Désenclaver le Kirghizstan : le projet d’un nouveau chemin de fer est sur les rails

La construction d’une nouvelle ligne ferroviaire reliant la Chine, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan, qui devrait commencer en octobre 2024, promet de transformer le paysage économique et logistique de l’Asie centrale. Ce projet ambitieux, censé stimuler les connexions régionales et réduire la dépendance des routes traditionnelles, soulève cependant des défis majeurs, notamment financiers.

Dynamiser la connectivité régionale

Le projet de chemin de fer, qui débutera en octobre 2024, a pour objectif de renforcer la position du Kirghizistan en tant que carrefour logistique en Asie centrale. Selon le président kirghize Sadyr Japarov, cette voie ferroviaire mettra fin à la situation de « cul-de-sac » du pays, lui permettant d’accéder directement à d’importants marchés internationaux. L’itinéraire prévu traversera 311 kilomètres de territoire kirghize, connectant Torugart à Jalal-Abad, avec des extensions vers la Chine et l’Ouzbékistan.

Interrogé par la radio Azattyk, le service kirghize de Radio Libert, l’analyste économique Iskender Sharsheev souligne les multiples bénéfices que ce corridor pourrait apporter, notamment en stimulant les échanges commerciaux et en raccourcissant les délais de transport. Cette amélioration des infrastructures devrait également attirer des investissements régionaux et internationaux, tout en créant des emplois, particulièrement dans les zones traversées par le nouveau réseau ferroviaire.

Redéfinir les alliances et les dynamiques de pouvoir en Asie centrale

La réalisation de ce projet, estimé à 4,7 milliards de dollars, reste tributaire de l’engagement financier de partenaires internationaux, comme l’a souligné Iskender Sharsheev. Le Kirghizstan fait face à un défi majeur pour financer sa part, malgré l’intérêt manifesté par des entités telles que la Banque asiatique de développement. La viabilité économique à long terme de cette entreprise est également une préoccupation, nécessitant des évaluations approfondies pour assurer un retour sur investissement satisfaisant.

Les conséquences politiques du projet ne sont pas moindres. En créant une alternative aux routes russes traditionnelles, actuellement affectées par des sanctions internationales, cette ligne ferroviaire pourrait redéfinir les alliances et les dynamiques de pouvoir dans la région. Cependant, la participation de la Russie, bien que potentiellement bénéfique en termes d’investissement et de développement, reste incertaine face aux tensions politiques et aux restrictions financières actuelles.

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