Turkménistan : pour les citoyens, une vie sous surveillance pendant les vacances présidentielles
Turkmenistan

Tandis que les dirigeants du Turkménistan profitent de leurs vacances à Awaza, la population locale de Turkmenbachi est soumise à une surveillance policière accrue. Les restrictions se multiplient, touchant aussi bien les résidents que les personnes originaires d’autres régions du pays vivant à Turkmenbachi, dans un climat de contrôle strict et de répression.

Vacances de Serdar Berdimuhamedov : les habitants ont interdiction de sortir après 21 heures

Depuis début août 2024, la ville de Turkmenbachi, à l’ouest du Turkménistan, est soumise à un régime de restrictions sévères, imposées en cette période de vacances estivales des dirigeants du pays, raconte la radio Azathabar, le service turkmène de Radio Liberty. (Serdar Berdimuhamedov passerait ses vacances dans la station balnéaire présidentielle d’Awaza du 5 au 15 août 2024, et son père Gerbanguly Berdimuhamedov devrait y venir du 15 au 25 août 2024.)

Les autorités locales ont mis en place une interdiction de sortir après 21 heures, ce qui limite drastiquement la liberté de mouvement des habitants. De plus, des patrouilles de sécurité, en civil ou dans des voitures de la police routière, surveillent constamment les rues pendant la journée. Ce dispositif s’inscrit dans un cadre plus large de surveillance et de contrôle, qui s’est intensifié avec la fermeture des boîtes de nuit et la restriction des activités commerciales.

Mise à mort d’animaux errants et interdiction d’allumer le feu

Les mesures de répression ne s’arrêtent pas là. Les résidents de certains quartiers, notamment ceux proches de l’aéroport, sont particulièrement ciblés. À titre d’exemple, les habitants des complexes résidentiels « Aéroport » et du district d’Akdash ne peuvent plus allumer de feu dans leurs cours, une interdiction qui reflète la volonté des autorités d’éliminer tout ce qui pourrait nuire à l’image d’ordre et de propreté lors du passage des dirigeants. Les forces de l’ordre et les pompiers ont été mobilisés pour faire respecter ces mesures, avec une attention particulière sur les routes empruntées par les cortèges présidentiels. Ce dispositif comprend également l’élimination systématique des animaux errants, une opération visant à éviter tout incident, après que, lors d’une précédente visite, un chat avait traversé la route devant les yeux de Serdar Berdimuhamedov, ce qui l’avait poussé à limoger le chef de la police routière de la commune en question.

Parallèlement, les autorités poursuivent une politique de répression ciblée contre certaines catégories de la population. Les femmes portant le hijab et les hommes barbus sont régulièrement interpellés par la police, qui leur ordonne de se conformer à des normes vestimentaires plus « neutres ». Les hommes sont souvent contraints de se raser la barbe sous la menace de représailles, tandis que les femmes subissent des pressions pour abandonner le voile, un symbole que le président juge inapproprié.

Les toxicomanes resteront détenus dans une prison jusqu’à fin août

Autre mesure mise en œuvre par les autorités turkmènes : l’arrestation et la détention dans une prison des personnes connues pour des faits de toxicomanies, jusqu’à la fin de la saison estivale. Les Turkmènes originaires d’autres régions, venus chercher du travail à Turkmenbachi, ne sont pas épargnés non plus : le 1er août 2024, ils ont été massivement expulsés de la ville, tandis que les hôtels ont reçu l’ordre d’expulser les clients et de ne plus accepter de nouveaux clients jusqu’à la fin des vacances présidentielles.

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