Réformes du système de santé au Kazakhstan : quels changements à venir ?
Système d'assurance maladie obligatoire Kazakhstan

Le gouvernement du Kazakhstan prévoit de transférer plusieurs maladies du paquet garanti de soins gratuits vers le Système d’assurance maladie obligatoire (OSMS). Ce transfert touchera sept des treize maladies actuellement prises en charge par l’État d’ici 2027. Le président Kassym-Jomart Tokaïev appelle également à une refonte de l’ensemble du système de santé, pointant les inefficacités et les fraudes. Bien que le système d’assurance ait permis de mobiliser des ressources supplémentaires, il comporte encore de nombreuses lacunes, notamment en termes de transparence et d’efficacité.

Vers une réorganisation des soins de santé gratuits

Lors d’une récente réunion gouvernementale, la ministre de la Santé, Akmaral Alnazarova, a annoncé des réformes significatives dans la prise en charge des maladies au Kazakhstan. Actuellement, treize maladies sont couvertes par le programme de soins gratuits, mais sept d’entre elles seront bientôt transférées dans le cadre du Système d’assurance maladie obligatoire. Parmi ces maladies, celles qui resteront couvertes par le paquet garanti sont la tuberculose, le cancer, le VIH/SIDA, les hépatites et certaines maladies rares.

Ce changement, prévu d’ici 2027, vise à mieux distinguer les soins garantis par l’État et ceux pris en charge par l’assurance maladie. Selon Akmaral Alnazarova, la gestion des ressources entre les deux systèmes, celui des soins garantis et celui de l’OSMS, n’est pas efficace. Le manque de transparence et de clarté rend difficile une gestion optimale des fonds. L’objectif est de créer des « paquets » de services plus précis et mieux administrés, tant pour la population que pour les établissements médicaux.

L’appel à la réforme du président Kassym-Jomart Tokaïev

Dans son discours à la nation, le président Kassym-Jomart Tokaïev a souligné l’importance de réformer le système de santé. Malgré les apports financiers importants liés au Système d’assurance maladie obligatoire, avec un budget de 3300 milliards de tenges alloué cette année, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. « Les distorsions dans les obligations des différents acteurs du système ont conduit à une vague de falsifications », avait-il rappelé dans son discours à la nation le 2 septembre 2024. Il dénonce les pratiques où des services garantis par l’État sont facturés, ou imposent des délais d’attente de plusieurs mois.

Kassym-Jomart Tokaïev a également insisté sur la nécessité de créer un paquet unique de soins médicaux de base, qui serait en équilibre avec les capacités budgétaires. Il préconise également la digitalisation du système de santé pour un contrôle efficace et transparent des données. « Nous devons mettre en place un système d’information unique, permettant de superviser toutes les organisations de santé recevant des commandes publiques », a-t-il ajouté.

Le fonctionnement du Système d’assurance maladie obligatoire et ses défis

Le Système d’assurance maladie obligatoire au Kazakhstan a été mise en place pour élargir l’accès aux soins tout en partageant les coûts entre l’État et les citoyens. Les cotisations sont prélevées à la fois sur les employeurs et les salariés, avec un financement complémentaire de l’État pour certaines catégories vulnérables de la population. Ce système devait permettre d’améliorer la qualité des soins et de réduire les inégalités en matière de santé.

Cependant, ce système rencontre plusieurs défis. Dans un entretien à Kazinform, le président du Fonds d’assurance maladie, Abilkaiyr Skakov, a récemment évoqué les problèmes rencontrés, notamment les disparités dans la répartition des fonds et les niveaux de cotisations. Certains experts estiment que les cotisations actuelles ne suffisent pas à couvrir les besoins croissants du secteur de la santé, tandis que d’autres appellent à une meilleure gestion des fonds alloués. La question de savoir s’il faut augmenter les cotisations ou réformer en profondeur le Système d’assurance maladie obligatoire reste ouverte.

Les problèmes d’accès aux soins, particulièrement dans les régions rurales, ainsi que la qualité des services fournis, sont également des sujets de préoccupation. Le manque de transparence dans l’attribution des ressources et la répartition inefficace des financements aggravent ces difficultés. Ces problèmes structurels pèsent sur le bon fonctionnement du système, malgré les intentions initiales de rendre les soins plus accessibles et de meilleure qualité pour tous les citoyens.

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