Ouzbékistan : coup de massue fiscal sur les voitures électriques
véhicules électriques

Depuis le 1er mai 2025, l’Ouzbékistan applique une nouvelle grille tarifaire pour sa prime à la casse sur les véhicules électriques. Une mesure qui n’est pas passée inaperçue : la taxe d’élimination a été multipliée par quatre pour certains modèles. Une décision en totale contradiction avec les ambitions vertes du pays ? Décryptage d’un virage qui soulève de nombreuses questions.

L’Ouzbékistan étrangle la voiture électrique : une taxe multipliée par quatre

Le décret signé le 31 janvier 2025 par le Premier ministre ouzbek a officialisé l’entrée en vigueur, à partir du 1er mai 2025, de nouveaux montants pour la prime à la casse applicable aux véhicules à propulsion électrique. Le choc est rude : pour les véhicules de moins de trois ans, la taxe est passée de 11,25 millions à 45 millions de soums (soit environ 3.200 euros). Une multiplication par quatre.

Les véhicules de plus de trois ans ne sont pas épargnés non plus : la taxe passe de 33,75 à 78,75 millions de soums, soit près de 5.700 euros. Le comble ? L’usage de ces fonds reste un mystère, aucune information sur l’utilisation de ces sommes n’ayant été communiquée à ce jour.

Un coût d’importation qui devient dissuasif

Les effets de cette flambée sont déjà palpables sur le terrain. Le modèle Changan Deepal S07, affiché à 22.800 dollars en douane, voit ses frais d’importation grimper de 3.600 à 6.200 dollars, une hausse vertigineuse. Autre exemple cité dans la presse : l’importation d’un BYD Song Plus Champion implique désormais 83,86 millions de soums de frais douaniers, dont 45 millions pour la seule taxe d’élimination.

L’industrie électrique nationale à peine lancée

Cette taxation à rebours survient alors même que l’Ouzbékistan lance à peine sa production locale de véhicules électriques. En novembre 2023, le constructeur chinois BYD a signé un partenariat stratégique avec UzAuto pour créer l’usine BYD Uzbekistan Factory à Jizzakh. Les premières unités sont sorties des chaînes de montage en 2024, avec deux modèles hybrides rechargeables. La capacité annuelle initiale est de 50.000 véhicules, avec des projets d’expansion jusqu’à 300.000 unités à terme.

Depuis mars 2023, 5.000 voitures BYD ont déjà été livrées dans le pays, soutenues par sept centres de distribution et maintenance. Mais comment ce fragile écosystème va-t-il encaisser une telle politique fiscale ?

Une stratégie écologique… qui ressemble à une marche arrière

Le paradoxe est flagrant. Alors que le gouvernement se targue de promouvoir une transition verte, il inflige une pénalisation fiscale massive aux consommateurs qui choisissent une solution moins polluante. Le développement de l’électromobilité passe aussi par une infrastructure adaptée, or l’Ouzbékistan en est à ses débuts. Seulement 2.500 bornes de recharge sont actuellement installées, avec un objectif à peine plus ambitieux fixé à 2025.

Le flou sur la destination des recettes issues de cette prime à la casse aggrave le malaise. Le décret du 31 janvier 2025 stipulait pourtant qu’un cadre réglementaire clair devait être défini dans un délai de deux mois pour l’utilisation efficace des fonds. Au 3 mai 2025, aucune annonce officielle n’a été faite à ce sujet.

Une transition qui s’éloigne ?

Les chiffres restent têtus : avec 5.000 véhicules électriques en circulation sur un marché encore largement dominé par les moteurs thermiques, le pays fait figure de néophyte. Le bond fiscal imposé en mai ne risque pas d’accélérer la transition. Bien au contraire.

Par Rodion Zolkin
Le 05/12/2025

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