Union douanière gazière en Asie centrale : entre ambitions et malentendus
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La récente émergence du concept d’une « union douanière gazière » en Asie centrale, évoquée par la Russie, a suscité une série de réactions et de clarifications de la part des pays concernés. Si l’idée semblait prometteuse pour certains, elle a également engendré des malentendus et des tensions diplomatiques.

Le 12 août dernier, le Turkmenistan, par l’intermédiaire de l’agence de presse d’État TDH, a sollicité l’intervention de Myrad Archaev, vice-président de Turkmengas, pour répondre à des « rapports médiatiques concernant l’idée de création d’unions gazières et d’alliances« . Ces fameux « rapports » étaient inspirés des commentaires faits la veille par un officiel du ministère russe des Affaires étrangères, Dimitri Birichevsky. Or, il s’avère que la partie turkmène a réagi négativement à une suggestion que Birichevsky… n’avait pas explicitement faite.

Récapitulons : En novembre 2022, lors d’une rencontre entre les présidents russe et kazakh à Moscou, Vladimir Poutine avait suggéré la formation d’une « union gazière trilatérale ». La réponse positive du président kazakh, Kassym-Jomart Tokayev, avait été suivie d’une clarification de la part du Kazakhstan, indiquant que les deux présidents avaient discuté de la coordination des actions conjointes pour le transport du gaz russe via le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.

Mais le 11 août 2023, Dimitri Birichevsky, lors d’une interview avec l’agence de presse russe RIA, a été interrogé sur la possibilité d’étendre cette « union gazière » au-delà de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan. Et sa réponse, bien que vague, avait laissé entendre que d’autres États pourraient être intéressés par une telle coopération. Et c’est cette déclaration qui a suscité l’inquiétude du Turkmenistan.

Inquiétudes turkmènes

Le Turkmenistan, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan transportent actuellement du gaz vers la Chine via le réseau de gazoducs Asie centrale-Chine. Selon Myrad Archaev, le président de Turkmengas, sur les 55 milliards de mètres cubes de gaz par an convenus pour ce pipeline 40 milliards sont contractés par le Turkmenistan, le reste étant fourni par l’Ouzbékistan et le Kazakhstan.

Or, le dirigeant turkmène a souligné que le Turkmenistan n’avait pas été consulté sur d’éventuels changements dans les volumes de gaz convenus ou de l’utilisation de l’infrastructure existante. Il a exprimé la préoccupation du Turkmenistan face aux déclarations pouvant affecter les obligations internationales du pays. En clair : hors de question de mettre Achgabat sur le fait accompli concernant cette alliance douanière.

Le Kazakhstan, de son côté, a finalement déclaré n’avoir reçu aucune proposition officielle de la Russie ou de l’Ouzbékistan concernant cette fameuse union gazière. Shyngys Ilyasov, porte-parole du ministère kazakh de l’Énergie, a précisé que le Kazakhstan avait l’intention de commencer à transporter du gaz russe vers l’Ouzbékistan à partir du 1er octobre.

En somme, les déclarations russes, bien que floues, ont suscité des inquiétudes et des demandes de clarification de la part des pays d’Asie centrale. La question demeure : quelle forme prendra cette éventuelle « union gazière », et quels seront les véritables bénéficiaires de cette initiative ? Réponse dans les prochaines semaines.

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