Le 9 avril 2025, un bouleversement d’envergure a été annoncé au Kazakhstan : les élèves de 7e classe (équivalent de la 5e en France) pourraient bientôt suivre un enseignement obligatoire intitulé « La loi et l’ordre ». Une initiative portée par le procureur général du pays, Berik Asylov, relayée via le réseau social Х, qui affirme vouloir pallier une inquiétante carence : l’ignorance juridique chez les adolescents.
« La loi et l’ordre » dans les écoles : en quoi consistera cet enseignement ?
Derrière cette réforme, la conviction que les jeunes « ne comprennent pas que leurs actes peuvent entraîner des sanctions légales », selon les termes du procureur général. L’enseignement, confié à des juristes praticiens ou à des anciens membres des forces de l’ordre, entend mêler savoirs théoriques et expériences vécues. Et Berik Asylov d’ajouter sans détour : « Nous sommes convaincus que de tels cours contribueront à former une jeune génération consciente, responsable, respectueuse de la loi et de l’ordre ».
Mais quel est réellement le contenu du programme ? À cette heure, aucun texte officiel ne précise encore les modules, les objectifs pédagogiques concrets ou les critères d’évaluation. Rien ne dit si les élèves apprendront à distinguer un code pénal d’un code civil, ou s’ils seront formés à connaître leurs droits constitutionnels.
Ce flou soulève une série de questions légitimes. Former les élèves à la citoyenneté et au droit, oui. Mais par quels biais ? S’agit-il d’une éducation civique musclée ou d’un enseignement disciplinaire à visée préventive ?
Le Kazakhstan, un terrain fertile pour les réformes éducatives
Cette nouvelle mesure n’est d’ailleurs pas isolée. Une semaine avant cette annonce, le ministère kazakhstanais de l’Éducation avait lancé un autre chantier : introduire dans les établissements des enseignants spécialisés en orientation professionnelle, chargés de suivre les tendances du marché du travail et de guider les élèves vers des professions « utiles à la société ». Cette double réforme trace une ligne claire : préparer l’élève non seulement à travailler, mais à obéir.
Berik Asylov, lui, préfère parler de transmission. Il veut voir les élèves s’approprier les règles, les transmettre à leurs pairs, créer une « culture de la légalité » dès l’adolescence. Un idéal. Mais encore faut-il que l’enseignement du droit ne devienne pas une simple logique punitive, au détriment de l’esprit critique.