Tadjikistan : pour avoir droit au service civil alternatif, il faudra verser l’équivalent de 4.270 euros
Les jeunes hommes tadjiks désireux de faire un service civil alternatif à place d’un service militaire traditionnel devront débourser une somme beaucoup plus conséquente. À compter du 1er septembre 2023, le montant de cette taxe passe de 28.560 somonis (2.390 euros) à 51.000 somonis (4.270 euros).
Le gouvernement tadjik a en effet mandaté une modification du décret relatif à la procédure du service militaire au sein de la réserve de mobilisation.
Conformément au nouveau décret, « le montant des fonds pour le passage du service militaire au sein de la réserve de mobilisation est fixé à 750 unités de calcul ».
Une volonté de rendre le service civil alternatif moins accessible
Il est bon de rappeler qu’en 2021, le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, avait signé une nouvelle version de la loi « Sur le devoir militaire universel ». Selon cette loi, les jeunes hommes avaient acquis la possibilité de se libérer du service de deux ans en payant une somme d’argent. Cependant, ils doivent toujours suivre une formation militaire d’une durée d’un mois.
Cette hausse significative soulève des questions quant à la volonté du gouvernement de rendre cette alternative plus onéreuse et donc moins accessible à une grande partie de la population jeune du Tadjikistan.
Parallèlement à cette modification, le législateur en a introduit deux autres. Les étudiants qui ont suivi des études dans les départements militaires des universités ne recevront le grade d’officier qu’après une année de service dans l’armée. Auparavant, ils recevaient ce grade immédiatement après l’obtention de leur diplôme et une formation militaire de 40 jours.
En outre, une clause a été ajoutée à la législation, selon laquelle les hommes qui n’ont pas servi dans l’armée auront une « voie fermée » vers l’emploi public. Ils ne pourront pas travailler dans le bureau du procureur, les tribunaux, les douanes, les agences anti-corruption, ainsi que les services d’application de la loi.
Au Tadjikistan, le service militaire n’inspire pas les jeunes gens
Les jeunes gens qui ont été condamnés pour un crime grave ou particulièrement grave et qui n’ont pas encore purgé leur peine, qui ont été déclarés inaptes ou dont l’aptitude au service militaire est limitée pour des raisons de santé, ne seront pas enrôlés dans l’armée. Les citoyens dont les parents sont morts dans les forces armées pendant la conscription et ceux qui sont les seuls fils de la famille ne sont pas non plus incorporés dans l’armée.
Au Tadjikistan, la conscription a lieu deux fois par an, au printemps et à l’automne. Les jeunes hommes âgés de 18 à 27 ans considérés comme aptes à l’issue d’examens médicaux ont l’obligation de faire leur service militaire. Cependant, tous les jeunes hommes ne sont pas prêts à servir, car des cas de violence, de bizutage et même de décès pendant le service militaire ont été fréquemment signalés ces dernières années. Selon des militants des droits de l’homme, le Tadjikistan pratique encore la méthode de rafles des jeunes hommes par les agents des commissions militaires pendant la période de recrutement. Le ministère tadjik de la Défense nie le plus souvent ces cas de raids.
Illustration par Drazen Zigic sur Freepik