Répression en Afghanistan : à l’ONU, Tachkent et Astana condamnent les Talibans
Afghanistan vote à l'ONU

Le 7 juillet 2025, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution dénonçant la répression exercée par les Talibans en Afghanistan. Ce texte, essentiel dans le débat sur les droits humains et la reconstruction régionale, place au centre des attentions les positions adoptées par les États d’Asie centrale, notamment le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.

Le Kazakhstan condamne la répression en Afghanistan… sans nuire à ses intérêts économiques

En soutenant la résolution de l’ONU du 7 juillet 2025, le Kazakhstan s’inscrit dans une posture à la fois critique et pragmatique. Bien qu’il n’ait pas reconnu formellement le régime taliban, Astana a retiré les Talibans de sa liste noire et accrédité discrètement leurs représentants diplomatiques. Ce positionnement signale un double enjeu : condamner les atteintes aux droits de l’homme tout en ouvrant la porte à un engagement économique sur le long terme. Le pays a, par exemple, organisé en août 2023 un forum économique à Astana, avec des contrats conclus avec des dirigeants afghans, dont Nooruddin Azizi.

L’Ouzbékistan, géostratégie et solidarité régionale

L’Ouzbékistan, frontalier de l’Afghanistan, a voté en faveur de la résolution de l’ONU. Cette adhésion est restée cohérente, rappelant que la proposition était soutenue par l’Allemagne, l’Irlande et la Suède. Tachkent a plaidé pour une gouvernance inclusive, mettant en avant son propre intérêt : sécuriser ses frontières et atténuer les flux migratoires ou terroristes. Le texte appelle aussi à la coopération régionale, notamment en matière d’éducation pour les étudiants afghans dans les États voisins, y compris.

La résolution, adoptée par 116 voix « pour », 2 « contre (États-Unis et Israël)) et 12 abstentions (Russie, Chine, Inde, Iran…), s’alarme de l’effondrement économique et humanitaire en Afghanistan. En effet, seuls 22% du Plan de réponse humanitaire 2025 ont été financés, menaçant la survie de 17 millions de personnes. Le texte condamne également les exécutions extrajudiciaires et la discrimination systématique subie par les femmes et les filles, bannies de l’éducation et de la vie publique.

Cette démarche apparaît comme un signal fort : un appel au respect du droit international, au soutien de l’aide humanitaire et à la mise en sécurité des réfugiés, notamment dans les pays

Afghanistan : le Kazakhstan et l’Ouzbékistan dénoncent les atteintes aux droits mais soutiennent la population afghane

Le vote des deux plus grands pays d’Asie centrale s’inscrit dans une stratégie à plusieurs niveaux. Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan cultivent une posture réfléchie : critique mais ouverte. Leur volonté de coopérer avec les Talibans reste conditionnée à des avancées humanitaires et sécuritaires. Ces États adoptent une politique multi-vectorielle, équilibrant leurs relations avec la Russie, la Chine, l’Union européenne et les pays voisins, tout en cherchant à contenir les menaces extrémistes et à limiter les flux migratoires clandestins.

Au-delà de ce vote, le Kazakhstan et de l’Ouzbékistan perpétuent leur engagement en faveur de la population afghane. Ainsi, en mai 2025, Astana a lancé des discussions sur les ressources en eau liées à l’Afghanistan, montrant que le vote à l’ONU s’accompagne d’une diplomatie pratique (le canal de l’Amou-Daria susceptible de réduire jusqu’à 40% des ressources kazakhstanaises). Quant à Tachkent, en offrant des bourses d’études aux femmes afghanes et en participant à un programme régional éducatif, l’Ouzbékistan met en œuvre concrètement les principes défendus devant l’ONU.

Par Rodion Zolkin
Le 07/10/2025

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