Des étudiants turkmènes forcés à l’enrôlement militaire dès leur retour d’études en Russie

Dans un mouvement controversé et choquant, de jeunes Turkmènes, fraîchement diplômés de l’université en Russie, ont été accueillis par des forces de sécurité et enrôlés de force dans l’armée dès leur arrivée à l’aéroport de Turkmenbashi, sans même la possibilité de saluer leurs familles.

Un accueil militarisé

La scène racontée par la radio Azathabar, le service turkmène de Radio Liberty, était à la fois surréaliste et effrayante : environ vingt jeunes, tout juste rentrés de leurs études en Russie, ont été interceptés par des agents du gouvernement à leur descente d’avion le 5 octobre 2023. D’après une mère de famille, dont le fils était parmi les diplômés de l’Université d’État de Saratov, les étudiants ont été traités « comme des criminels » par les employés du commissariat militaire, du ministère de la sécurité nationale et de la police. Cette initiative brutale du régime autoritaire turkmène semble être une réponse désespérée à la difficulté de recruter pour les forces armées.

Le cas des étudiants de Balkanabat, Akdash et Kianly a été particulièrement médiatisé. Les autorités ont même reproché aux jeunes de ne pas être rentrés immédiatement après leurs examens finaux en juin, ignorant le fait que les diplômés attendaient la remise officielle de leurs diplômes. Ce traitement inhumain et inattendu a soulevé une vague d’indignation parmi les parents et les observateurs des droits de l’homme, révélant une facette sombre de la gestion gouvernementale.

Une douleur familiale profonde

Au-delà de l’enrôlement forcé, ce qui a le plus attristé les familles est l’interdiction faite aux étudiants de passer du temps avec elles, même brièvement. Une mère, n’ayant pas vu son fils depuis cinq ans, témoigne de la douleur et de l’incompréhension face à cette séparation brutale : « Les autorités ne nous ont même pas permis de partager un thé pendant dix minutes ». Cette séparation forcée et sans précédent a exacerbé le sentiment d’injustice chez les familles, déjà éprouvées par l’éloignement et l’absence prolongée de leurs enfants.

Les circonstances de ce rappel à l’armée soulèvent également des questions d’équité et de népotisme : seulement deux des étudiants ont été autorisés à passer du temps chez eux, grâce à des liens familiaux au sein des forces de sécurité. Cette distinction arbitraire entre les étudiants, fondée sur leur connexion avec le pouvoir, illustre clairement les problématiques de corruption et de favoritisme dans le pays.

L’armée turkmène manque cruellement de nouvelles recrues

Les autorités turkmènes prennent depuis de nombreuses années diverses mesures pour reconstituer les rangs de leurs forces militaires, car la plupart des hommes essaient d’éviter de servir dans l’armée.

Lors des campagnes semestrielles de conscription, la police et les commissions militaires patrouillent souvent dans les rues, les aéroports, les écoles et les lieux publics animés à la recherche de recrues potentielles. Certains tentent de partir à l’étranger peu après avoir obtenu leur diplôme de fin d’études secondaires, pour étudier ou trouver un emploi. Toutefois, ces dernières années, les conscrits ont été enrôlés dans l’armée pratiquement dès l’école. À la porte des écoles, les jeunes gens sont attendus par des officiers de la commission de recrutement, qui les conduisent directement aux bureaux d’enrôlement de l’armée.

Illustration par wirestock sur Freepik

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