Les spécialistes du Centre national des manuscrits et des livres rares à Astana ont publié une copie du manuscrit d’Abu Nasyr al-Farabi, grand penseur, philosophe et scientifique du 9ème siècle, trouvé en Turquie.

Une étude approfondie de la science musicale

Le manuscrit « Introduction à la sphère musicale », rédigé en arabe, comprend 243 pages. Sa copie, réalisée par des chercheurs kazakhs, a été transcrite à partir de l’original. L’ouvrage est une étude approfondie de la science musicale, décrivant en détail les techniques de composition musicale, les instruments orientaux et d’Asie centrale. Cette œuvre n’a pas encore été étudiée de manière approfondie.

Le manuscrit se compose de trois parties. Le livre comprend les principes de l’art musical, les termes de base et le sujet de la musique. Selon les experts, il traite en détail des travaux, de la catégorie et d’autres aspects des instruments de musique et de diverses mélodies.

Une découverte faite quasiment par hasard

L’œuvre du penseur a été découverte à la bibliothèque Suleymaniye lors d’un voyage d’un groupe de chercheurs kazakhs en Turquie. La copie a été imprimée en trois semaines. « Les collaborateurs des Archives nationales et les archives centrales d’État de la République du Kazakhstan, des Archives centrales d’État des films, des photos et des enregistrements sonores et du Centre national des manuscrits et des livres rares ont visité des pays tels que l’Allemagne, la Russie, la Turquie, la Hongrie, le Tatarstan, le Kirghizstan, la République tchèque, la France, la République islamique d’Iran et l’Égypte. Actuellement, les manuscrits et les documents d’archives apportés au pays sont étudiés avec la participation de spécialistes afin d’inventorier et de combler par des données pertinentes les lacunes de notre histoire », a fait savoir Kuat Borash, le président du Comité des archives, de la documentation et de l’industrie du livre de la République du Kazakhstan.

Cet effort d’obtenir des copies des œuvres des grands penseurs ayant vécu sur le territoire du Kazakhstan moderne est entrepris dans le cadre du projet « Archives 2025 » du ministère de la Culture et de l’information de la République du Kazakhstan. Il est prévu d’organiser des travaux de recherche et d’identification de documents et de matériels sur l’histoire du Kazakhstan provenant d’archives et de musées nationaux et étrangers, de bibliothèques et de centres scientifiques, ainsi que d’en obtenir des copies et de les introduire dans la circulation scientifique.

Al-Farabi, un éminent penseur de son temps

Al-Farabi, également connu sous le nom d’Alpharabius en Occident, est un des plus grands philosophes et savants du monde musulman médiéval. Né aux alentours de 872 dans l’actuel Kazakhstan, près de la ville d’Otrar, il est souvent surnommé le « Second Maître » après Aristote. Sa vie et son œuvre ont eu un impact considérable sur le développement intellectuel et culturel non seulement dans le monde islamique, mais aussi en Europe.

Fils d’un commandant militaire, al-Farabi a reçu une éducation complète, maîtrisant plusieurs langues dont l’arabe, le persan et le grec. Il a étudié à Bagdad, le centre culturel et intellectuel de l’époque, où il a acquis des connaissances approfondies en philosophie, logique, musique, mathématiques et sciences. Ses voyages l’ont également amené à Damas et en Égypte, enrichissant encore son expérience et sa compréhension du monde.

Al-Farabi est surtout connu pour ses travaux en philosophie, où il a tenté de concilier la pensée grecque, principalement celle d’Aristote et de Platon, avec l’islam. Ses écrits couvrent un large éventail de sujets, y compris la métaphysique, l’éthique, la politique et la musique. Son livre le plus célèbre, « Al-Madina al-Fadila » (La Cité vertueuse), décrit une société idéale gouvernée par la raison et la vertu, influençant profondément la pensée politique islamique.

Pour le Kazakhstan, al-Farabi représente une figure emblématique de son héritage culturel et intellectuel. Il symbolise l’apogée de la civilisation islamique dans la région et son rôle dans le développement de la pensée universelle. Al-Farabi incarne l’esprit de tolérance, de diversité et de quête de connaissance, valeurs qui sont profondément ancrées dans la culture kazakhe.

En outre, al-Farabi est une source de fierté nationale pour le Kazakhstan. Son image et son nom sont utilisés dans de nombreux contextes, allant de l’éducation à la culture. L’Université nationale kazakhe d’Al-Farabi, l’une des plus grandes et des plus prestigieuses institutions d’enseignement supérieur du pays, porte son nom, témoignant de son importance durable.

Al-Farabi n’est pas seulement un grand philosophe de l’histoire islamique, mais aussi un symbole important de l’identité culturelle et intellectuelle du Kazakhstan. Sa vie et son œuvre continuent d’inspirer et d’influencer les générations actuelles et futures, tant au Kazakhstan que dans le monde entier.

Illustration par Freepik