Venir au Tadjikistan avec un smartphone sera bientôt payant
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Le 1er juillet 2025 marquera un tournant dans la politique douanière du Tadjikistan. Le pays s’apprête en effet à introduire une mesure inédite sur son territoire : chaque téléphone portable importé, qu’il soit destiné à un usage personnel ou commercial, sera désormais soumis à une série de frais.

Nouvelle taxe sur les smartphones : au moins 20 euros de droits de douane à l’arrivée

Parmi ces frais, un droit de douane d’un nouveau genre. Cette décision, ancrée dans le décret gouvernemental n°346 du 10 juin 2025, s’applique sans distinction de quantité ni de provenance. Elle redéfinit les conditions d’entrée sur le marché pour les appareils mobiles. Une révolution tarifaire à l’heure où les smartphones sont devenus des objets de première nécessité.

Ce n’est pas un pourcentage, mais un montant fixe : à partir du 1er juillet 2025, tout téléphone entrant au Tadjikistan sera grevé d’un droit de douane forfaitaire de 20 euros, converti en somonis au taux du jour. C’est ce qu’indique le décret n°346 du 10 juin 2025, qui précise également que cette taxe s’appliquera aux produits classés sous les codes tarifaires 8517130000 (téléphones classiques) et 8517140000 (smartphones) selon la nomenclature douanière TN VED.

Les autorités ne se contentent pas de ce prélèvement unique. Trois autres contributions viennent alourdir la facture :

– 14% de TVA sur la valeur douanière de l’appareil,

– un droit fixe de 10 dollars américains, sauf pour les modèles coûtant moins de 100 dollars,

– et enfin un frais d’enregistrement IMEI de 50 somonis, soit environ 4,50 euros, pour intégrer l’appareil au système national d’identification.

En somme, importer un téléphone revient à s’acquitter d’un véritable quatuor tarifaire, avec une addition qui dépasse souvent les 35 euros avant même d’avoir inséré une carte SIM.

Téléphones importés au Tadjikistan : une imposition pour tous, sans exception

Aucune échappatoire : la mesure vise tous les téléphones, qu’ils soient destinés à la revente ou à un usage strictement personnel. Les particuliers devront désormais remplir une déclaration douanière T-6 pour chaque téléphone apporté depuis l’étranger. Même les cadeaux ou achats ponctuels sont concernés. L’enregistrement IMEI est automatique dès que la déclaration est validée, mais la procédure reste incontournable.

Un fardeau douanier qui pourrait faire exploser les prix

Conséquence prévisible : les prix des smartphones sur le marché local risquent de grimper. Une inflation de 15 à 25% sur les étiquettes, particulièrement pour les modèles milieu et haut de gamme. Certains acheteurs pourraient être tentés de se tourner vers des modèles d’occasion, ou de restreindre leurs dépenses technologiques.

Et la justification gouvernementale ? Aucune explication officielle n’a encore été donnée. Le silence des autorités n’en rend la mesure que plus brutale. Pour plusieurs analystes, il s’agit clairement d’une stratégie de renflouement budgétaire, par le biais d’un secteur encore peu encadré mais essentiel à la vie quotidienne.

Depuis le 1er mai 2023 déjà, tous les téléphones importés devaient être dûment déclarés et enregistrés, sous peine d’être désactivés des réseaux mobiles nationaux. Le dispositif se renforce aujourd’hui, prenant la forme d’un véritable mur tarifaire pour chaque appareil entrant.

Il est encore temps — pour quelques jours seulement — d’acheter un téléphone sans surtaxe. Car dès le 1er juillet, chaque smartphone franchissant la frontière tadjike sera fiscalement sanctionné. Une décision qui révèle autant la fébrilité économique d’un État que la tension grandissante autour d’un objet devenu, pour beaucoup, aussi indispensable qu’une carte d’identité.

Par Rodion Zolkin
Le 06/23/2025

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