Les Kazakhstanais dépensent de plus en plus lors de vacances à l’étranger. C’est ce que révèlent les derniers chiffres publiés le 21 juillet 2025 par le site d’analyse économique Finprom.kz.
Dépenses record à l’étranger : un signe que le pouvoir d’achat change de camp
Entre janvier et mai 2025, les détenteurs de cartes bancaires émises au Kazakhstan ont dépensé près de 2.000 milliards de tenges hors des frontières nationales – soit environ 3,95 milliards d’euros. Cette envolée spectaculaire, avec une hausse de 37,8% par rapport à 2024, dépasse largement la simple tendance estivale. Elle pose une question de fond : assiste-t-on à une mue silencieuse du pouvoir d’achat kazakhstanais ?
Les Kazakhstanais dépensent de plus en plus lors de vacances à l’étranger. Mais comment expliquer ce tournant soudain ? Une théorie vieille de deux siècles pourrait bien éclairer ce phénomène : la loi d’Engel. Formulée par l’économiste Ernst Engel, elle affirme qu’à mesure que le revenu augmente, la part du budget consacrée aux dépenses dites « discrétionnaires » (loisirs, tourisme, confort) croît elle aussi. Et que voit-on aujourd’hui ? Des portefeuilles kazakhstanais qui ne se contentent plus de couvrir les besoins essentiels, mais s’ouvrent à des plaisirs que l’on qualifiait encore de « superflus » il y a peu.
Cette évolution trouve un écho dans les dernières données économiques disponibles. En 2023, la consommation des ménages représentait 51,29% du PIB, contre 49,44% en 2022. Et au troisième trimestre 2024, la consommation privée a bondi à 34,4 milliards de dollars, contre 25 milliards seulement au trimestre précédent. Un signe tangible que les ménages consomment davantage – et mieux.
Une explosion du sans-contact : le tourisme kazakhstanais entre dans l’ère digitale
Les Kazakhstanais dépensent de plus en plus lors de vacances à l’étranger. Mais ils ne le font plus avec du cash, et encore moins dans la discrétion. Les paiements numériques ont désormais pris le pouvoir. Selon Finprom.kz, plus de 90% des dépenses effectuées à l’étranger entre janvier et mai 2025 ont été réalisées sans espèces, principalement via mobile ou Internet. Le montant total atteint 1,8 trillion de tenges, soit 3,56 milliards d’euros.
Dans ce nouveau monde fluide, le paiement par Internet ou mobile s’impose comme le canal principal, représentant plus de la moitié des transactions sans numéraire, avec près de 992,4 milliards de tenges (≈ 1,96 milliard d’euros). Les terminaux de paiement suivent avec 722 milliards de tenges (≈ 1,43 milliard d’euros). L’usage du numérique ne relève plus de l’option, mais de l’habitude – voire d’un réflexe national.
Même le panier moyen par paiement reflète ce changement d’échelle : 16 800 tenges par transaction (≈ 33 euros), contre 15.400 tenges un an plus tôt.
Cash en déclin : la fin de l’ère des liasses dans les poches ?
Ceux qui voyaient encore les Kazakhstanais retirer de grosses liasses à l’étranger vont devoir revoir leur copie. La progression des retraits d’espèces est marginale : seulement 7,4% d’augmentation entre janvier et mai 2025. En tout, 185,4 milliards de tenges ont été retirés (≈ 365 millions d’euros), dont 178,6 milliards via les traditionnels distributeurs.
Et même lorsque l’argent liquide est utilisé, c’est avec parcimonie : la moyenne par retrait est montée à 82.100 tenges (~162 euros), contre 75.700 un an plus tôt. Plus que jamais, les cartes servent à vivre – pas à empiler les billets.
Une transition économique soutenue par les comportements sociaux
Les Kazakhstanais dépensent de plus en plus lors de vacances à l’étranger, mais ce phénomène n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une transformation profonde. Selon les données du Fonds monétaire international (FMI) et de la plateforme CEIC, la consommation privée est en forte croissance. Ces voyages plus coûteux, ces restaurants à l’étranger, ces achats « non essentiels » ? Ils traduisent un réalignement des priorités sociales, une appétence pour les expériences plutôt que la seule accumulation de biens.
Dans ce cadre, les données bancaires ne sont plus de simples statistiques : elles deviennent des symptômes économiques. Elles disent tout d’un pays qui veut goûter à la mondialisation sur le plan du confort personnel, de la liberté de consommation, de la mobilité internationale.
Alors, luxe ou normalité ? Quand près de 4 milliards d’euros sont dépensés hors des frontières en cinq mois, il ne s’agit plus d’un épiphénomène, mais d’un changement structurel. Ce glissement vers une économie de loisirs, de confort, de mobilité est peut-être la meilleure preuve que le Kazakhstan ne se contente plus de croître : il aspire à vivre mieux, ailleurs, plus souvent, plus librement.