Le Malaisien Proton Holdings électrise le Kazakhstan avec ses véhicules électriques e.MAS
véhicules électriques e.MAS de Proton Holdings

Le 17 juin 2025, le ministère kazakhstanais de l’Industrie et de la Construction a officialisé son intention de collaborer avec le constructeur malaisien Proton Holdings dans la perspective de lancer la production locale de véhicules électriques sous la marque e.MAS. L’annonce, bien que prudente, marque une étape de plus dans l’offensive industrielle verte du pays.

Proton Holdings débarque : le Kazakhstan, nouvel eldorado électrique

Alors qu’en 2024, Proton lançait la plateforme e.MAS avec l’appui du géant chinois Geely, la filiale malaisienne cherche désormais à externaliser sa production. Et le Kazakhstan, friand d’investissements industriels structurants, semble prêt à dérouler le tapis rouge. Selon les déclarations officielles, une cellule de travail conjointe est en cours de constitution afin de poser les bases concrètes du projet, via une « feuille de route pour la localisation industrielle et les projets conjoints »

Mais que fabrique exactement cette Proton nouvelle génération ? Le constructeur, historiquement cantonné à l’Asie du Sud-Est, vise désormais l’Europe de l’Est et l’Asie centrale grâce à sa gamme e.MAS, dont le SUV compact e.MAS 7 incarne le fleuron.

Véhicules électriques e.MAS : design Geely, ambitions mondiales

Derrière cette marque e.MAS se cache un mariage sino-malais. Proton, propriété du groupe DRB-HICOM, s’appuie sur la plateforme GMA (Global Modular Architecture) conçue par Geely Auto, son partenaire technologique. Le e.MAS 7, dévoilé fin 2024, repose sur une architecture intégrant la technologie CTB (cell-to-body), permettant une meilleure rigidité structurelle et un abaissement du centre de gravité. Il est propulsé par un groupe motopropulseur 12-en-1 intégrant moteur, onduleur, réducteur, chargeur et électronique de puissance.

L’autonomie annoncée flirte avec les 450 kilomètres, grâce à une batterie LFP (lithium-fer-phosphate) de dernière génération. Le véhicule dispose par ailleurs d’un assistant à la conduite de niveau 2, d’un écran central flottant de 15 pouces et de mises à jour OTA (over-the-air). L’intégration locale pourrait permettre d’adapter les spécifications aux contraintes du marché eurasiatique et aux normes techniques de l’Union économique eurasiatique (UEEA).

Production au Kazakhstan : entre utopie industrielle et jeu d’influence

Les déclarations du ministère sont prudentes. Aucune date de mise en production, ni capacité d’usine, ni localisation précise n’ont été dévoilées. Mais plusieurs sources évoquent la région d’Almaty ou Kostanaï, où deux nouveaux sites de production sont déjà en cours de construction pour d’autres marques (Kia, Hyundai). La motivation du gouvernement du Kazakhstan est claire : attirer des investissements industriels verts, structurer une filière locale de composants, et diversifier l’économie au-delà du gaz et des métaux.

Mais Proton Holdings n’est pas philanthrope. Si le constructeur malaisien se tourne vers le Kazakhstan, ce n’est pas pour sa main-d’œuvre hautement qualifiée, mais plutôt pour une logique d’expansion géopolitique. L’Eurasie, aux portes de la Russie et de l’Iran, devient un marché d’opportunité en temps de sanctions internationales.

Et que penser du fait que Proton Holdings n’a, à ce jour, pas encore vendu un seul modèle e.MAS en dehors de la Malaisie ? La prudence reste de mise.

Une future usine verte… ou une coquille vide ?

En l’absence de chiffres concrets, le projet de Proton pourrait bien n’être qu’un énième effet d’annonce diplomatique, destiné à séduire les investisseurs ou à améliorer l’image environnementale du constructeur. Mais si le plan se matérialise, Proton e.MAS serait le premier constructeur malaisien à produire des véhicules électriques à l’international – un pari audacieux dans un monde où même les géants comme Tesla ou BYD tâtonnent sur l’exportation.

Par Païsiy Ukhanov
Le 06/18/2025

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