En mars 2024, l’Ouzbékistan est arrivé premier dans le classement mondial des pays vendeurs d’or. Le pays puise en effet dans ses réserves stratégiques pour pallier les déficits budgétaires et l’augmentation de sa dette. Cependant, cette approche soulève des inquiétudes parmi les économistes qui craignent pour la durabilité de cette stratégie.
Ouzbékistan : des ventes d’or record en mars 2024
L’Ouzbékistan, confronté à un endettement croissant et à un déficit budgétaire, a opté pour la vente de ses réserves d’or tout en bénéficiant des prix élevés du marché. En mars 2024, le pays a vendu 11 tonnes de ce métal précieux, se plaçant ainsi devant la Thaïlande qui en a vendu 10 tonnes. Ces données proviennent du rapport du World Gold Council, qui montre une tendance inhabituelle par rapport à la plupart des banques centrales qui, elles, accumulent de l’or.
Cependant, cette stratégie n’est pas sans critique. De nombreux économistes estiment que le gouvernement devrait éviter de puiser dans un actif aussi stratégique, surtout dans un contexte où l’Ouzbékistan, déjà le deuxième plus grand producteur d’or de l’ex-Union soviétique après la Russie, n’a pas vraiment diversifié son économie. Ce secteur, entièrement contrôlé par l’État, est crucial pour l’économie nationale. Sous la présidence de Shavkat Mirziyoev, la part des réserves internationales détenues en or a considérablement augmenté, passant de moins de 50% à presque deux tiers.
Les agences de notation restent sévères vis-à-vis de l’Ouzbékistan
Le pays affronte toujours d’importantes difficultés économiques malgré des réformes notables ces dernières années. D’après les analystes, la dépendance croissante des ventes d’or est un indicateur de problèmes persistants dans une économie qui semble être dans une impasse. En outre, les engagements envers les créanciers étrangers ont doublé durant la période récente, et la note de crédit d’Ouzbékistan en monnaie étrangère reste à « BB- ».
En somme, bien que la vente de l’or ait aidé à stabiliser temporairement les finances du pays, elle pourrait compromettre la stabilité économique à long terme. Smail Ospanov, un ancien fonctionnaire ouzbek vivant aux États-Unis, souligne que si les prix de l’or ont évité au gouvernement de subir les conséquences de sa mauvaise gestion budgétaire, le pays reste largement dépendant de l’exportation d’or, sans diversification économique significative. Cela pose la question de la viabilité de telles stratégies dans un contexte économique global incertain.