Le 18 juillet 2025, le président du Kazakhstan a promulgué le nouveau Code fiscal, amorçant une réforme profonde de la fiscalité des entreprises. Objectif affiché : moderniser, assainir et… sélectionner. Car si le taux d’imposition standard reste stable, certains secteurs vont payer bien plus dès le 1er janvier 2026.
Un taux d’imposition différencié pour les entreprises en 2026
Derrière l’illusion de stabilité se cache une logique de segmentation assumée. Le nouveau Code fiscal, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2026, maintient le taux standard de l’impôt sur les sociétés (IS) à 20%. Mais pour certaines entreprises, ce taux n’est désormais qu’un mirage.
Les banques, figures jadis sacrées du tissu financier kazakh, seront taxées à 25%, sauf lorsqu’elles financent le secteur productif. Même sort pour l’industrie des jeux d’argent, tout aussi ciblée : 25% d’IS dès 2026, sans échappatoire. Ces nouvelles mesures ont été validées par la signature présidentielle le 18 juillet 2025. L’État fait ainsi passer un message limpide : les entreprises les plus lucratives n’échapperont plus à un impôt renforcé.
Quand l’imposition devient sociale… ou agricole
Mais le Kazakhstan ne se contente pas de frapper les puissants. Il soigne ses secteurs « vertueux », à commencer par la sphère sociale. Les organisations à vocation sociale bénéficieront en 2026 d’un taux d’IS de 5%, porté à 10% dès 2027. À rebours des logiques de marché, le choix est ici clairement incitatif.
L’agriculture, elle, reste sanctuarisée : 3% d’IS, inchangé. Une confirmation que ce pilier structurel de l’économie nationale demeure hors de portée des ajustements fiscaux.
Ce favoritisme assumé s’étend même au secteur extractif : les entreprises exploitant de nouveaux gisements peu rentables bénéficieront d’un taux de 0% sur l’impôt lié à l’extraction minière pour cinq années consécutives.
Dividendes, bourse et fiscalité personnelle : la réforme ne s’arrête pas là
Le nouveau dispositif fiscal ne se limite pas à l’impôt sur les sociétés. Il redessine également l’univers des dividendes. Jusqu’en 2031, les dividendes issus de titres cotés sur les marchés financiers resteront exemptés de toute imposition. Une mesure destinée à soutenir la capitalisation boursière nationale et attirer les capitaux étrangers. Par ailleurs, les activités du fonds souverain Baiterek resteront également exonérées de tout impôt sur les sociétés.
Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les entrepreneurs individuels aux revenus annuels supérieurs à 904 millions de tenges (soit environ 1,8 million d’euros) verront leur impôt sur le revenu grimper de 15%. Une mesure choc censée ramener un peu d’équité dans un système historiquement très permissif vis-à-vis des hauts revenus.
Une stratégie fiscale sélective… et risquée
Le Kazakhstan tente une équation délicate : préserver ses entreprises stratégiques tout en soutenant le capital productif et les secteurs sociaux. Mais cette réforme fiscale, aussi différenciée soit-elle, soulève plusieurs interrogations. Est-elle réellement équilibrée ? Va-t-elle encourager ou dissuader l’investissement ? Et surtout, jusqu’où l’État pourra-t-il aller sans heurter ses partenaires financiers ?
Derrière l’alignement de taux et d’exonérations, le vrai pari est celui de la stabilité. Une stabilité conditionnée, désormais, à une fiscalité au mérite.