Extradition controversée : la Pologne renvoie un opposant tadjik
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Extradition de Sorbon Abdurahimzoda : il serait accusé d’avoir « liké » une vidéo d’un groupe d’opposition

Sorbon Abdurahimzoda, qui était en détention surveillée en Pologne, a été expulsé vers Douchanbé, la capitale tadjike, via la Bulgarie. Selon son avocat, Bogumil Zigmunt, malgré la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du 24 mai 2023, les autorités polonaises ont décidé de l’extrader vers le Tadjikistan où il pourrait faire face à des tortures et une longue peine de prison. La Pologne a agi en dépit de la décision de la CEDH, qualifiant Abdurahimzoda de « menace pour la sécurité » de l’État polonais.

On ne sait pas de quoi exactement Sorbon Abdurahimzoda est accusé dans son pays natal. Des proches de Sorbon ont affirmé que les autorités l’accusent d’avoir prétendument « liké » une vidéo du groupe d’opposition « Groupe 24 » sur les réseaux sociaux. Sorbon lui-même dit que l’accusation portée contre lui est « sans fondement ».

Le respect par la Pologne de ses obligations vis-à-vis de la CEDH remis en question

D’après la militante des droits de l’homme kirghize Leyla Nazgul Seyitbek, les autorités polonaises ont lancé une opération visant à déporter les demandeurs d’asile tadjiks. Sorbon Abdurahimzoda, qui vivait dans un camp de réfugiés non loin de la frontière ukrainienne, a été arrêté dans le cadre de cette opération.

L’extradition d’Abdurahimzoda soulève des questions sur le respect des décisions de la CEDH par les États membres, ainsi que sur la manière dont l’Union européenne traite les demandeurs d’asile. Toutes les demandes d’asile faites par des Tadjiks ne sont pas satisfaites par les États européens, mais plusieurs milliers de Tadjiks ont malgré tout vu la leur satisfaite.

Ce n’est pas la première fois que des opposants tadjiks risquent l’extradition en Europe. Rien que ces dernières années, Abdullo Shamsiddin, le fils du politicien d’opposition tadjik Shamsiddin Saidov, a risqué l’extradition du fait de son échec à se réinscrire auprès des autorités migratoires allemandes à temps. Saidov, membre du Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan, a été condamné par contumace au Tadjikistan à 15 ans de prison pour des accusations d’extrémisme et réside actuellement dans l’Union européenne. Un autre activiste de l’IRPT, Hizbullo Shovalizoda, a été condamné à 20 ans de prison sur des accusations controversées d’extrémisme après que les autorités autrichiennes l’ont extradé en 2020. Enfin, Sobir Valiev, chef adjoint du Congrès des Forces Constructives du Tadjikistan, un groupe d’opposition pacifique, a été détenu par la police de migration moldave à la demande du gouvernement tadjik. Les autorités tadjikes ont cherché à obtenir l’extradition de Valiev sur des accusations d’extrémisme qui semblent être politiquement motivées et en représailles à son activité d’opposition politique pacifique.

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