Du sable aux sommets : Khiva, nouveau laboratoire du tourisme ouzbek
Khiva

Un complexe pharaonique au cœur du désert, des lignes de train électrifiées, des vols internationaux en cascade, un musée à ciel ouvert, des safaris en steppe, des forteresses oubliées réhabilitées et un boom hôtelier orchestré à la minute près. Bienvenue dans Khiva nouvelle génération, où le passé glorieux épouse les ambitions futuristes.

Khiva, capitale inattendue du tourisme du XXIe siècle

Le 1er mai 2025, le président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, a inauguré à Khiva un projet qui fera date : le complexe « Arda Khiva », vitrine d’un programme plus vaste baptisé « Étoile du désert ». L’objectif ? Transformer une ville-musée classée à l’UNESCO en centre névralgique du tourisme international.

Dans cette zone de 2.400 hectares fraîchement intégrée au périmètre de la ville, émergera un nouveau pôle touristique mêlant hôtels, restaurants, centres de loisirs, musées immersifs, zones commerciales, gondoles sur canaux, aquaparks, bazars artisanaux, jardins paysagers, mais aussi espaces de tourisme extrême et cynégétique sur 5.000 hectares de steppe à Tuprakkala.

De l’utopie au concret : infrastructures, argent et objectifs

À elle seule, la ville nouvelle devrait permettre d’attirer plus d’un million de visiteurs chaque année. L’investissement global est estimé à plus de 50 millions de dollars, auquel s’ajoutent des dizaines de projets annexes financés par l’État. Le secteur espère générer 1,2 billion de soums de recettes annuelles, soit environ 92,5 millions d’euros, et créer plus de 2.000 emplois directs.Un complexe

baptisé Musée des Grands Penseurs, devant l’Académie Ma’moun, ouvrira prochainement ses portes, et les premiers touristes pourront embarquer dans des gondoles pour une virée sur un canal long de deux kilomètres traversant le site.

De nouvelles liaisons de transport pour booster le tourisme à Khiva

Le 30 avril 2025, la nouvelle ligne électrifiée de 31 kilomètres entre Ourguentch et Khiva a été mise en service. Exploitée par les Chemins de fer d’Ouzbékistan, elle permet désormais des allers-retours quotidiens, réduisant drastiquement les temps de parcours. Cette infrastructure est un tournant logistique stratégique, pensée pour soulager le réseau routier et offrir une alternative écologique.

Côté ciel, le président a ordonné l’ouverture de vols directs vers Ourguentch depuis Francfort, Pékin, Urumqi et Abou Dabi. Des liaisons quotidiennes avec Istanbul sont prévues, ainsi que le doublement des vols intérieurs depuis Tachkent. L’aéroport d’Ourguentch passera bientôt sous gestion coréenne (Incheon Airport), avec formation des personnels en partenariat avec la Corée du Sud.

Khiva

Restauration, artisanat, forteresses : un écosystème complet

À Khiva, le tourisme ne sera pas seulement monumental. Un centre de l’artisanat de six hectares sera érigé à Mevaston, avec 1 milliard de soums affectés chaque année à la formation d’apprentis. Deux food courts modernes seront installés à Mevaston et Gazchi pour promouvoir la gastronomie ouzbèke. Des restaurateurs ambassadeurs recevront un soutien de l’État pour exporter la cuisine nationale à l’international.

Par ailleurs, un nouveau circuit touristique baptisé « Qala Tour » reliera huit forteresses anciennes du Khorezm et du Karakalpakstan. Les sites historiques oubliés comme Suleyman Qala ou Kalajik Qala seront restaurés grâce à des archéologues internationaux, sous l’égide de la Société des historiens d’Ouzbékistan.

Des projets hôteliers pharaoniques

Malgré ces avancées, des lacunes persistent. Le président de l’Ouzbékistan a identifié le transport comme le principal obstacle au développement touristique. Le manque de vols directs depuis l’Europe et l’Asie, la faible qualité de certains services, et la rareté des hôtels de marques internationales freinent encore l’élan espéré.
Le gouvernement a donc fixé des cibles : 40 nouveaux hôtels construits d’ici fin 2025, dont deux de chaînes internationales. L’État remboursera en partie la construction de piscines hôtelières pour répondre aux besoins en saison chaude. Enfin, 200 professionnels du tourisme seront formés chaque année dans cinq langues prioritaires : chinois, arabe, japonais, espagnol et anglais.

Khiva, du mirage au manifeste

Khiva ne veut plus être le mirage du passé. Elle veut être la preuve que l’Ouzbékistan peut convertir son patrimoine en puissance douce, son désert en zone d’innovation, et ses traditions en leviers économiques.

Derrière les façades de pisé et les coupoles turquoise, c’est une ville entière qui se reconstruit sur de nouvelles fondations : logistiques, culturelles, économiques, diplomatiques. Le désert n’est plus vide. Il est le théâtre d’une vision : celle d’un tourisme intelligent, ambitieux et localement ancré.

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