Durant sa visite officielle au Kazakhstan, le président français Emmanuel Macron a mis un accent particulier sur le développement du Corridor transcaspien, dans le cadre de la stratégie européenne « Global Gateway ». Que se cache-t-il derrière ces deux notions ?

Le Kazakhstan, une réponse aux chaînes d’approvisionnement perturbées par la guerre en Ukraine

La visite d’Emmanuel Macron au Kazakhstan le 1er novembre 2023, marquant 15 ans de partenariat stratégique et suivant celle de François Hollande il y a 9 ans, a été l’occasion de réaffirmer les liens solides et la vision commune des deux pays, notamment en matière de coopération économique et stratégique.

Emmanuel Macron a particulièrement mis l’accent sur la question des chaînes d’approvisionnement perturbées par le conflit en Ukraine, annonçant le soutien de la France et de l’UE au développement d’un nouveau corridor transcaspien. Ce projet vise à relier la Chine et l’Europe par voie terrestre, facilitant ainsi les échanges commerciaux. Le président a clairement indiqué l’engagement de la France dans la stratégie « Global Gateway » lancée en 2022, envisageant une mobilisation forte des entreprises françaises dans ce grand projet logistique.

Le « Global Gateway » européen, une réponse au « Belt and Road » chinois

La stratégie « Global Gateway » de l’Union européenne, lancée en 2021, représente un plan ambitieux et structuré visant à stimuler les investissements mondiaux dans les infrastructures, les chaînes de valeur durables et les partenariats internationaux. Avec un budget proposé de 300 milliards d’euros jusqu’en 2027, ce projet vise à créer des liens plus forts et plus résilients dans divers domaines tels que le climat, l’énergie, les transports, la santé, l’éducation et la sécurité numérique. Il s’agit d’une réponse stratégique de l’Europe à des initiatives telles que la « Belt and Road » de la Chine, cherchant à promouvoir une approche de coopération fondée sur des valeurs de durabilité, de bonne gouvernance et de respect des normes environnementales, sociales et de transparence.

Diversifier et sécuriser les chaînes d’approvisionnement

L’Asie centrale, et en particulier le Kazakhstan, joue un rôle crucial dans la réalisation des objectifs de la « Global Gateway ». Cette région, riche en ressources et stratégiquement située comme un pont entre l’Europe et l’Asie, est essentielle pour diversifier et sécuriser les chaînes d’approvisionnement, notamment dans le contexte géopolitique actuel, où la stabilité des échanges est plus menacée. Le Kazakhstan, en tant que plus grande économie de la région et pays clé sur la nouvelle Route de la Soie, est un partenaire stratégique pour l’UE. Sa position géographique lui permet de servir de hub central pour les corridors de transport, facilitant les échanges entre l’Europe, l’Asie de l’Ouest, la Chine et au-delà. Cela positionne le Kazakhstan non seulement comme un acteur économique clé dans le programme « Global Gateway », mais aussi comme un point d’ancrage pour l’avancement des initiatives régionales en matière de développement durable, de connectivité numérique et d’énergie verte.

D’autre part, pour l’Union européenne, investir dans des infrastructures modernes et durables au Kazakhstan et dans la région de l’Asie centrale concorde avec ses objectifs de diversification énergétique, en particulier dans le contexte des efforts de réduction de la dépendance vis-à-vis des fournisseurs d’énergie traditionnels. Le développement de projets dans le domaine des énergies renouvelables, comme l’énergie éolienne et solaire, peut également aider l’UE à atteindre ses objectifs climatiques tout en stimulant la croissance économique locale. En outre, le renforcement des capacités numériques et de l’éducation, conformément aux priorités de la « Global Gateway », peut favoriser une intégration plus approfondie de l’Asie centrale dans l’économie mondiale, tout en promouvant les valeurs et normes européennes dans des domaines tels que les droits humains, la gouvernance et la lutte contre la corruption.

En conclusion, l’Asie centrale, avec le Kazakhstan en pointe, est appelée à jouer un rôle fondamental dans la mise en œuvre de la stratégie « Global Gateway » de l’UE. En concentrant les investissements sur les infrastructures, l’énergie verte, la numérisation et la connectivité, cette collaboration peut non seulement renforcer les liens économiques et politiques entre l’UE et l’Asie centrale, mais aussi contribuer de manière significative à la stabilité et à la prospérité globales dans un environnement mondial en rapide évolution.

Le Corridor transcaspien

La route internationale de transport transcaspienne (TITM), également connue sous le nom de Corridor médian, est un important projet d’infrastructure de transport qui vise à renforcer et à développer les liens logistiques et commerciaux entre les pays d’Eurasie. L’itinéraire comprend le transport ferroviaire et maritime, passant par la Chine, le Kazakhstan, la mer Caspienne, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et les pays européens.

Participants et itinéraire

Le TMTM relie de nombreux pays, de l’Asie de l’Est à l’Europe centrale et orientale, en passant par l’Asie centrale. Les principaux participants à ce projet sont le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, ainsi que la Turquie et la Chine. La route traverse les territoires de ces pays, offrant un itinéraire plus court et plus économique que les routes maritimes traditionnelles passant par le canal de Suez.

L’importance de la route

On ne saurait trop insister sur l’importance économique du TMTM. Il permet une livraison plus rapide et plus efficace des marchandises entre l’Asie et l’Europe, ce qui est particulièrement important dans le contexte de la mondialisation et de la demande croissante de délais de livraison plus courts. L’itinéraire offre également une alternative aux voies maritimes traditionnelles, ce qui peut s’avérer crucial en cas de blocage ou d’autres obstacles sur ces voies.

Le corridor de transport contribue également à l’expansion de la coopération économique et culturelle entre les pays participants, renforce dans la région leur importance économique et leur réseau de transport, et favorise le développement de nouveaux centres industriels et logistiques le long de l’itinéraire.

Les avantages du Corridor transcaspien

La route transcaspienne peut réduire les délais de livraison entre la Chine et l’Europe à environ 12-15 jours, alors que la route maritime prend environ 30-45 jours.

L’itinéraire réduit la dépendance à l’égard d’itinéraires commerciaux uniques et crée des opportunités commerciales supplémentaires.

Le développement du TMTM favorise les investissements dans les infrastructures, la création d’emplois et stimule la croissance économique dans les pays participants.

Défis et avenir

Malgré son énorme potentiel, le projet est confronté à un certain nombre de défis, notamment des divergences politiques et des problèmes de logistique et d’infrastructure. La clé du succès de TMTM réside dans la coopération internationale et les investissements conjoints dans les infrastructures, l’amélioration des procédures douanières et frontalières et la création d’une politique de transport commune entre les pays participants.

Compte tenu de la demande croissante de services logistiques plus rapides et du potentiel de développement des régions situées le long de l’itinéraire, la route internationale de transport transcaspienne promet de devenir un élément clé du système de transport mondial dans un avenir proche.

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