Les métaux rares au Tadjikistan : sources de richesse et d’influence géopolitique
terres rares

De nombreux acteurs mondiaux s’intéressent aux ressources naturelles du Tadjikistan, entrant dans une course d’influence dans la région. Malgré des défis logistiques importants, ce pays d’Asie centrale, riche en métaux rares, pourrait devenir un leader dans la transition énergétique.

Un potentiel inexploité dans un monde en transition

Le Tadjikistan, contrairement à d’autres pays riches en pétrole et en gaz, possède des réserves considérables de métaux rares et de terres rares. Ces ressources deviennent de plus en plus cruciales dans le contexte du développement rapide des technologies numériques et de la transition vers une économie verte. Avec la diminution des réserves mondiales de pétrole et de gaz, et les effets négatifs des produits pétroliers sur l’environnement, l’intérêt pour les sources d’énergie renouvelables et propres s’accentue. Cette transition énergétique repose en grande partie sur l’exploitation des terres rares, dont les réserves mondiales sont limitées et dont la demande croît chaque année.

Les technologies numériques et l’industrie électronique nécessitent également une grande quantité de métaux rares. Ces éléments, souvent qualifiés de « vitamines de l’économie moderne », sont au cœur d’une course mondiale pour leur exploration, extraction et exportation. Le Tadjikistan, avec ses vastes réserves de ces ressources, est bien placé pour tirer parti de cette demande croissante et faire un bond en avant dans son développement économique.

Richesses minérales et développement industriel

Selon les données du Service géologique principal du Tadjikistan, le pays abrite plus de 700 gisements de précieux éléments naturels. Ces gisements comprennent des métaux polymétalliques, rares et précieux, tels que l’or, le plomb, le zinc, le cuivre et bien d’autres. Le Tadjikistan possède quatre ceintures aurifères et 18 zones prometteuses pour l’exploration de l’or, avec 28 gisements d’or déjà recensés. Les gisements de fer sont situés dans le nord du Tadjikistan, tandis que de grands gisements de minerais polymétalliques se trouvent dans les régions nord et centrale.

Le pays se classe également parmi les premiers en termes de réserves de mercure et d’antimoine dans l’ex-URSS. Par exemple, les réserves confirmées de plomb s’élèvent à 1,8 million de tonnes et celles de zinc à 4,66 millions de tonnes. En outre, avec des réserves de 44 000 tonnes d’argent, le Tadjikistan occupe la cinquième place mondiale.

L’enjeu stratégique des métaux rares

Face à la demande mondiale croissante de terres rares, le gouvernement tadjik accorde une attention particulière au développement de son industrie minière. Dans son discours de fin d’année 2023, le président Emomali Rahmon a souligné l’importance de la prospection et de la transformation des métaux rares, y compris le lithium, le tungstène, le nickel, et l’antimoine, avec un objectif de production jusqu’au produit final. Lors d’une visite dans la région autonome du Haut-Badakhchan en août 2023, Emomali Rahmon a également plaidé pour l’expansion de l’extraction et de la transformation des minéraux, notamment le lithium, souvent surnommé « le pétrole blanc » en raison de son importance croissante dans la production de véhicules électriques.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le nombre de véhicules électriques dans le monde pourrait passer de 2 millions en 2022 à 40 millions en 2040, augmentant ainsi la demande de lithium à 2,5 millions de tonnes d’ici 2030. Les experts tadjiks explorent activement de nouveaux gisements de lithium dans le sud du Pamir, une région riche en ressources.

Une concurrence internationale accrue

L’exploitation des ressources minières du Tadjikistan attire de plus en plus l’intérêt des puissances mondiales. Historiquement, seuls les investisseurs chinois étaient impliqués, principalement dans l’extraction de l’or. Cependant, la situation évolue rapidement avec l’arrivée de nouveaux acteurs. En avril 2024, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a visité le Tadjikistan dans le cadre d’une tournée en Asie centrale visant à renforcer les relations avec les anciennes républiques de l’ex-URSS et à réduire l’influence de la Russie et de la Chine dans la région.

Ce renouveau des relations devrait favoriser la coopération dans des domaines clés comme le commerce, les investissements, et la politique sociale, avec un accent particulier sur l’extraction et la transformation des ressources minières. David Cameron a annoncé la création de nouveaux fonds d’investissement pour soutenir ces initiatives, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère dans les relations entre le Royaume-Uni et l’Asie centrale.

En parallèle, le Japon et les États-Unis manifestent également un intérêt accru pour les ressources minières de la région, ce qui pourrait transformer le Tadjikistan en un acteur clé de l’économie mondiale des métaux rares.

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