Police : au Kazakhstan, un algorithme s’invite dans les salles d’interrogatoire
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La police judiciaire du Kazakhstan vient d’inaugurer un projet pilote pour intégrer une intelligence artificielle dans les enquêtes pénales. Baptisé FVFV‑II, ce système inédit transforme les méthodes d’investigation classiques en leur injectant une dose d’automatisation et de prédictibilité algorithmique. Objectif : alléger la charge des enquêteurs, gagner en efficacité… et pourquoi pas, résoudre plus vite les affaires les plus opaques. Une révolution judiciaire amorcée à bas bruit.

Le cerveau numérique au cœur des enquêtes : que peut faire l’intelligence artificielle FVFV-II ?

Conçue comme un véritable assistant numérique pour les enquêteurs, l’intelligence artificielle FVFV‑II s’appuie sur des bases de données massives, exploitant des volumes d’informations que le cerveau humain serait incapable de traiter seul dans un délai raisonnable. Ce n’est pas un gadget de plus dans l’arsenal numérique, mais un outil à vocation stratégique.

L’architecture du système repose sur trois modules clés, tous opérationnels dès la phase initiale du projet, déployé dans le district d’Esil, à Astana. Premier module, le plus ambitieux : la planification de l’enquête. FVFV‑II est capable d’analyser la qualification juridique d’un fait, de déduire un scénario d’investigation logique, et de proposer un ordre de priorités pour les interrogatoires, expertises et vérifications. Le plan se met à jour automatiquement à mesure que les éléments nouveaux s’ajoutent au dossier.

Deuxième brique de ce dispositif : l’analyse en temps réel des auditions. L’intelligence artificielle reconnaît la parole de l’interrogé, la convertit en texte, scrute les incohérences et interprète le comportement verbal. Une sorte de polygraphe algorithmique, sans le capteur mais avec la froideur des probabilités. En ligne de mire : traquer les failles d’un témoignage, sans émotion, sans biais.

Enfin, troisième fonction : la rédaction automatisée des documents d’enquête. FVFV‑II génère le procès-verbal en temps réel, que l’enquêteur n’a plus qu’à relire et signer. La promesse, c’est de libérer des heures entières consacrées à la paperasse.

Un projet pilote sous haute surveillance : l’intelligence artificielle entre dans la routine policière

Ce déploiement est tout sauf anodin. Le lancement du programme a été annoncé par la procureure générale du Kazakhstan et soutenu par le Comité des statistiques judiciaires, en présence de Sanjar Adilov, vice-ministre de l’Intérieur. Le ton officiel est enthousiaste : il s’agit d’un jalon majeur dans la modernisation des forces de l’ordre.

Mais au-delà de la rhétorique, c’est une transformation profonde du métier d’enquêteur qui s’esquisse. La frontière entre le travail humain et la machine devient plus floue : qui décide de l’orientation de l’enquête ? Qui interprète les signes comportementaux ? Qui détermine la stratégie à suivre quand c’est un système qui propose les hypothèses ?

La police judiciaire kazakhstanaise semble vouloir jouer la carte de la confiance augmentée : l’IA n’est pas là pour remplacer, mais pour soutenir. Pourtant, la réalité d’un outil qui formule des recommandations d’interrogatoire ou signale des contradictions reste vertigineuse.

Par Païsiy Ukhanov
Le 06/22/2025

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