendance aux carburants importés.

Cette politique ambitieuse a conduit à l’importation de plus de 9.000 voitures électriques, dont environ 3.500 sont utilisés comme taxis. En moyenne, ces taxis consomment entre 40 et 50 kilowattheures (kWh) d’électricité par jour, pour une activité d’environ 10 à 12 heures. Les véhicules utilisés à des fins privées ou professionnelles consomment moins, car ils sont généralement moins sollicités. Même avec une consommation quotidienne moyenne de 50 kWh par véhicule, le parc de 10.000 voitures électriques consommerait environ 500 000 kWh par jour, ce qui représente seulement 0,8% de la production quotidienne d’électricité du pays.

Malgré cette augmentation notable de la demande énergétique liée à l’électrification des transports, l’infrastructure électrique actuelle du Tadjikistan semble capable de gérer cette consommation supplémentaire. Les capacités de production nationale dépassent les 60 millions de kilowattheures par jour. En d’autres termes, l’ajout de ces nouveaux véhicules électriques ne devrait pas significativement alourdir le réseau électrique, du moins en termes de capacité globale.

Les autorités s’efforcent donc de rassurer la population sur le fait que les voitures électriques, bien que nouvelles venues dans le paysage énergétique du Tadjikistan, ne représentent pas une menace immédiate pour la stabilité du réseau électrique. Cependant, la situation reste fragile, surtout en période hivernale, lorsque la consommation d’énergie pour le chauffage et les autres usages domestiques atteint son pic.

Illustration www.freepik.com.

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