Le 17 avril 2025, le Kazakhstan a acheminé vers l’Afghanistan un important envoi d’aide humanitaire, marquant un nouveau chapitre dans les relations pragmatiques que les deux pays cultivent depuis la prise de pouvoir des Talibans à Kaboul. Cette expédition d’envergure s’inscrit dans une stratégie diplomatique où l’assistance caritative croise habilement les intérêts économiques régionaux.
Une seconde cargaison devrait arriver en Afghanistan ces prochains jours
36 wagons, 2.200 tonnes de cargaison : les chiffres sont précis, mais à peine suffisants pour traduire l’ampleur de cette aide humanitaire. Le convoi est arrivé à la gare de Hairatan, dans la province de Balkh, une zone contrôlée par les autorités talibanes. Cette opération a été organisée sous l’égide de KazAID, l’agence kazakhe de développement international, avec le soutien logistique des structures gouvernementales.
Les cargaisons comprenaient notamment de l’huile végétale, de la farine de blé, du riz, ainsi que des tentes (adaptées aux saisons) et des couvertures. Une seconde livraison, cette fois aérienne, est prévue pour les prochains jours : elle comprendra 3,5 tonnes de médicaments et d’équipements médicaux essentiels. « Le Kazakhstan a envoyé une aide humanitaire au peuple afghan. La remise a eu lieu à la gare ferroviaire de Hairatan, dans la province de Balkh », peut-on lire sur le site du Premier ministre du Kazakhstan.
Le Kazakhstan ne se contente pas d’un envoi ponctuel : du 21 au 23 avril, une délégation officielle, menée par le vice-Premier ministre Serik Zhumangarin, se rendra à Kaboul. À l’agenda : une exposition de produits kazakhs, des rencontres bilatérales, et sans doute bien plus que cela. Gaziz Akbasov, chargé d’affaires du Kazakhstan à Kaboul, a d’ailleurs précisé : « Le Kazakhstan soutient résolument la poursuite de l’aide au peuple afghan, ainsi que le développement des relations amicales et commerciales entre les deux pays ».
Une tradition d’assistance humanitaire en contexte sous tension
Ce n’est pas la première fois que le Kazakhstan fait preuve d’engagement dans des situations critiques. En 2024, déjà, le pays avait envoyé 40 tonnes d’aide humanitaire au Kirghizstan, après des coulées de boue dévastatrices. Ces gestes successifs esquissent les contours d’une politique étrangère qui cherche à renforcer l’influence régionale du pays, tout en cultivant une image de partenaire fiable et bienveillant.
Mais l’Afghanistan n’est pas le Kirghizstan. Depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021, la situation humanitaire ne cesse de se dégrader. Selon les données de l’ONU, plus de 23 millions d’Afghans sont aujourd’hui dépendants de l’aide internationale. Dans ce contexte, l’envoi massif de nourriture et de matériel par le Kazakhstan joue un rôle de stabilisation.
De la farine, des couvertures, des médicaments. Et derrière ces objets simples, un dessein complexe. Le Kazakhstan, en apportant une aide humanitaire massive à l’Afghanistan des Talibans, ne se contente pas de tendre la main. Il pose un jalon, trace une route, et redéfinit peut-être les contours de sa politique régionale.