En Ouzbékistan, les représentants locaux de l’Administration spirituelle des musulmans du pays demandent aux imams de leur remettre leurs passeports.

Une demande sans aucun fondement légal

Le 3 avril 2024, les imams de toutes les mosquées ouzbèkes ont reçu une lettre les enjoignant à soumettre leurs passeports à l’Administration spirituelle des musulmans d’Ouzbékistan (DUMU). Cet ordre, apparemment lié à des préoccupations sécuritaires postérieures à l’attentat de Moscou le 22 mars 2024, a été interprété par certains comme une tentative d’exercer un contrôle plus strict sur les leaders religieux. Cette démarche a été accueillie avec scepticisme par les imams, dont certains ont exprimé leur crainte de répercussions en cas de refus de se conformer à cette exigence, rapporte la radio Ozodlik, le service ouzbek de Radio Liberty.

La raison officielle de cette demande – enregistrer les données des passeports et faire en sorte que le passeport d’un imam soit toujours prêt lorsqu’il a besoin de se rendre à l’étranger – peinent à convaincre. Plusieurs imams ont dénoncé cette pratique comme une restriction inacceptable de leur liberté de mouvement. De plus, cette demande n’a aucun fondement légal.

Limiter l’influence de la religion dans l’espace public

La demande de rendre les passeports s’inscrit dans un contexte plus large de mesures prises par les autorités ouzbèkes pour contrôler et limiter l’influence de la religion dans l’espace public, comme en témoigne une récente réunion gouvernementale axée sur la « croissance de la radicalisation religieuse ».

Cette initiative soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre la sécurité nationale et les droits individuels en Ouzbékistan. Alors que les autorités affirment agir dans l’intérêt de la sécurité publique, la méthode employée – la confiscation de documents de voyage – est perçue par beaucoup comme un pas de trop, illustrant les tensions croissantes entre le gouvernement et la communauté religieuse.

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