Le Kirghizstan souhaite faciliter les arrivées de Russes
La préparation pour le lancement du système de paiement kirghize « Elcart » en Russie avance bien, et l’harmonisation reste désormais la seule étape à franchir, vient d’annoncer Danyiar Amangel’diev, le ministre kirghize de l’Économie. Une fois que le système « Elcart » sera opérationnel en Russie, les Russes pourront donc souscrire ces cartes afin d’avoir une carte bancaire qui fonctionne au Kirghizstan.
Il faut dire que l’arrêt de Visa et Mastercard en Russie en mars 2022 suite à l’invasion de l’Ukraine a compliqué considérablement les voyages pour les Russes. Emporter des dollars ou des euros en espèces n’est pas une alternative non plus car il est impossible de s’en procurer en Russie, les banques centrales américaine et européenne ayant toutes les deux interdit la livraison de billets en leurs devises respectives aux banques russes.
« Elcart », un élément charnière dans les flux financiers entre la Russie et le Kirghizstan
Il n’en demeure pas moins que le Kirghizstan reste une destination majeure pour les Russes. Et ce, d’autant plus depuis le début de la guerre russo-ukrainienne. En 2022, près de 650.000 Russes sont arrivés dans ce pays d’Asie centrale. C’est 1,9 fois de plus qu’en 2021. Ces séjours sont d’autant plus faciles que les Russes peuvent venir au Kirghizstan librement, sans avoir à demander de visa, et peuvent séjourner sans limite de durée. L’économie du Kirghizstan est d’ailleurs très dépendante de ces liens étroits avec la Russie. D’une part, les Russes qui séjournent au pays y dépensent assez généreusement, grâce à leur pouvoir d’achat plus important. D’autre part, les Kirghizes qui travaillent en Russie envoient tous les mois de l’argent à leurs proches : en 2022, le montant de ces transferts s’est monté à 2,7 milliards de dollars… alors que le PIB du Kirghizstan est de 8,5 milliards de dollars. Il est donc naturel que le gouvernement kirghize veuille tout faire pour préserver ces liens économiques.
Le système de paiement russe « Mir » fonctionnait depuis 2019 au Kirghizstan. Mais les banques kirghizes devenaient de plus en plus frileuses vis-à-vis de « Mir ». Les choses se sont accélérées depuis septembre 2022, après que le ministère américain des Finances a fait savoir que les entités étrangères qui aideraient la Russie à contourner les sanctions américaines tomberaient elles aussi sous le coup de sanctions américaines. En novembre 2022, il ne restait plus aucune banque kirghize qui gérerait des cartes « Mir ». Les deux pays ont donc dû travailler sur une solution alternative, et l’arrivée d’« Elcart » en Russie a semblé une piste réaliste dans la mesure où il serait difficile de prouver qu’« Elcart » a choisi de venir en Russie uniquement dans le but d’aider Vladimir Poutine à contourner les sanctions américaines.