Une nation, 130 ethnies : le Kazakhstan célèbre son unité dans la rue
Une nation, 130 ethnies : le Kazakhstan célèbre son unité dans la rue

Et si l’unité n’était pas qu’un mot creux ? Chaque 1er mai, le Kazakhstan tente de le prouver dans ses rues, sur ses scènes, et au rythme cadencé de ses célébrations. Cette année encore, la mise en scène du vivre-ensemble a pris des airs de grand spectacle national.

Le Kazakhstan a fêté aujourd’hui la Journée de l’unité du peuple. De la capitale aux provinces, des milliers de citoyens ont participé à une vaste série d’événements mêlant culture, sport, symbolisme patriotique… et stratégie politique parfaitement rodée. Une opération d’image savamment orchestrée par l’État kazakhstanais, à l’heure où le pays cherche à projeter une image d’harmonie intérieure.

À Astana, le Kazakhstan affiche son unité à travers un concert géant et des expositions ethniques

C’est au Palais « Jastar » à Astana que s’est tenu l’un des principaux événements culturels de cette Journée de l’unité du peuple. Sur scène, une quinzaine d’artistes – dont Ushkyn Jamalbek, Kurmash Mahan, Zarina Bozhakova ou encore Alibek Almadiev – ont donné de la voix dans un répertoire multilingue, reflet de la diversité ethnique du pays. En parallèle, une exposition dédiée aux traditions des groupes ethniques du Kazakhstan a occupé les halls du palais. L’objectif affiché ? Renforcer la cohésion nationale en valorisant les héritages culturels des 130 nationalités présentes sur le territoire. Une vision de l’unité sans fausse note, servie dans une mise en scène calibrée, où tout est fait pour montrer un pays uni autour de son président et de son modèle multiculturel.

Des célébrations d’envergure à Almaty et Astana

Plus au sud, à Almaty, la place Abay a servi de théâtre à une autre célébration spectaculaire. Spectacles folkloriques, concerts de rue, expositions photo… À Astana, un autre événement a retenu l’attention : la « Course de l’unité ». Plus de 3.000 personnes ont participé à cette manifestation sportive qui a pris le départ devant l’Opéra de la capitale. Étudiants, fonctionnaires, membres d’ONG et simples citoyens ont parcouru entre 1 et 30 kilomètres, dans une ambiance revendiquée comme festive et inclusive.

Pour Daniyar Alin, vice-ministre de la Culture et de l’Information, l’enjeu dépassait la simple activité physique : « Cet événement symbolise la cohésion et la solidarité entre les citoyens du pays ». Des courses similaires se sont déroulées simultanément à Kostanaï, Chymkent, Oskemen et Aktau, dans une dynamique bien rodée de duplication d’événements, reflet d’un agenda politique centralisé.

La rhétorique de l’unité, pilier du Kazakhstan de Kassym-Jomart Tokaïev ?

Mais derrière les danses et les foulées, c’est aussi un système politique qui se donne à voir. Depuis son arrivée au pouvoir, Kassym-Jomart Tokaïev a renforcé la fonction de l’Assemblée du peuple du Kazakhstan – cette structure créée en 1995 pour représenter les ethnies du pays – comme organe central de dialogue. Cette année, la Journée de l’unité s’inscrivait dans le cadre du 30e anniversaire de cette Assemblée.

Dans une allocution publiée sur le site officiel de la présidence, le chef de l’État a salué la « sagesse » et le « patriotisme » des différentes communautés ethniques. Une prose rodée, à mille lieues des tensions sociales et identitaires encore présentes dans plusieurs régions du pays.

Newsletter

Pour rester informé des actualités de l’Asie centrale