Mois de la sécurité routière au Turkménistan : les femmes de nouveau visées
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Le Mois de la sécurité routière au Turkménistan, qui se déroule chaque année en septembre, est devenu une période de discrimination accrue à l’encontre des femmes conductrices. Les forces de l’ordre ciblent spécifiquement les femmes en raison de leur apparence, remettant en question les normes de genre et les droits des femmes dans le pays.

Les femmes, cibles de la police de la circulation

Au Turkménistan, le Mois de la sécurité routière est marqué par des contrôles de police intensifs. En 2023, les femmes conductrices sont particulièrement ciblées. La radio Azathabar, le service turkmène de Radio Liberty, raconte l’histoire d’Almagül, une femme de 45 ans récemment privée de son permis de conduire. L’explication du policier qui lui a retiré le permis ? « L’apparence d’une femme conductrice ne doit pas attirer l’attention des conducteurs masculins. » Almagül conduisait en effet avec les cheveux détachés, portait des ongles artificiels et des talons hauts. Selon l’agent de police qui l’a arrêtée, ces éléments pourraient contribuer à des accidents de la route.

Ces discriminations de genre s’inscrivent dans un contexte plus large de restrictions imposées aux femmes au Turkménistan. En 2022, les autorités ont durci les exigences relatives à l’apparence des femmes, souvent justifiées par des « normes morales nationales » et une « fidélité aux traditions turkmènes ».

Depuis juillet 2023 environ, les femmes au Turkménistan sont soumises à des restrictions, à des contrôles, à des détentions et à des amendes si elles se maquillent, se colorent les cheveux, se font faire les ongles, portent des vêtements moulants ou ne portent pas le voile. Elles sont obligées de signer des déclarations sur l’honneur comme quoi elles n’utiliseront pas de produits cosmétiques et autres soins pour la peau. En outre, le fait de voyager sur le siège passager avant d’une voiture et de marcher sous le bras d’un homme suffit pour que les femmes soient arrêtées et emmenées au poste de police.

Obtenir un permis de conduire, une mission quasi-impossible pour une femme turkmène

Au Turkménistan, les femmes qui souhaitent obtenir un permis de conduire peuvent le faire seulement après l’âge de 40 ans. En outre, elles doivent être mariées (la présentation d’un certificat de mariage fait partie des papiers nécessaires pour avoir un permis de conduire) et fournir une lettre de recommandation de leur employeur. Enfin, la voiture doit être immatriculée au nom de la femme, alors que les voitures ne sont pas immatriculées au nom des femmes de moins de 40 ans. En tout, les femmes qui souhaitent obtenir ou renouveler un permis de conduire doivent présenter un ensemble de 13 papiers à la police de la circulation, révélait en décembre 2022 le média Turkmen.news.

Illustration par Freepik

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