La croissance spectaculaire du commerce au Kazakhstan en 2024 : entre anomalies et incertitudes
centre commercial

En 2024, le commerce a joué un rôle central dans la croissance économique du Kazakhstan, atteignant une progression de 9,1%. Cependant, cette croissance, largement portée par le commerce de détail, soulève des questions parmi les experts en raison de ses caractéristiques atypiques et des faiblesses structurelles qu’elle masque.

Une croissance surprenante et inégale dans le secteur commercial

En 2024, l’indice de volume physique du commerce au Kazakhstan a augmenté de 9,1%, avec une progression notable du commerce de détail (à hauteur de 9,8%) surpassant celle du commerce de gros (à 8,6%). Selon Madina Kabzhalyalova, analyste chez Halyk Finance, cette croissance est qualifiée d’anormale car elle ne repose pas sur des facteurs fondamentaux solides. Le commerce représente désormais 16% du PIB du pays, contribuant de manière significative à la croissance économique globale de 4%, malgré le ralentissement du secteur minier.

Cependant, le début de l’année 2024 a été marqué par un net ralentissement, avec une croissance tombant de 11,3% en janvier à 3,5%. Ce repli a rapidement été suivi par une accélération progressive. Le commerce de détail a joué un rôle clé dans cette reprise, affichant un taux de croissance supérieur à 6% dès le deuxième trimestre pour atteindre près de 10% en fin d’année.

Le commerce de gros, de son côté, a enregistré une performance honorable malgré l’absence des niveaux records de 2023. Ce ralentissement s’explique en partie par la réduction des réexportations vers la Russie, qui avaient soutenu une forte croissance en 2023 (+40% d’exportations vers la Russie comparé à 2021). L’augmentation des risques de sanctions secondaires a progressivement réduit ces opérations. En outre, les investissements dans le secteur minier ont chuté de 23,3% en glissement annuel pour les onze premiers mois de 2024.

Un dynamisme paradoxal du commerce de détail

Le commerce de détail s’est distingué en dépassant les tendances historiques. Alors que la progression annuelle moyenne du secteur n’était que de 4% au cours de la dernière décennie, le taux de croissance a atteint un impressionnant 9,8% en 2024. Ce résultat contraste toutefois avec la faiblesse des revenus réels, qui ont diminué de 0,2% au cours des dix premiers mois de l’année. Le crédit à la consommation a compensé en partie cette baisse de pouvoir d’achat, soutenant ainsi la consommation domestique, bien que les importations de biens de consommation aient reculé.

La structure du commerce de détail est restée stable, avec 33% de biens alimentaires et 67% de biens non alimentaires. Toutefois, une transformation notable a été observée dans les canaux de distribution. La part des entrepreneurs individuels, incluant les marchés, est passée de 38% à 45% en un an. Toujours d’après cette note d’analyse de Madina Kabzhalyalova, cette évolution pourrait être liée à des mesures visant à formaliser les activités informelles par le contrôle des transferts d’argent.

Malgré ces performances impressionnantes, les experts mettent en garde contre une possible fragilité de cette dynamique. Les déséquilibres structurels, comme la déconnexion entre la croissance du commerce de détail et celle des revenus réels, soulignent les limites d’un modèle économique reposant excessivement sur le secteur commercial.

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