Le Kazakhstan s’apprête à bouleverser ses habitudes en matière de mobilité nocturne. Les autorités ont évoqué la mise en place de bus express de nuit entre les aéroports et les centres urbains. Dans un pays où les taxis illégaux dominent les rues à la tombée de la nuit, cette initiative soulève autant d’enthousiasme que de scepticisme. Retour sur un chantier de transport public qui promet de transformer l’expérience des voyageurs dans les hubs de transit nationaux.
Le bus de nuit, une réponse directe aux dérives nocturnes
Pas besoin de faire un dessin : sortir d’un aéroport kazakhstanais à minuit revient trop souvent à tomber nez à nez avec une armée de taxis pirates. Comme l’a souligné le ministre du Tourisme et des Sports, Yerbol Myrzabosynov, lors d’une réunion gouvernementale, « l’un des problèmes fréquents reste les services de taxi illégaux, ce qui crée des risques pour les passagers ».
Face à cette situation critique, le gouvernement a décidé de proposer le lancement de lignes express nocturnes reliant les aéroports aux centres-villes, dans toutes les grandes villes du Kazakhstan. Cette initiative vise à supplanter les pratiques illégales en offrant une alternative réglementée, accessible et surtout fiable pour les usagers. Le dispositif est déjà en gestation à Almaty et Astana, où quelques lignes nocturnes expérimentales opèrent – notamment la ligne 3 à Almaty, en service de 22h à 6h, et les lignes 201, 202, 203 à Astana qui desservent les principales artères de la capitale de minuit à 6h.
QR codes, eSIM et bus : une stratégie d’image pour le Kazakhstan
L’opération ne se limite pas à la mise en circulation de bus. Elle s’inscrit dans une stratégie de modernisation globale des infrastructures d’accueil aéroportuaires. Un systeme de QR codes a été mis en place dans les aéroports internationaux avec des informations sur les taxis légaux, hôtels, cartes eSIM et sites touristiques.
En clair, le Kazakhstan veut rétablir la confiance dans son réseau de transport en offrant transparence et sécurité aux voyageurs étrangers. Cela va de pair avec une autre mesure forte : la distribution de cartes SIM gratuites pour faciliter la mobilité connectée. Une avancée que le ministère promeut activement depuis avril 2025.
Des ambitions affichées, mais un scepticisme bien ancré
Suffira-t-il de quelques bus pour renverser l’économie informelle du transport de nuit ? Le doute plane. À Astana, certaines lignes nocturnes ont déjà été suspendues en 2024, faute de fréquentation. La société de transport CTS a même lancé un sondage en ligne en 2025 pour évaluer la demande réelle. Et puis, il y a le coût. Qui paiera ? Les autorités n’ont, pour l’heure, avancé aucune estimation budgétaire. L’investissement, combiné à l’entretien d’un réseau nocturne étendu, suscite des interrogations. Sur le terrain, des opérateurs soulignent également que l’efficacité reste discutable si la demande n’est pas au rendez-vous. Reste une certitude : l’inertie n’est plus tolérable. Comme l’a martelé Yerbol Myrzabosynov, « il faut envisager un renforcement des sanctions contre les contrevenants ».
Illustration www.freepik.com.