Qarmet relance ses mines : 7 millions de tonnes de charbon visés en 2025
charbon

Qarmet – groupe industriel majeur de l’extraction minière au Kazakhstan – a mis en service quatre nouvelles galeries sur ses mines de charbon. Une relance qui, selon la direction, s’inscrit dans une stratégie de sécurisation des volumes et de réactivation intégrale de son parc souterrain.

Qarmet veut réactiver toute sa machine à charbon

Parmi les nouvelles infrastructures figurent les galeries des mines Kosteno, Abayskaya, Shahtinskaya et Lénine. Toutes sont désormais dotées de complexes mécanisés dernier cri : combinés de coupe, convoyeurs, bandes transporteurs… Autrement dit, un arsenal conçu pour faire tomber les records de rendement. Selon Qarmet, chaque galerie recèlerait entre 700.000 et un million de tonnes de réserves, de quoi nourrir des cadences de production soutenues pendant plusieurs mois.

Un plan plus large est en marche. Dès juin 2025, la société prévoit de rouvrir la couche inférieure de la mine Tentekskaya, en sommeil depuis 2022. Puis viendront les couches D‑6, riches en charbon KZh de haute qualité, et enfin deux autres galeries à la mine T. Kouzembaev, attendues entre juillet et août. L’objectif, explicite : remettre en service l’ensemble des huit mines du département charbon de Qarmet dès août 2025. « La préparation continue de nouvelles galeries, à mesure que les précédentes s’épuisent, est une condition nécessaire pour atteindre nos objectifs de production et préserver les emplois », explique le groupe.

Sécuriser les volumes, mais à quel prix ?

Ce grand réveil du charbon s’inscrit dans une course aux chiffres. Qarmet ambitionne pour 2025 une extraction de 7 millions de tonnes, contre 4,7 millions entre janvier et septembre 2024. À l’horizon 2028, le cap des 9 millions de tonnes est évoqué dans un programme industriel surnommé « 5‑9‑5 », qui vise aussi 5 Mt d’acier et 5 Mt de concentré de fer.

Mais ces ambitions chiffrées masquent une réalité moins reluisante. L’entreprise, dans une posture de reconquête après plusieurs années de stagnation, semble miser sur le charbon comme planche de salut économique, alors même que les standards environnementaux internationaux ne cessent de se durcir.

Pour sécuriser cette relance, Qarmet annonce un plan de modernisation lourd. Parmi les équipements en cours d’installation figurent une centrale de contrôle souterraine, une téléphonie mobile minière, des capteurs sismiques, des systèmes d’extinction et un dispositif de géolocalisation du personnel. La société affirme également procéder à une dégazification préventive des couches avant extraction. Ainsi, 300 millions de dollars sont alloués spécifiquement à la sécurité minière, dans le cadre d’un plan d’investissement global de 3,5 milliards de dollars annoncé en juin 2025. Ces montants sont colossaux, mais ils révèlent surtout l’ampleur des lacunes à combler pour atteindre des standards de sécurité jugés acceptables.

Une relance par les chiffres, une stratégie à bout de souffle ?

Cette stratégie de retour massif au charbon interroge. En pleine transition énergétique mondiale, que signifie cette fuite en avant extractive ? Si Qarmet cherche à relancer son appareil industriel, le contexte international ne joue guère en sa faveur. La Chine ralentit ses importations, l’Europe impose des taxes carbone, et le prix du charbon fluctue dangereusement.

Vadim Basin, directeur général de Qarmet, réfute les rumeurs de difficultés : « Nous avons investi massivement, redémarré l’extraction sur quatre sites, et recruté plus de 1.000 personnes ». Des propos qui, bien qu’offensifs, semblent destinés à rassurer des partenaires inquiets face à un pari industriel risqué. D’autant plus que la mine Kazakhstan, fermée en 2023, ne redémarrera qu’au prix d’importants travaux. Les réserves y sont estimées à plus de 12 millions de tonnes, avec une extraction limitée à 800.000 tonnes pour 2025. Le site est emblématique : une promesse dormante, mais lourde à réactiver.

Une marche forcée sous tension industrielle

En dépit des annonces, la relance de Qarmet reste fragile. Le charbon, cette ressource fossile honnie des écologistes et surévaluée par les marchés émergents, ne garantit plus la prospérité. Derrière les galeries flambant neuves, la réalité industrielle reste précaire, tributaire d’un équilibre instable entre productivité, sécurité et rentabilité.

À l’horizon 2028, Qarmet veut afficher une croissance de 47 % sur ses volumes de charbon par rapport à 2023. Une ambition qui pourrait faire figure de défi technologique… ou de fuite en avant. Car au fond, une question demeure : combien de temps encore pourra-t-on vendre du charbon au prix du silence climatique ?

Par Rodion Zolkin
Le 06/12/2025

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