La Banque Eurasiatique de Développement (EABR) a développé une conception pour un réseau de transport eurasien reliant l’Est à l’Ouest et le Nord au Sud. Ce projet vise à améliorer la connectivité, l’efficacité et la durabilité des transports à travers l’Eurasie, en s’appuyant sur dix éléments systémiques.
3,6 millions de conteneurs ont transité en Asie centrale en 2023
Le cadre de transport eurasien comprend cinq corridors de transport internationaux clés : les corridors eurasiens Nord, Central et Sud, ainsi que les corridors TRACECA et « Nord-Sud ». Ces corridors, totalisant plus de 50.000 km, relient l’Asie, l’Europe et le Moyen-Orient, permettant une interconnexion continentale accrue. En 2023, le volume total des marchandises transportées à travers ces corridors a été de 260 millions de tonnes, y compris 3,6 millions de conteneurs. Comparé à 2013, les transports de conteneurs internationaux ont triplé, notamment grâce à l’augmentation des échanges commerciaux et aux projets d’infrastructure à grande échelle.
Les échanges commerciaux et les transports en transit avec la Chine ont connu une croissance particulièrement dynamique. Depuis 2013, le nombre de trains de conteneurs reliant la Chine aux pays de l’Union économique eurasiatique et de l’Asie centrale a été multiplié par 200. Cette expansion est soutenue par l’amélioration des infrastructures logistiques, l’ouverture de nouvelles routes ferroviaires et routières et le développement de services de conteneurs efficaces qui détournent une partie du trafic maritime vers les voies terrestres.
Réduire les déséquilibres dans la géographie du commerce en Eurasie
Le cadre de transport eurasiatique est crucial pour l’Asie centrale, favorisant une réduction des coûts de transport et un accès simplifié aux marchés internationaux. Les pays enclavés de cette région font face à des coûts de transport 1,4 fois plus élevés que les pays côtiers. Le développement de nouveaux liens de transport Nord-Sud constitue une opportunité historique pour l’Asie centrale, permettant à cette région de devenir un carrefour de transport continental, d’explorer de nouvelles niches de production et d’améliorer radicalement ses conditions de commerce extérieur, notamment avec l’Asie occidentale et méridionale.
Les études montrent que ce cadre de transport permettra de réduire les déséquilibres dans la géographie du commerce en Eurasie. Par exemple, le potentiel commercial non réalisé entre l’Inde et les pays d’Asie centrale est deux fois supérieur au volume commercial actuel en raison de l’accessibilité limitée des transports. Améliorer cette accessibilité pourrait aussi dynamiser le potentiel agro-industriel de la région, capable de nourrir 600 millions de personnes grâce à l’exportation de produits agricoles, à condition que les infrastructures de transport et logistiques soient adéquatement développées.
De l’importance des « nœuds » de connexion
L’EABR a par ailleurs lancé la création de l’Observatoire des projets de transport du cadre eurasien, une base de données recensant les projets de construction, de modernisation et de développement des infrastructures de transport des corridors et routes inclus dans ce cadre. La publication de cette base de données est prévue pour fin 2024, avec des mises à jour régulières.
Compte tenu des ressources limitées des pays en développement de la région eurasiatique, il est essentiel de multiplier les projets attractifs pour les banques de développement internationales et les investisseurs privés, y compris ceux réalisés selon les principes de partenariats public-privé (PPP). L’EABR souligne également l’importance des « nœuds » de connexion comme les points de jonction des corridors, les hubs de transport, les passages frontaliers et les ports clés, pour garantir le bon fonctionnement et le développement futur du cadre de transport eurasien.
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