Pour Emomali Rahmon, les Tadjiks doivent d’abord améliorer leurs conditions de vie avant de songer à refaire le Hajj

Lors d’un message adressé à la nation à l’occasion de la fête de l’Aïd (ou Idi Kurbon, comme on l’appelle au Tadjikistan), le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, a exprimé sa préoccupation face au comportement de certains citoyens qui, selon lui, ont transformé le Hajj, un des piliers de l’Islam, en compétition familiale. Il déplore le fait que plusieurs individus effectuent le pèlerinage à la Mecque à plusieurs reprises, à l’image de la Omra (ou petit Hajj), même lorsque leur situation familiale est marquée par des difficultés financières et l’absence de conditions de vie décentes.

Cette prise de position fait écho à celle d’un membre du Comité des Affaires religieuses du gouvernement tadjik, qui avait exprimé une critique similaire un mois plus tôt.

Emomali Rahmon exhorte ses concitoyens à faire des dons pour financer les travaux publics dans le pays

Ce n’est pas la première fois que les autorités tadjikes expriment leur préoccupation face à la hausse de la demande des citoyens pour effectuer le Hajj. Elles exhortent les citoyens à dépenser l’argent économisé pour le Hajj, y compris pour les pèlerinages répétés, pour des causes caritatives, comme la construction de ponts, d’écoles et de routes. Cependant, ces appels sont critiqués par l’opposition qui accuse le gouvernement d’utiliser les fonds des citoyens pour résoudre les problèmes sociaux du pays. Enfin, les autorités sont régulièrement accusées d’intervenir dans la vie privée des citoyens et de violer leurs droits religieux.

Ironie de l’histoire, le président Rahmon lui-même a effectué le Hajj à quatre reprises. Sa propre équipe de communication l’avait d’ailleurs confirmé le 9 juin 2023, lors de l’inauguration de la nouvelle mosquée de Douchanbé. Il est aujourd’hui permis de s’interroger sur la cohérence de son appel…

Photo par Freepik